dimanche 16 juin 2024

W. Churchill: "vous aviez à chosir...."

Winston CHURCHILL

Fin septembre 1938, alors que le Premier Ministre britannique, Neville Chamberlain* arrive de Munich où il a signé, avec Édouard Daladier*, alors Président du Conseil, les accords dit de Munich, avec A. Hitler, Chancelier du Reich et B. Mussolini, Président du Conseil du royaume d'Italie, Winston Churchill* déclare:

"Vous aviez à choisir entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre."

Déclaration prémonitoire puisque moins d'un an plus tard, les armées allemandes envahissaient la Pologne, avec l'aide de l'Armée Rouge soviétique, obligeant la Grande Bretagne et la France à déclarer la guerre à l'Allemagne.

Mais quels étaient ces accords de Munich si vertement critiqués par Churchill? Ils sont l'objet de mon billet de ce jour.

Hitler est nommé chancelier de la République de Weimar* le 30 janvier 1933 par le président du Reich, le maréchal von Hindenburg*.

Hinderburg nomme Hitler chancelier

Notons au passage que le NSDAP en novembre 1932, le parti de Hitler, avait perdu quelques deux millions de voix par rapport à l'élection législative précédente de juillet 1932, mais il est néanmoins le premier parti avec 33% des voix et 196 sièges*, loin devant les sociaux-démocrates et les communistes, avec respectivement 20,50% et 16,90% des voix et 121 et 100 sièges.

Très vite, Hitler et les nazis vont suspendre les libertés publiques et emprisonner les opposants politiques.
Le 23 mars 1933, le Reichstag vote les pleins pouvoirs à Hitler. 

Il va pouvoir mettre en oeuvre la politique pangermaniste*, un des fondements de l'idéologie nazie, c'est-à-dire d'assurer à l'Allemagne un "espace vital" à l'est de l'Europe.

En novembre 1936, il déclare devant le parlement:

"Nous sommes surpeuplés et nous ne pouvons plus subsister sur notre propre sol. La solution
définitive réside en un élargissement de l'espace vital, source de matières premières et de la
subsistance de notre peuple (...) 11 est maintenant nécessaire de réaliser ce que nous
pouvons.
Je fixe donc les tâches suivantes :
1) l'armée allemande doit être prête à entrer en action dans quatre ans.
Z) dans 4 ans, l'économie allemande doit être capable de supporter une guerre"
 

La politique diplomatique qu'Hitler va pratiquer est systématiquement à base de mensonges, de déclarations hypocrites et de manipulations bien orchestrées.
Ainsi, il déclare dans un interview de Paris Midi en janvier 1936, il affirme: " La chance vous est donnée à vous. Si vous ne la saisissez point, songez à votre responsabilité vis-à-vis de vos enfants ! Vous avez devant vous une Allemagne dont les neuf dixièmes font pleine confiance à leur chef, et ce chef vous dit : « Soyons amis! »

Ce qui ne l'empêche pas  de tenter et de réussir un coup de bluff en remilitarisant la Rhénanie le 7 mars 1936, cela en violation du Traité de Versailles de 1919. Le gouvernement français laisse faire et ne réagit pas. Nous savons aujourd'hui qu'Hitler avait donné ordre à ses troupes de ne pas insister si l'armée française avait résisté...

 

   



Démantèlement d'un poste frontalier le 15 mars 1938.
 

La première étape de la politique expansionniste d'Hitler est l'annexion, le 12 mars 1938, de l'Autriche à l'Allemagne: l'Anschluss*. Là encore, violation du traité de Versailles qui avait décidé dans son article 80: L'Allemagne reconnaît et respectera strictement l'indépendance de l'Autriche, dans les frontières fixées par le présent traité, passé entre cet État et les principales puissances alliées et associées ; elle reconnaît que cette indépendance sera inaliénable, si ce n'est du consentement du Conseil de la Société des Nations."

Ensuite, ce sont les Sudètes qu'Hitler va revendiquer.


Formation et démantèlement de la 1ère République Tchécoslovaque

Les Sudètes faisaient partie de l'empire austro-hongrois, lequel empire a été démantelé par le traité de Saint Germain en Laye de 1919, avec pour conséquence la création de la Tchécoslovaquie, réunissant Tchèques et Slovaques au sein d'un même état.
Mais au sein de ce nouvel état résident des régions et des populations de langue allemande, fortement opposées à leur intégration, en particulier dans les Sudètes*. 


La population tchécoslovaque comprend 51%. de Tchèques, 23% d'Allemands des  Sudètes, 14% de Slovaques.
Hitler va alors prendre ce prétexte -23% d'Allemands- pour exiger du gouvernement tchécoslovaque le rattachement des Sudètes à l'Allemagne au nom du "droit des nations."
Bien sûr, refus du gouvernement tchécoslovaque. En effet, les Sudètes sont la principale région industrielle du pays - beaucoup d'usine d'armement, dont Skoda - avec une frontière équipée avec son puissant voisin.
Hitler exige que les habitants  non allemands quittent la région, menaçant d'intervenir militairement.

La France, la Grande Bretagne et l'Union Soviétique étaient les alliées de la Tchécoslovaquie, censées la défendre.
Les Soviétiques étaient disposés à aider militairement la Tchécoslovaquie, à conditions que la France fasse de même.


France et Grande Bretagne veulent à tout prix éviter la guerre, et donc plutôt que de montrer leur détermination à défendre leur alliée, la France et la Grande Bretagne se rendent à Munich et y rencontrent Hitler et Mussolini, à l'initiative de ce dernier, allié d'Hitler.

 

Archives/©Suddeutsche Zeitung/Rue des Arc

Officiellement, il s'agit de régler définitivement la crise des Sudètes. Mais en réalité, pour le gouvernement allemand de faire disparaitre la Tchécoslovaquie en tant qu'état indépendant. 

Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1938, l'accord prévoyant la cession du Sudètes au profit de l'Allemagne est signé, avec les garanties franco britannique sur l'intégrité du reste du pays.


N. Chamberlain à son arrivée à Londres
Rentrés chacun dans leur pays, E. Daladier et N. Chamberlain sont tous les deux accueillis triomphalement. Le second est fier d'avoir sauvé la paix: il sera même surnommé le "pacemaker"!



 

E. Daladier et G. Bonnet au Bouget

Le second, lui, sans doute plus réaliste, pense qu'il sera hué et insulté pour avoir cédé aux Nazis.

Il murmure "ah, les cons, s'ils savaient"* à l'adresse de la foule qui l'acclame.

 

 
Le 15 mars 1939, en violation des accords signés six mois auparavant, les armées allemandes envahissent la Bohème et la Moravie pour y créer un protectorat. Là encore, France et Grande Bretagne ne réagissent pas, perdant ainsi le reste de crédibilité qui leur restait. Vis à vis des Tchèques, bien sûr, mais aussi de l'Union Soviétique qui avait été volontairement écartée des négociations de septembre 1938.

En France, dans l'opinion publique, l'idée qu'une guerre contre l'Allemagne commence à se répandre. 

Même s'il existe dans les milieux politiques de droite une sorte des fascination pour les régimes autoritaires, tels l'Espagne et bien sûr l'Allemagne et l'Italie. Le Front Populaire, vainqueur des législatives en mai 1936,  pratique une politique sociale novatrice - congés payés, semaine de 40 heures, droit du travail, renforcement des syndicats, entre autre - qui attise l'hostilité des milieux économiques, mais aussi de cette frange perméable aux idées des dictatures.

À partir des années 20 vont se développer des groupuscules, plus ou moins fascisants qui remettent en cause l'existence même du régime républicain, accusé de faiblesses, de corruptions et de dévoiement des moeurs.


Charles Maurras

 Pour ne prendre qu'un exemple,  Charles   Maurras*, s'affirmant pourtant germanophobe, écrivait en janvier 1939: "... les grandes démocraties appuyées par la juiverie ont envie de faire tuer quelques millions d'hommes, voilà la vérité."


Au début de l'année 1939, malgré sa promesse faite à N. Chamberlain à Munich, Hitler remet en cause ce qui avait été prévu pour Dantzig* par le traité de Versailles qui prévoyait pour la Pologne un accès à la mer via Dantzig.

Cette décision hitlérienne relance les tensions internationales. Les gouvernements français et britannique donnent aux différents pays menacés la garantie de l'intangibilité de leurs frontières.
Les rumeurs de guerre se font chaque jour plus évidentes, les démocraties ne pouvant plus laisser Hitler annexer selon son bon plaisir.


Mais en France, les partisans des pouvoirs autoritaires s'insurgent au nom d'un pacifisme dévoyé. Ainsi, Marcel Déat*, député socialiste puis futur collaborateur, écrit le 4 mai 1939 dans le journal 'l'Oeuvre" un article intitulé: "faut-il mourir pour Dantzig?" où l'on peut lire: " il ne s'agit pas du tout de fléchir devant les envies conquérantes de M. Hitler, mais je le dis tout net: flanquer la guerre en Europe à cause de Dantzig, c'est y aller un peu fort, et les paysans français n'ont aucune envie de "mourir pour Dantzig". 


Le 30 août 1939, Hitler envoie un ultimatum au gouvernement polonais qui, très justement, le rejette. Le 1er septembre, sous un faux prétexte, Hitler envahit la Pologne.
Tenant leurs engagements vis à vis de la Pologne,  La France et la Grande Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne nazie.

Si je suis rentré rapidement dans les détails de la politique expansionniste d'Hitler, c'est pour rappeler que malgré tous les gestes de bonne volonté, tous les abandons des engagements, toutes les génuflexions faites au dictateur nazie, ce dernier n'a jamais eu la moindre intention de respecter les engagements qu'il avait pris. Jamais! 

Parce qu'il en est ainsi que tous les dictateurs, tous les autocrates ne respectent jamais leur parole, même et surtout quand il s'agit d'annexer un territoire voisin.


Hitler a toujours fondé ses politiques étrangères sur la faiblesse des démocraties, n'hésitant pas à considérer les traités qu'il signait comme de vulgaires chiffons.
Et pour cela, il n'a jamais hésité, dans des discours virulents, à justifier à coups de mensonges éhontés, les agressions entreprises à l'égard d'états souverains.

Il se dit que l'histoire ne se répète jamais. Certes, mais il peut lui arriver d'avoir le hoquet. Comme en ce moment.

Ce qui se passe en Ukraine depuis février 2022 et certaines réactions complaisantes de personnalités politiques françaises vis à vis de cette agression russe a, qu'on le veuille ou non,  une ressemblance certaine avec ce qui s'est passé jusqu'au 1er septembre 1939. 

"Vous aviez à choisir entre...."

Il ne faudrait pas l'oublier...


 

dimanche 19 mai 2024

La brigade de fusiliers-marins de l'amiral Pierre RONARC'H

 Bien peu de gens connaissent - ou même en ont entendu parler - Pierre Alexis RONARC'H et de sa brigade de fusiliers marins. Pourtant, cet officier de Marine a eu un rôle primordial au début de la 1ère guerre mondiale puisqu'il a commandé cette brigade  qui s'est illustrée brillamment dans des combats terrestres lors des batailles de l'Yser et de Dixmude, contre des troupes allemandes pourtant supérieures en nombre et en armement.

 

Quelques précisions sur ce militaire, né en 1865 et entré à l'École Navale en 1880, à 15 ans.

En 1885, il est affecté sur la frégate l'Isère*, navire mixte, c'est-à-dire trois mâts et un moteur à vapeur. Ce bâtiment aura l'honneur de transporter la statue de la Liberté*, démontée et entreposée dans 210 caisses.
Pour mémoire, la statue a été offerte par la France aux États Unis pour la célébration des cent ans de l'indépendance.

 

L'Isère


L'arrivée de L'Isère dans le port de New York
 
Après diverses affectations et après avoir été nommé capitaine de vaisseau en 1908,  il est élevé au grade de contre amiral en 1914 et reçoit le commandement de la brigade fusiliers-marins.
 
Cette brigade est l'objet de mon billet d'aujourd'hui. 
 

Cette brigade de fusiliers-marins est d'abord affectée à Paris où elle doit assurer la défense de la capitale. Tâche peu évidente pour des marins, quelque peu empruntés. 
 
Un journal allemand de propagande les surnomma "les demoiselles au pompon rouge."
La suite des évènements leur prouva, s'il en était besoin, que ces marins n'avaient rien de demoiselles!!!
 
 
 
Les fusiliers-marins à Paris

Cette brigade de 6000 hommes est organisée en deux régiments: le 1er et le 2ème régiment de fusiliers-marins.
Parmi les effectifs, beaucoup d'inscrits maritimes, mais aussi, il y a 700 apprentis fusiliers-marins, tous très jeunes, 16,5 ans pour la plupart. Ils sont issus d'un centre de formation qui ne s'appelle pas encore l'École des Mousses*.
C'est un décret de Napoléon III qui crée formellement cette école en 1856. Il y a donc des mousses dans cette brigade.

En 1954, l'École des Mousses reçoit son drapeau* sur lequel sont accrochées la Légion d'honneur, la  Croix de guerre  1914 - 1918, remise le 12 novembre 1922 avec la citation suivante: "
L’école des apprentis marins de Brest a formé de nombreux contingents de marins dont l’esprit de devoir et de sacrifice s’est hautement manifesté soit à terre, soit à bord, au cours de la guerre de 1914-1918."
Figurent également la Croix de guerre 1939 - 1945 et la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs.
 
avance maximum des armées allemandes  

 En septembre, l'armée allemande est  repoussée lors de la bataille de la Marne*, ce qui fait que Paris n'est plus menacé. En conséquence de quoi, la brigade Ronarc'h est envoyée en Flandre, en renfort de l'armée Belge, encerclée à Anvers par les troupes allemandes. Il s'agit aussi de bloquer le passage vers la mer du Nord.
 


Même si cela peut paraitre anecdotique, les marins vont changer d'uniforme: ils vont revêtir la capote réglementaire de l'infanterie, mettre les bandes molletières et chausser les brodequins à clous. Et à la place du sac marin, encombrant quand on est à terre, porter le havresac du fantassin, lourd de quelques 25 kilos!!!


Heureusement les quartiers maitres et matelots pourront conserver le "bachi" et officiers et officiers marinier leur casquette....



 

Il s'agissait aussi d'empêcher ces mêmes troupes allemandes prendre les ports sur la Manche, l'axe Dixmude - Calais, ce qui aurait eu pour conséquence de bloquer le ravitaillement des Britanniques.
 

C'était ce qui s'est appelé par la suite "la course à la mer*
Conséquence de la victoire française lors de la bataille de la Marne, l'état major allemand avait retiré 150 000 hommes pour les transférer  sur le front belge. C'est la fin des offensives si coûteuses en vies humaines des deux côtés, remplacées par l'enfouissement des armées en deux réseaux démesurés de tranchées. 


Les 6000 fusiliers marins de Ronarc'h vont se battre sur différents fronts: Melle, Dixmude, Ypres.
Concernant Dixmude, le 15 octobre, Ronarc'h donne l'ordre suivant: "le rôle que vous avez à remplir est de sauver notre aile gauche jusqu'à l'arrivée des renforts. Sacrifiez-vous. Tenez au moins quatre jours."
L'armée belge va ouvrir les écluses à marée haute et les refermer à marée basse, ce qui a pour effet de fixer le front et de stopper  les corps de réserve allemands.
Avec le renfort d'un régiment de Tirailleurs Sénégalais, ils tiendront jusqu'au 10 novembre, date à laquelle, après des bombardements intensifs et de sanglants combats au corps à corps, à la baïonnette ou au couteau, ils sont contraints d'abandonner la ville. Mais l'avancée allemande est stoppée.
 
Le général d'Urbal, commandant la VIII ème armée - dont faisait partie la brigade Ronarc'h - passe les troupes en revue et déclare: "Vous venez d'inscrire avec votre sang une des pages de cette guerre qui commence et je suis fier de commander des hommes tels que vous."
 

Si 10 000 allemands furent tués lors de cette attaque et 4 000 blessés, les pertes de la brigade Ronarc'h, elles aussi, ont été très élevées:
3 000 hommes morts ou hors de combat : 23 officiers, 37 officiers mariniers et 450 quartiers maîtres et matelots ont été tués ; 52 officiers, 108 officiers mariniers et 1 774 quartiers maîtres et matelots sont blessés ; 698 d'entre eux ont été faits prisonniers ou portés disparus. Concernant les Tirailleurs Sénégalais, il reste 400 hommes au Bataillon Frèrejean et seulement 11 officiers, dont un capitaine, au Bataillon Brochot - 411 survivants sur 2 000.

Il est à noter que beaucoup de soldats allemands sont de jeunes conscrits, envoyés se battre sans quasiment  d'entrainement. Leur mort inutile sera appelée "kindermord" - que l'on peut traduire par "meurtre d'enfants" par l'opinion allemande - à qui parviennent des échos des combats. 
Après 40 jours de combats, la brigade est relevée le 18 novembre 1914 pour prendre quelques jours de repos et se ravitailler en habillement et en matériel. Dans son livre de mémoire (1), Ronarc'h écrit: "Du côté matériel, nous avons aussi atteint les limites qu'on ne peut ni ne doit dépasser. L'habillement est lamentable, l'équipement ne l'est pas moins et les armes ne sont plus entretenues. Nous avons besoin absolu de quelques jours, je n'ose espérer plus, pour mettre tout en ordre."
Mais trouver un lieu pour se reposer, se laver, reprendre des forces est très compliqué: en effet, d'autres compagnies, d'autres unités, elles aussi, recherchent des maisons, des granges ou des écoles pour reprendre des forces et il arrive que l'amiral fasse preuve d'autorité, sinon de mauvaise foi, pour permettre à se hommes d'accéder à plus de "confort". "Naturellement, la prise des cantonnements est très laborieuse, car il y a des troupes partout." (2)
 

Le 18 décembre, plusieurs compagnies de marins sont envoyées à Steenstrate, sur l'Yser: il s'agit d'attaquer les positions allemandes, protégées par un réseau de barbelés très épais. 
Les marins compteront parmi les premières victimes des attaques au gaz.
Les troupes françaises et belges sont prises sous des bombardements massifs, renseignés par l'aviation allemande qui donne leurs positions.
L'attaque échoue, soldée par une centaine de disparus, tués ou disparus et de nombreux blessés.
Le 28 décembre, les marins et des dragons prennent une barricade allemande après une intense préparation d'artillerie et prennent position dans le village de Saint Georges. L'offensive sud a réussi, cependant avec des pertes qualifiées par Ronarc'h de "taux raisonnable".
 
le 11 janvier, l'amiral Ronarc'h devant le drapeau


 
 
Le 11 janvier 1915,  après avoir remis le drapeau de la brigade à l'amiral Ronarc'h, le Président de la République déclare:
« Fusiliers marins, Mes Amis,
Le drapeau que le Gouvernement de la République vous remet aujourd’hui, c’est vous-mêmes qui l’avez gagné sur les champs de bataille. Vous vous êtes montrés dignes de le recevoir et de le défendre. "




 
 
 En février 1915, la brigade est intégrée au groupement Nieuport, sous les ordres du général Hély d'Oissel.
Elle sera également présente lors de la seconde bataille de l'Yser, en avril et mai 1915.
En juin 1915, sur la crête des Éparges, en Champagne; le ravin de Sonvaux dans la Meuse; la butte de Souain; le plateau de Massiges.(3)
Les pertes sont particulièrement élevées lors de ces combats. 

Au vu des énormes pertes en hommes, des besoins des inscrits maritimes pour  la marine de commerce, mais aussi de la Marine Nationale pour fournir des équipages aux bâtiments de surface pour contrer les sous-marins allemands, la brigade est dissoute le 6 novembre 1915.
Cependant, il reste un bataillon de marins qui combattra, entre autre, en avril 1916 dans le secteur du mort-homme*  et plus tard à la reprise du chemin des dames*.
 
Pour conclure ce billet, en forme de bilan, je cite le vice-amiral Ronarc'h: 
" En y comprenant l'effectif de départ du camp retranché de Paris, mais non les blessés récupérés, 340 officiers et environ 13 500 officiers-mariniers, quartiers-maitres et marins ont servi dans la brigade de marins, entre le mois d'octobre 1914 et le mois de novembre 1915.

Dans le même laps de temps, la brigade a perdu, en tués, blessés et disparus, 172 officier, 346 officiers-mariniers et environ 6000 quartiers-maitres et marins, soit la totalité de son effectif normal."
 
La Marine a donné le nom de l'amiral Ronarc'h à l'une de ses frégates de défense et d'intervention.* 
 



Quelques photos de la brigade...


 

 
 


 


 

(1) in"les fusiliers-marins sur le font de l'Yser 1914-1915" par Pierre Ronarc'h, éditions De Schore, page 113
(2) ibid, page 117
(3) https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2010-4-page-5.htm

jeudi 18 janvier 2024

Le pourquoi du comment des dates: le 21 janvier

 

Louis XVI

Chaque 21 janvier, l'annonce d'une messe en souvenir de la décapitation de Louis XVI paraît dans la presse écrite dans la rubrique des petites annonces, mais aussi sur les réseaux sociaux, FB en particulier.

 

Lénine, embaumé

Certes, il n'y a pas que le premier roi des Français qui soit mort un 21 janvier, il y a aussi un homme, Vladimir Ilitch OULIANOV, plus connu sous le nom de Lénine, qui a quitté ce monde de douleur.
Sauf, qu'à ma connaissance, aucune messe (bien sûr!!!), aucune commémoration ne sont annoncées. Du moins en France, parce qu'à Moscou, le mausolée où est déposée sa momie sera parcouru par des milliers de nostalgiques.

Qu'il y a t-il de commun entre ces deux personnages? Rien, mis à part le fait qu'ils soient morts tous les deux un 21 janvier. 

Et pourtant, même si l'on ne s'intéresse pas à l'Histoire, mais avec quand même un brin de curiosité, chacun d'entre nous les connait. 

Si le souverain a été, chez nous, le dernier des rois de "droit divin", et donc une influence très relative sur le cours de l'Histoire, le second a profondément et durablement marqué ce cours. 

 


Sans doute aussi, parce que "du passé, il a voulu faire table rase", mais aussi, parce que, à la différence du premier, reprenant les termes de son lointain ancêtre, pour qui "l'État, c'est moi"*, Lénine déclarait en 1922: "l'État, c'est nous."(1)

Mais, en ce début du XXI ème siècle, les dates anniversaire de leur décès sont encore célébrées, certes dans un certain anonymat. Ou alors adressées à leurs descendants idéologiques via les réseaux sociaux ou dans la presse, presque confidentiellement. 





Mais curieusement, très peu d'affiches ou de liens pour célébrer la disparition du fondateur de l'URSS: je n'ai trouvé que celle "d'Initiative communiste" qui appelle à rendre hommage à "Lénine, théoricien et acteur central de la Révolution bolchévique et du communisme."

 


 D'autre part, je suis tombé par hasard sur un article du journal Le Monde du 12 janvier 1955 où le secrétaire général du PCUS, Nikita Khrouchtchev, décidait que "il est mieux actuellement de célébrer la mémoire de Lénine le jour de sa naissance - le 22 avril - en conférant à cette date " un caractère de fête qui correspondrait mieux à l'esprit même du léninisme ". (2)

Et donc, pour "compenser", j'ai choisi d'afficher la une du journal du PCF, parti fondé suite au congrès de Tours* en 1920, l'Humanité, quotidien fondé, lui, en 1904 par Jean Jaurès.


 

Nous pouvons, bien évidemment, nous interroger sur le fait que le journal que Jaurès a créé avec Blum et Herr soit devenu celui du Parti Communiste alors qu'à l'origine, il était celui du Parti Socialiste puis de la SFIO lors de sa création.


Parce que Lénine et les communistes russes imposent aux partis qui veulent rejoindre la III ème internationale d'accepter 21 conditions, les dirigeants de la SFIO choisissent de ne pas rallier la III ème Internationale. Devenus minoritaires, ils doivent laisser la direction de l'Humanité à la majorité qui prendra le nom de Parti Communiste Français.

 


Les mémoires collectives sont, elles aussi, sélectives: les royalistes pleurent la mort d'un ancien souverain, les communistes, celle d'un leader politique. Les deux ont idéalisé ce que ces deux personnages représentaient pour eux: aux uns, l'image d'un monarque injustement condamné; aux autres l'image d'un chef adulé, présenté comme le sauveur de la classe ouvrière. 

En relisant ce billet, je me dis que ces deux 21 janvier n'ont pas vraiment d'importance et, peut-être, aurais-je dû en choisir d'autres, voire un autre sujet.

Peut-être, peut-être pas. Mais reconnaissez avec moi que Lénine et Louis XVI nous quittant un même 21 janvier, ce n'est pas si banal.

 

 

 

 

 

(1) Lénine au XI ème congrès du PC le 27 mars 1922.

(2) in Le Monde du 12 janvier 1955.


W. Churchill: "vous aviez à chosir...."

Winston CHURCHILL Fin septembre 1938, alors que le Premier Ministre britannique, Neville Chamberlain* arrive de Munich où il a signé, avec ...