Il y a quelques jours, APPLE a publié ses résultats: une hausse de son bénéfice de 85%. Oui, avez bien lu, QUATRE VINGT CINQ POUR CENT, à 25,22 MILLIARDS de dollars! Si vous cliquez sur résultats, vous aurez directement tous les chiffres essentiels des comptes de l'entreprise à la pomme, en anglais, hélas. Dans les périodes de grands troubles économiques que nous vivons, qui ne se réjouirait pas d'une telle progression du bénéfice? Les actionnaires? Non. Les personnels? Non plus. Le gouvernement américain? Pas plus Alors qui?
Les Marchés, tout simplement!
Au prétexte que ces fameux marchés attendaient un chiffre d'affaires annuel de 109,15 milliards de $ mais qui n'est QUE de 108,25 , soit moins 0,70%, le titre en bourse a aussitôt décroché et perdu 6,45% à 395$. Et si le titre a décroché, ce n'est pas parce qu'il y a eu des prises de bénéfices, pas du tout, mais parce que les "marchés" ont été déçus des résultats. On notera au passage que c'est la première fois que Apple dépasse les 100 milliards de CA sur un an.
Il n'est nul besoin d'être un grand économiste pour savoir que Apple est une entreprise florissante, avec des produits de bonne tenue et des personnels de grandes compétences. Les i-phone, i-pad et autres i-mac sont des produits de plus en plus demandés et de plus en plus vendus. Pour info, pour avoir un i-pad de 64 GO de mémoire vive, il faut compter entre 3 et 5 semaines d'attente!!!
Nous entendons, lisons, regardons, tous les jours, tous les médias rendre compte de ce que font ou ne font pas les marchés. Malgré une profusion de commentaires, de graphiques, d'explications, le commun des mortels - vous je ne sais pas, mais moi, c'est sûr - ne sait pas, ne comprend pas de quoi il en retourne tant tout ce que l'on nous dit, raconte, explique n'a ni logique, ni rationalité: dans cet espace, le bons sens n'existe tout simplement pas. L'exemple d'Apple cité plus haut en est une parfaite illustration.
Mais qui sont-ils, ces marchés? Qui les représente? Peut-on les identifier? D'abord, il y a plusieurs sortes de marchés: marché monétaire, obligataire, des changes et bien sûr le marché d'actions. Mon propos n'est pas ici d'expliquer par le détail ce que sont ces marchés. Ce serait très long, très complexe et je n'ai sans doute pas toutes les compétences requises.
Pour autant, comme tout un chacun, je sais que ce sont ces marchés qui rythment notre quotidien à un niveau impensable, qui font, comme on dit, "la pluie et le beau temps." D'autant que tous les médias ne manquent jamais de rendre compte des soubresauts, des sauts de carpe et des "inquiétudes des marchés." C'est leur boulot, tout le monde en convient. Sauf que ces informations, données "brut de décoffrage", parfois en quelques phrases affolent plus qu'elles ne renseignent. Même quand des économistes y vont de leurs hypothèses, de leurs suppositions, voire de leurs conseils. Mais des économistes, il y en a beaucoup et ils ne savent pas tous expliquer clairement leur discipline. Et en plus il y a autant de théories que d'économistes. C'est dire que pour la plupart des béotiens que nous sommes, le flou reste et persiste.
Mais, pour revenir à Apple, on peut se dire que ces marchés ont perdu toute logique, tout bon sens, à supposer d'ailleurs qu'ils en aient eu un jour. Parce que faire chuter de 6,45% en une journée la valeur d'une entreprise au prétexte curieux que cette entreprise a "déçu les attentes" est pour le moins bizarre. "Bizarre, vous avez dit bizarre..."
On peut se dire que, après tout, cela n'est qu'un accident de parcours, un affolement passager. Et bien non, ce genre de choses arrive tous les jours ou presque. Ce qui ajoute à la confusion et à la panique.
Et c'est là-dessus que je voudrai conclure: nous sommes sous la domination de ces marchés. De ces marchés anonymes, avides et, d'une certaine façon, prédateurs. Pourtant, ils sont indispensables à la bonne marche d'une économie ouverte, d'une économie de marché, justement. Sauf que depuis que les gouvernements ont accepté, encouragé des politiques ultra libérales; ont accepté, encouragé des dérégularisations tout azimuts; ont accepté, encouragé la primauté de l'économie sur le politique, les financiers ont pris tous les pouvoirs. Nous ne vivons plus dans une économie de marché où la concurrence joue pleinement son rôle de régulateur et d'aiguillon; où les pouvoirs démocratiques exercent les contrôles indispensables à une société de liberté. Non, nous vivons dans un monde où les grands groupes financiers et industriels étouffent la concurrence, imposent au monde entier leurs intérêts prédateurs et, en fin de compte, nous soumettent à leurs avidités.
Les marchés sont-ils fous? Sans doute, mais une folie sous influences...
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