dimanche 6 janvier 2019

Dissolution, Monsieur le Président, dissolution!

Que personne ne se méprenne: je ne me suis rallié ni à Mme Le Pen ni à MM Mélanchon ou Dupont Aignan. Surtout pas.  Mais nous en sommes arrivés à un tel point de désordres et/ou de révoltes et/ou d'incompréhensions qu'il faut trancher dans le vif, c'est-à-dire dissoudre l'Assemblée Nationale. Cela relève de la décision du seul Président de la République.

Il semble qu'il n'ait pas encore envisagé cette solution. C'est dommage car rien ne semble pouvoir arrêter ce mouvement de contestation, ni les promesses, ni les décisions.

Ce mouvement a débuté le 17 novembre 2018 sur des revendications concernant les augmentations du prix des carburants, de la CSG des retraités et d'autres plus diffuses comme les salaires trop bas, l'abandon des territoires à travers la suppression de certains services publics ou la remise en cause de l'abandon partiel de l'ISF ou la mise en place de la "flat tax". Des revendications somme toute plutôt raisonnables.

Ce mouvement a très vite été bien perçu par l'ensemble des Français. C'est du moins ce que les sondages ont révélé. Il est vrai que cette apparente spontanéité avait quelque chose de sympathique, d'autant que les premières demandes des gilets jaunes n'avaient rien de démagogiques, en tout cas pas trop. Pour ma part, sans adhérer totalement, si un institut de sondages m'avait interrogé, j'aurais marqué ma sympathie.

Bien sûr, les politiques, et pas des moindres, sont apparus: de Mme Le Pen à MM Mélanchon, Dupont Aignan, Phillipot, Roussel, Hamon, Wauquiez et quelques autres de moindre envergure.
Tous, la main sur le coeur, dans un bel élan qui se voulait compassionnel, mais en réalité d'une hypocrisie flagrante, ils ont entonné le couplet habituel de ceux qui "veulent le bonheur du peuple", à savoir "redonner la parole" à ce dernier.
Nous avons pu alors assister à un concert où la fourberie le disputait aux mensonges, où les tartuffes concurrençaient les cabots et les comédiens!

Certes, le Président Macron et son gouvernement ne sont pas exempts de critiques: les petites phrases imbéciles du premier et les décisions du second: réforme de l'ISF, flat tax, diminution de 5 € sur les  APL, augmentation de la CSG des retraités, etc. Autant de mesures injustes et mal venues dans le contexte économique difficile pour les plus fragiles que nous vivons aujourd'hui.

Très vite, les premiers dérapages sont apparus: de la dénonciation de migrants aux gendarmes à l'obligation à une femme arrêtée à un barrage, d'enlever son voile religieux; de l'obligation de revêtir un gilet jaune faite aux automobilistes pour pouvoir passer un barrage aux blocages d'entreprises ou de grandes surfaces. Sans parler des saccages des magasins, des péages autoroutiers et même d'une préfecture et de lycées. En même temps que les slogans versaient dans l'insulte, les menaces et la démagogie. Jusqu'à cette mise en scène de la mort par décapitation du Président de la République.

Ce dernier a annoncé plusieurs mesures allant dans le sens des revendications. Mesures très vite considérées comme insuffisantes.

Bien que les gilets jaunes aient annoncé haut et fort qu'ils refusaient toutes formes de représentations, quelques figures sont apparues dans les médias. Certaines voulaient discuter avec le gouvernement, d'autres refusaient l'ébauche même de la moindre discussion.

Mais malgré ces dissensions, deux personnages sont sortis du bois: un prof et un chauffeur routier. Des gens aussi charismatiques que manipulateurs.

Le premier est un vieux routier de la contestation et un zélateur du fameux référendum d'initiative citoyenne, cela dès 2005. Il a participé à "Nuit debout", mais aussi à la "manif pour tous". Il est un anti européen convaincu. C'est  un admirateur d'Hugo Chavez, de Donald Trump, mais aussi d'Alain Soral et de Thierry Meyssan dont il partage les théories conspirationnistes.

Le second est un de ceux qui a lancé le mouvement. Sachant utiliser avec adresse les médias, il est passé des revendications initiales à une radicalisation très politique: il a appelé à investir l"Élysée pour, disait-il, "discuter". Dernièrement, il a été arrêté, puis très vite relâché: il s'est vanté d'avoir provoqué cette arrestation pour tenter de relancer le mouvement. En plus d'être un parfait manipulateur, c'est un cynique revendiqué.

On voit par là, qu'insidieusement, certains politiques ont pénétré le mouvement quand ils ne l'ont pas initié. Sans le dire bien sûr.

Nous en sommes arrivés aujourd'hui à la situation totalement incontrôlable où les revendications initiales ont laissé la place à des revendications strictement politiques, telle, entre autres, la démission du Président de la République. Et derrière ces revendications, deux partis que l'on croyait antagonistes, à savoir le RN de Mme Le Pen et la FI de Mr Mélanchon.
L'une et l'autre sont des partisans déclarés du référendum d'initiative citoyenne, le RIC.

Mais qu'est-ce que ce RIC? En gros, "redonner le pouvoir au peuple, sans passer par le Parlement. Donner à ce même peuple le droit de rédiger ou d'abroger une loi et de pouvoir destituer les élus, y compris le Président de la République."

S'il faut croire certains gilets jaunes, le peuple, ce sont eux, uniquement eux. Les autres, sont les ennemis du peuple! Donc tout ceux ceux qui ne soutiennent pas leurs luttes sont les ennemis du peuple. On a déjà entendu cela il y a quelques décennies et on en connait tous les résultats.

Le CESE (Conseil Économique Social et Environnemental) a lancé mi-décembre une consultation qui s'adressait à tout un chacun, avec ou sans gilet jaune.

A bien y réfléchir, les premiers résultats ne sont pas si étonnants que cela: sur 9000 réponses, l'abrogation de la loi Taubira (mariage pour tous) arrive en tête avec 5900 voix. Certes on ne peut traduire une généralité à partir de 9000 participants, mais il est clair qu'à partir d'une telle consultation, le RIC, peut déboucher sur des demandes telles que l'abrogation sur la loi supprimant la peine de mort ou celle de la loi Veil autorisant l'IVG, voire la remise en cause de la loi de 1905. (par parenthèse le Président serait bien inspiré de ne toucher à cette loi en aucune manière).

Bref, ce serait le règne de la folie qui nous amènerait tout droit vers un régime autoritaire!

Donc, pourquoi recourir à la dissolution de l'Assemblée Nationale?

J'en suis arrivé là parce que la situation est incontrôlable et nous allons tout droit vers une situation insurrectionnelle. Situation que les deux partis extrêmes appellent de leurs voeux.
L'État ne contrôle pas la situation et se fragilise de plus en plus après chaque samedi. La violence est chaque fois plus intense et les radicalisations des manifestants plus fortes.

Après la dissolution, des élections législatives suivent selon les procédures constitutionnelles de la V ème République.

Deux possibilités:

1. la majorité actuelle est reconduite, ce qui n'est pas impossible. Après tout ni le RN ni FI n'ont été capables de remporter la législative partielle dans l'Essonne, pas plus qu'ils n'ont été capables de mobiliser leurs électeurs. C'est un LREM qui a été élu le 25 novembre, alors que la crise des gilets jaunes en était à sa deuxième semaine!

Il conviendra cependant que le Président et sa nouvelle majorité sachent écouter et surtout entendre, ce qui n'a pas toujours été le cas depuis mai 2017.

2. la majorité actuelle est battue. Nous entrons dans une cohabitation, sachant que constitutionnellement, le Président ne peut dissoudre l'AN pendant un an après son élection.
Donc le ou les partis majoritaires sont appelés à gouverner. Ils pourront mettre en oeuvre leur programme dont celui d'une Assemblée Constituante. Et écrire une nouvelle Constitution. Et mettre en oeuvre le RIC.

Mais faut-il encore pour cela qu'ils puissent trouver un terrain d'entente. Et c'est  à ce moment que commenceront les difficultés pour eux et surtout, hélas, pour la France.

Alors, oui, il faut dissoudre, même en sachant que la seconde hypothèse est possible. Sauf qu'elle n'est qu'une hypothèse et qu'elle n'est pas inéluctable.
A un moment donné, dans la situation de crise que nous vivons actuellement, un gouvernement doit prendre les décisions qui permettent au pays de choisir son avenir. 

Cela aura le mérite de remettre "les choses" à plat, chacun aura pu s'exprimer librement par le vote. Je sais que pour certains, le vote n'est pas légitime et seule "la rue" peut s'exprimer légitimement. C'est une opinion que je ne partage pas: chacun sait comment finit ce genre de "consultations".

En tout été de cause, la France ne peut se permettre de continuer à vivre dans un état de crise permanent, dans un monde en pleines turbulences politiques, économiques et environnementales.

Et pour sortir de cette impasse, je ne vois pas d'autres solutions  que la dissolution de l'Assemblée Nationale.

1 commentaire:

  1. La dissolution sera peut-être une solution mais je pense que c'est encore un peu tôt. Il faut encore un peu de maturation, de fermentation et que l'on soit plus près du pourrissement. Les gilets jaunes attirent ils de la sympathie ou de la compassion ? Ils ne sont tout de même pas si nombreux.

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