vendredi 29 janvier 2021

28 février 1921: la révolte des marins de Cronstadt contre les communistes de Lénine

Le 25 octobre 1917, à Pétrograd, après avoir lancé une impressionnante campagne de propagande, Lénine* et Trotski* déclenchent le soulèvement armée contre le gouvernement provisoire de Alexandre Kérenski*.
Le "congrès pan-russe des soviets des députés ouvriers et paysans" adopte aussitôt le décret transférant tous les pouvoirs aux soviets ainsi que celui du contrôle des ouvriers sur la production.

les Marins de Cronsdadt

Les marins de la flotte russe ont été très impliqués dans les mouvements révolutionnaires, en 1905 et surtout en 1917. Tous issus de milieux ouvriers, à la différence du corps des officiers, issus de la grande bourgeoisie ou de l'aristocratie.
Participant à différents combats avec l'Armée Rouge contre les "armées blanches", ils ont été  des acteurs décisifs dans la victoire des bolchéviks et donc à la fin de la guerre civile en novembre 1920.

Le gouvernement communiste sous la direction de Lénine a mis en place des soviets (conseils) qui dirigent d'une main de fer la société russe: exécutions sommaires, réquisitions des récoltes, ce qui entraine une quasi  famine dans les villes dont les ouvriers et les paysans sont les premières victimes.


À Cronstadt, les marins assistent impuissants à ce qu'ils considèrent comme une trahison des idéaux révolutionnaires et, par une résolution, ils demandent à Lénine une nouvelle élection de soviets que les communistes ne pourraient plus manipuler, le droit pour les paysans et les ouvriers de ne plus travailler sous la contrainte et la liberté politique pour les socialistes de gauche.

 

L'auteur de la résolution, Yvan Petritcehnko*, propose une troisième révolution qui serait démocratique sous la bannière "tous les pouvoirs aux soviets librement élus". 

Les marins des cuirassés Petropavlovsk et Sebastopol envoient une délégation à Petrograd et proposent quinze résolutions au gouvernement communiste, demandant plus de libertés, la libération des prisonniers politiques socialistes, ainsi que la libération des ouvriers, des paysans, des soldats rouges et des marins emprisonnés. Les autres demandes concernent le rationnement et les réquisitions.

Bien sûr, le pouvoir communiste refuse et envoie l'armée du général Toukhatchevski* pour réduire ceux qu'ils appellent "contre révolutionnaires".

image tirée du film "les marins de Cronsdadt"

Une première attaque échoue. Peu après, 45 000 soldats donnent l'assaut et Cronstadt est écrasé sous les bombes. 8000 Marins et Petritchenko réussissent à fuir en Finlande. Ce dernier sera arrêté en 1945  et mourra en prison deux ans plus tard.

Pour certains historiens, cette révolte des marins de Cronstadt fit prendre conscience à Lénine que le massacre des mutins n'a pas suffit pour rétablir l'autorité du gouvernement et que le communisme de guerre*, instauré en 1918, a marqué ses limites, mis à mal par ses décisions comme la suppression de la monnaie et du commerce intérieure et la chute vertigineuse de l'activité économique qui s'en est suivie.

Trotski et Lénine

En conséquence de quoi, il déclare, lors du Xème congrès du PC en mars 1921: "

 Les faits sont là. La Russie est menacée de famine. Tout le système du communisme de guerre est entré en collision avec les intérêts de la paysannerie. (...) Nous nous sommes trop avancés dans la nationalisation du commerce et de l'industrie, dans le blocage des échanges locaux. Est-il possible de rétablir dans une certaine mesure la liberté du commerce ? Oui, c'est possible. C'est une question de mesure. Nous pouvons revenir quelque peu sur nos pas sans détruire pour cela la dictature du prolétariat. »(1)

Trotski s'oppose à cette Nouvelle Politique Économique (NEP), mais Lénine passe outre. Toutefois, s'il relâche quelque peu l'emprise du parti sur l'économie, il maintient intact - et même les renforce - les rouages de la dictature sur la société russe.

Les effets de la NEP sont multiples et amènent de l'oxygène à l'économie toute entière, particulièrement au monde paysan. L'industrie lourde laisse la place à une industrie plus légère.
En 1922, le pouvoir autorise la création de sociétés mixtes: la moitié du capital à l'État, l'autre à des investisseurs privés occidentaux.

Il est indéniable que cette NEP a sauvé le pouvoir léniniste: l'activité économique est repartie à la hausse, le chômage a fortement diminué, les productions industrielles et agricoles ont augmenté, tout comme le niveau de vie des Russes, ou plus exactement des Soviétiques.

Certains dirigeants communistes, dont Trotksi, ne voient pas forcément cette évolution d'un bon oeil: ils craignent que les travailleurs et les paysans s'embourgeoisent et, recherchant plus de liberté,  renversent le pouvoir communiste. 


Lénine meurt en janvier 1924, remplacé peu après par Staline. Lequel va très vite resserer l'emprise du PC sur la société: retour aux kolkhozes, à l'industrie lourde, aux réquisitions agricoles et l'envoi aux goulags de millions de citoyens soviétiques pour des motifs divers et futiles. 

Le sacrifice des marins de Cronstadt n'a pas empêché Lénine, Trotski et Staline d'asseoir fermement leur emprise dictatoriale sur la société russe.
La création, puis la mise en place de camps de travail dès 1920 ont organisé un univers concentrationnaire où des millions d'hommes et de femmes furent envoyés.

"Tous les pouvoirs aux soviets", demandaient les marins. Effectivement les soviets ont eu tous les pouvoirs. Pour leur malheur et celui de leur nation.

 (1) in https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/octobre-rouge/




 
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claudebachelier@wanadoo.fr

mercredi 20 janvier 2021

Le départ du président voyou.

 

Joe BIDEN

Ce 20 janvier 2021, à 18h00, heure française, Joseph Robinette BIDEN Jr deviendra le 46ème Président des États Unis d'Amérique.   

Les élections présidentielles du 3 novembre 2020 l'ont déclaré vainqueur: il a obtenu  plus de 81 millions de votes des citoyens contre 74 millions au président sortant et 306 grands électeurs contre 232.

D. Trump dans le bureau ovale
 

D. Trump et le parti Républicain ont engagé des dizaines de recours en annulation devant les tribunaux, accusant son adversaire de tricheries diverses dues aux votes par correspondance. Tous ces recours, sans exception, seront rejetés, y compris par des juges conservateurs nommés par le président sortant. R. Guliani*, l'avocat en chef des Républicains, n'a pu, à aucun moment, prouver la moindre fraude.

Dans une dernière tentative, le 2 janvier 2021*, D. Trump ira jusqu'à directement faire pression sur le gouverneur de Géorgie, Brad Raffensperger* pour l'obliger à modifier et donc à truquer les résultats de son État. Le gouverneur, assisté de son avocat, a confirmé les résultats en faveur de J. Biden et enregistré la totalité de la conversation. Laquelle a été révélée par la presse.

Pour autant, D. Trump refuse de reconnaitre sa défaite, affirmant encore et encore que l'élection lui a été volée.
Déjà, en 2016, pendant la campagne électorale, il accusait les Démocrates et Mme Clinton de vouloir tricher. 

La journée du 6 janvier 2021 sera à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire des États Unis: c'est ce jour-la que devait être confirmée la liste des grands électeurs démocrates et donc l'élection de J. Biden.
Des centaines de manifestants pro Trump ont envahi le Capitole, le temple de la Démocratie américaine. Leurs buts: empêcher la certification de l'élection  de J. Biden par les élus. 

l'assaut du Capitole par les partisans de D. Trump le 6 janvier 2020


En septembre 2020, lors d'un débat télévisé avec J. Biden, D. Trump avait lancé à ses partisans: "
« Proud Boys, mettez-vous en retrait et tenez-vous prêt." Ces prouds boys - qui n'acceptent pas de femmes dans leurs rangs - appelés en renfort par le président sortant, sont une milice d'extrême droite, fière d'être citée et encouragée par D. Trump.

Pendant toute la période de transition, il a refusé de reconnaitre sa défaite, affirmant encore et encore que "cette élection lui avait été volée", appelant ses partisans à ne pas accepter les résultats, à les refuser de toutes les manières. Allant même jusqu'à lancer le 5 janvier (la veille de l'assaut contre le Capitole) lors d'un meeting électoral en Géorgie: "
« Ils ne vont pas prendre la Maison Blanche, nous allons nous battre comme des diables ! », a-t-il lancé à une foule qui scande en retour des « Fight for Trump ! » (« Battons-nous pour Trump ! ») puis à l'adresse du vice président M. Pence: "« J’espère que Mike Pence va répondre présent pour nous. Si ce n’est pas le cas, je ne l’aimerai plus autant. »

D. Trump lors du meeting électoral en Géorgie le 5 janvier 2021


 Toutes ces déclarations incendiaires, tous ces appels au refus d'accepter le verdict des urnes, toutes ces menaces ont conduit à la tentative d'empêcher la certification de l'élection et, partant, à une tentative de sédition.
Et ce n'est pas l'appel hypocrite qu'il a lancé à ses partisans de rentrer chez eux après l'assaut qui peux l'exonérer d'une responsabilité pleine et entière dans cet évènement qui a ébranlé les bases d'une démocratie que, pendant quatre longues années, il a tout fait pour affaiblir.

Cela posé, 74 millions d'américain(e)s ont voté pour lui: ce n'est pas rien. Ce vote massif pourrait s'expliquer par des réussites politiques, économiques ou diplomatiques. Ou par des promesses faites pendant sa campagne de 2016. Or, il n'en est rien.

L'embellie économique au début de son mandat a surtout été la suite des mesures prises par le gouvernement de B. Obama.
Les baisses d'impôts ont profité principalement bien sûr aux grandes fortunes sans pour autant permettre une relance massive des investissements, même s'il est indéniable qu'elles ont aussi eu un impact sur l'activité.
Les différents embargos décidés contre la Chine et l'Europe n'ont pas empêché le déficit commercial d'augmenter de 100 milliards de dollars par rapport à 2016.
Le chômage, déjà en forte baisse au début son mandat est reparti en forte hausse début 2020. Le déni de la pandémie, le refus obstiné de prendre des mesures de protection, l'encouragement auprès de ses supporters a considérer la COVID comme une manipulation des Démocrates et des Chinois, ont fait, qu'aujourd'hui, plus de 400 000 américain(e)s sont décédé(e)s de cette maladie, soit le quart du chiffre mondial des personnes mortes de cette pandémie.
 
Côté diplomatique, il a semé le chaos dans les relations internationales.

  • D'abord avec ses propres alliés contre lesquels il n'a jamais cessé d'adresser les reproches les plus incongrus et les plus injustifiés. Ne déclare t-il en juillet 2018 sur CBS: "
 Je pense que nous avons beaucoup d’ennemis. Je pense que l’Union européenne est un ennemi, avec ce qu’ils nous font sur le commerce. Bien sûr, on ne penserait pas à l’Union européenne, mais c’est un ennemi."
  • Le retrait des EU de l'accord international avec l'Iran a donné raison à la faction la plus dure du gouvernement iranien et ajoute à l'instabilité régionale.
  •  Celui du traité de Paris sur l'environnement, en niant les réalités du réchauffement climatique, va uniquement dans le sens des intérêts bien compris de ses amis industriels.
  • Il a été l'ami de V. Poutine, celui qui a aidé à son élection par la diffusion par les services russes de fausses nouvelles et de mensonges concernant Mme Clinton. Ses rencontres avec le président russe ont toujours été cordiales bien plus qu'avec ses alliés européens. Sans oublier sa complicité avec le président brésilien.
  • Après avoir copieusement échangé des insultes avec le dirigeant nord-coréen, D. Trump l'a rencontré à trois reprises. Il paradait et imaginait alors un accord, Kim Jong Un se rendant à ses vues: ses partisans le voyaient déjà prix Noble de la Paix! Mais aucun résultat tangible et Kim Jong Un recommence à menacer, tout en continuant ses essais d'armes nucléaires. 
Donc, les explications pour expliquer ce vote massif en la faveur de D. Trump sont donc à chercher ailleurs. Mon billet d'aujourd'hui n'a pas la prétention de trouver cet ailleurs. Plus tard, peut-être.
 

 Pour conclure son mandat, il a fait exécuter dans la précipitation plusieurs condamnés à mort, au prétexte que la justice les avait condamnés. Dans le même temps, il a gracié certains de ses amis, pourtant eux aussi condamnés. Y compris Mr Banonn*, condamné pour détournement de fonds de l'association qu'il présidait et malversations financières. (association supposée collectée les fonds pour l'édification du mur voulu par D. Trump!!!)
 

Jusqu'au bout Donald Trump se sera comporté comme un voyou. Sans foi ni loi. Aucun de ses prédécesseurs n'auront été aussi néfastes que lui pour les États Unis. Et pour ses alliés.
Son orgueil démesuré, son mépris affiché des institutions et de leurs représentants, ses mensonges permanents, son arrogance, son hypocrisie le rangent bien dans le monde des voyous, un monde sans honneur, un monde sans dignité.

Nous pouvons espérer que la justice de son pays saura lui faire rendre les comptes qu'il doit au peuple américain.
 

 

Le pourquoi du comment des dates: le 21 janvier

  Louis XVI Chaque 21 janvier, l'annonce d'une messe en souvenir de la décapitation de Louis XVI paraît dans la presse écrite dans l...