vendredi 6 janvier 2012

le petit exercice littéraire du vendredi (1)

Pour ce premier exercice de cette année 2012, j'ai choisi un auteur qui a su reconnaitre qu'il s'était trompé. Ce qui n'est pas si courant et qui lui a valu l'opprobre d'une grande partie de l'intelligentsia française. D'autant qu'il avait raison... Une écriture plutôt raffinée, sans pour autant relever d'une quelconque pédanterie. Pas facile pour autant. Le nom de cet auteur et de son ouvrage. Dimanche soir, dans la soirée...
Je me soucie fort peu que mes écrits soient conformes ou non au marxisme.Cette "peur de l'index" que j'exprimais naguère, l'absurde peur d'être pris en défaut par des purs, m'a longtemps et beaucoup gêné, au point que je n'osais plus écrire. Ce que j'en dis va paraître bien enfantin. Peu m'importe. Je ne tiens pas à m'avantager, et ce que j'expose le plus volontiers, je crois que ce sont mes faiblesses. Mais, de cette crainte stérilisante, à présent, je suis quitte. Et cette crainte m'aura beaucoup instruit; oui, beaucoup plus que le marxisme même. La discipline que je me suis imposée durant trois ans n'aura pas été sans profit; mais je trouve aujourd'hui profit plus grand à m'en dégager qu'à continuer de m'y astreindre. Cett plongée dans le marxisme m'a permis de comprendre l'indispensable qui manquait à celui-ci.
Fallait-il la faillite de l'URSS pour m'amener à penser ainsi? Elle est l'illustration de mon déboire. Et l'on tâche à se dire d'abord: c'est par infidélité qu'elle a failli. Puis l'on entend retentir à nouveau les mots sinistres: "il n'est pas une révolution qui ne..."
Ah! que vous aviez donc raison de voir dans ma venue au communisme une affaire sentimentale; mais que vous aviez tort de ne point comprendre que j'avais raison! A vous entendre, le seul communisme qui vaille, on n'y vient que par théorie. Vous parlez en théoriciens. La théorie certes est utile. Mais sans chaleur de coeur et sans amour elle meurtrit ceux-là mêmes qu'elle prétend sauver. Défions nous de ceux qui veulent appliquer à froid le marxisme; de ceux qui veulent, à tout prix, tracer sur un sol courbe des sillons droits; de ceux qui préfèrent à chaque homme l'idée qu'ils se sont faite de l'humanité.
.../...
"Je ne suis pas marxiste", s'écriait Marx lui-même dans les derniers temps de sa vie, prétend-on. J'aime cette boutade. Elle veut dire, à mon sens: "Je vous apporte une méthode nouvelle, et non point une recette, ni un système clos qui dispense désormais l'homme de tout effort (j'entends: de tout effort de pensée). Ne vous en tenez donc pas à mes paroles, mais passez outre."
L'on a trop dit que Molière se gaussait de la médecine. Non point: il rit des médecins et de ce qu'ils avaient fait de la médecine. Ce n'est pas à Arisote non plus qu'il en a. Mais à l'aristotélisme. Non pas à lscience, mais à ces savants de son temps, procédant par baralipton, pour qui la connaissance des formules remplaçait paresseusement l'observation directe de la nature.
Combien de jeunes marxistes d'aujourd'hui, empêtrés dans la "dialectique", jurent par Marx, comme on jurait autrefois par Aristote. Leur "culture" commence et finit au marxisme , qui leur permet, croient-ils, de tout comprendre , de tout juger; et tout ce qui échappe au marxisme ou y contredit, ils le déclarent ou insignifiants ou mauvais.  

photo de Marc Allégret: collection Danielle Allégret Roche

1 commentaire:

  1. Il s'agit d'André GIDE (1869-1951) et de son "journal 1889 - 1939",(dans éditions de La Pleiade, page 1289) prix Nobel de littérature 1951. "Compagnon de route" des communistes pendant quelques années, Gide dénonça les mensonges et les excès du pouvoir souviétique après un voyage à Moscou où il fût reçu avec les honneurs. Cela lui valut pendant toute son existence l'hostilité farouche des communistes, mais aussi d'une bonne partie des intellectuels, à l'époque sous influence communiste.
    * Alfred Dreyfus (1859-1935): Gide se rangea très vite sous la bannière des dreyfusards sans pour autant avoir été un militant de la "cause" très engagé;
    * NRF: Nouvelle Revue Française: crée par Gide en 1908; Gallimard allait en devenir l'éditeur;
    * Marc Allégret: 1900 -1973: il était le fils du percepteur de Gide; il fut l'ami (l'amant?) de l'écrivain et considéré comme son fils spirituel. Il l'accompagna lors de son voyage au Congo; de ce voyage, Gide écrira "Voyage au Congo" et "retour du Tchad" où il dénoncera le colonialisme français.

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Soixante ans..... Déja!!!!

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