mardi 19 avril 2011

le Vietnam: ou Viêt Nam, les Viets du Sud

Avec un couple d’amis, nous avons passé dix sept jours au Vietnam et quatre jours au Cambodge. En mars, deux mois avant la saison des pluie. C’est peu de dire p1080801.1303053473.JPGque le dépaysement a été total. Nous étions dans un autre monde, une autre civilisation, sans pour autant, tel Christophe Colomb, être dans un nouveau monde.

L’aéroport de Hanoï est semblable à tous les aéroports internationaux du monde : des halls immenses où se croisent et s’entre croisent  des milliers de passagers pressés, angoissés, des taxis, des agents de la circulation complètement dépassés. Il faut reconnaître qu’il y a de quoi être dépassés : en effet, à Hanoï comme à Saïgon ou Phnom Penh, il y a des milliers, que dis-je, des dizaines de milliers de deux roues: vélos, mobylettes, motos  sans oublier les vp1080787.1303053148.JPGoitures et les camions. Et tout ça dans un concert de klaxons ininterrompu. Là-bas, on ne klaxonne pas pour protester ou insulter, mais pour prévenir de sa présence. Il faut dire que  la priorité à droite, les lignes blanches, les stops, les feux tricolores ne sont considérés, au mieux, que comme des concepts, et donc traités comme tels : des concepts. D’ailleurs, on nous a dit à plusieurs reprises que le code de la route est « facultatif ». C’est dire.

Nous avons fait un tour du côté du mausolée de Ho Chi Minh, sans pour autant pénétrer à l’intérieur : il aurait fallu faire la queue pendant trop de temps pour voir une momie, fut elle celle du Père de la Nation. Il faut préciser que « l’oncle Ho », comme il est appelé avec respect, l’oncle Ho voulait être enterré très simplement. Visiblement, il n’a pas été entendu par ses « héritiers » politiques. Nous avons visité la maison, simple et austère, où il a exercé ses fonctions de président jusqu’à sa mort. Je note au passage que bien des hommes qui ont eu pour leur pays une importance capitale – de Gaulle, Mandela, Gandhi, Ho Chi Minh – que ces hommes donc ont souvent préféré la simplicité, voire l’austérité aux ors des palais présidentiels.

Le musée d’ethnographie de Hanoï rassemble entre autre tous les styles d’habitation des différentes régions du pays. p1080975.1303138587.JPGMais aussi toutes les façons d’y vivre, d’y travailler ou d’y mourir. En même temps que nous, un collège tout entier visitait le musée. Encore que le terme visiter ne soit pas celui qui convient : les collégiens étaient livrés à eux mêmes et se souciaient comme d’une guigne de leurs ancêtres et de leurs coutumes.

p1080820.1303136747.JPGLa baie d’Halong mérite bien sa réputation de beauté mystérieuse et secrète. Pour peu qu’on se laisse aller à ouvrir sa propre boite à fantasmes, on se retrouve au milieu d’un monde peuplé d’ilots solitaires, plantés là, au milieu de  nulle part, comme jetés au hasard par une main invisible. Nul oiseau, nul animal, rien qu’une nature indomptée. Pourtant, dans un village lacustre, il y a des pêcheurs, qui vivent sur leurs bateaux, des artisans qui travaillent la nacre ou les tissus, mais aussi une école avec des élèves rieurs et des maitres sérieux.

Nous avons pris un train de nuit pour rejoindre Lao Cai, le pays des H’Mongs, à la frontière avec la Chine. Un train quelque peu ancien appelé TGV : Train à Grandes Vibrations. Et des vibrations, nous en avons eues, ce qui ne nous a pas vraiment empêché de dormir. Pour l’anecdote, en arrivant le matin, nous avons petit déjeuné dans un restaurant : le Bordeaux…

Nous sommes allés au marché. A Can Cau, puis à Bac Ha. Bien sûr nous étions des touristes, mais cela ne troublait en rien les villageois qui vaquaient à leurs occupations sans s’occuper de nous. Même si nous étions très sollicités pour acheter chemises ou tapis de l’artisanat local : il convenait alors de discuter les prix, leur machine à calculer à la main : joies du marchandage…p1080885.1303054155.JPG Les hommes sont habillés de façon banale, pantalon, tee-shirt ou p1080852.1303134735.JPGchemise, veste. p1080857.1303053987.jpgPar contre, les femmes et les enfants vivent en permanence dans leurs habits traditionnels, aux couleurs vives et chatoyantes, dans des tissus brodés et comme le jour de marché, c’est un peu la fête, ces habits sont encore plus beaux, plus élégants que d’habitude.

C’est une région très montagneuse. Les rizières sont innombrables, mais aussi des champs de maïs ou de théier. En général, il n’y a qu’une récolte par an, le centre et le sud allant jusqu’à trois. Le gouvernement fixe quatre récoltes comme objectif. Le Vietnam est l’un des plus grands exportateurs de riz au monde.p1080954.1303138283.JPG Les paysages de ces rizières sont impressionnants : à flanc de montagnes ou dans les plaines, c’est un même spectacle fait de sérénité et d’harmonie.  Une précision qui remplit de fierté certains vietnamiens, en tout cas notre guide : le Vietnam est le deuxième producteur mondial de café, derrière le Brésil.

Nous avons rejoint Hué, en passant par le Col des Nuages.p1090104.1303138852.JPG Auparavant, nous avions longé des plages de sable blanc à Da Nang, ville où les troupes américaines avaient installé une base immense. Des dizaines d’hôtels (des « resorts ») sont en construction le long de ces plages, plages qui deviendront les plages privées des hôtels et qui ne seront plus accessibles aux « indigènes ». Paradoxe singulier dans un pays communiste !

A Hué, capitale impériale jusqu’en 1945, nous avons longuement arpenté les différents palais royaux. Le pouvoir des différents rois était total, sans partage, régi par des lois implacables, appliquées avec rigueur par toute une hiérarchie (mandarins, eunuques) qui ne devait son existence qu’au monarque. Et une étiquette intransigeante, inflexible, sans oublier la religion, instrumentalisée au service exclusif du roi. Avec pour conséquences des pesanteurs, des rigidités qui ont conduit à scléroser le système, à l’affaiblir, puis à le détruire. Il en est ainsi d’ailleurs de tous les pouvoirs absolus, hier comme aujourd’hui, et comme demain.

Ho Chi Minh Ville. Ou Saïgon : à priori, les vietnamiens disent toujours Saïgon. Ville immense, tentaculaire, qui donne l’impression d’être plus dynamique, plus vivante, moins figée dans le passé que Hanoï. Ce n’est qu’une impression, bien sûr, mais le touriste que j’étais -et qui avais laissé ses à-prioris en France- l’a ressenti dès notre arrivée dans la ville. Là aussi, le code de la route est facultatif…      

Nous avons embarqué sur le Bassac pour une grande ballade sur le Mékong. p1090212.1303141408.jpgAllez savoir pourquoi, j’ai pensé à Gabin, quartier maitre de la Royale dans « un singe en hiver », sauf que lui se baladait sur le Yang Tsé Kiang.  A voir les rivages du Mékong, ces paysages, ces marchés flottants, ces jonques, je comprends mieux que puisse exister, pour ceux qui y ont navigué, une nostalgie certaine. Nous avons tous, caché au plus profond de nous, la nostalgie de rivages lointains et mystérieux.

Il y a presque autant de circulation sur le Mékong que dans les rues de Hanoï ou Saïgon. Des pêcheurs, des commerçants, des péniches énormes, chargées à ras bord de sable ou de graviers pris directement dans le lit du fleuve. Même le bruit des moteurs ne parvient pas à nous faire oublier que l’on navigue sur le Mékong.p1090243.1303139204.JPG Le marché flottant est un concentré de couleurs, d’odeurs, de bruits, de vies absolument inoubliables. Chaque jonque, chaque bateau a son enseigne : un ananas en haut d ‘une pique indique un marchand de fruits ; des oignons ou un chou un marchand de légumes…

p1090221.1303137544.JPGIl y a une vie très dense, le long de ce fleuve : les gens y vivent de la pêche, de l’agriculture, du transport de marchandises. Il y a même des fabriques de tuiles que l’on repère de loin à cause de la fumée qui s’échappe des fours. La fabrication est artisanale, bien sûr, et trois personnes sur quatre qui y travaillent sont des femmes.
Tout le long du fleuve, y compris le matin de bonne heure, on entend les cris, les rires des enfants.
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p1080905.1303135962.JPGp1080880.1303136306.jpgSi je ne devais garder qu’un souvenir de ce voyage, ce serait celui des enfants. Au nord, au sud, au centre, il y a des enfants. Cela n’est pas original, me direz vous. Certes, mais ils ont une telle présence, un tel rayonnement, une telle liberté  que l’on ne peut que se dire que ce pays est celui des enfants. Il est vrai que ce n’est pas toujours drôle d’être un enfant au Vietnam : il faut aider la famille dès son plus jeune âge que l’on soir paysan, pêcheur, commerçant ou autre. Mais  résonnera éternellement dans ma tête ce rire clair, ce rire éclatant des enfants du Vietnam.
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Soixante ans..... Déja!!!!

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