La semaine dernière, dans le cadre des Dictées de la Bibliothèque, Martine D. notre référence et notre référente en matière orthographique, nous a proposé un texte avec quelques difficultés, propres à remettre en question nos savoirs - et nos certitudes - en ce qui concerne notre belle langue....
Nous avons toutes et tous fait un plongeon dans nos années scolaires et avons pu constater, qu'en la matière, "rien n'est simple, tout se complique." (Jean Jacques SEMPÉ)
Dans un premier temps, ci-après, la dictée.
Qu'est-ce qui vous empêche de la faire, en famille, avec des Amis?
Vous verrez, c'est intéressant et très drôle...
Dans un second temps, si cela vous intéresse, je vous ferai parvenir la correction et surtout les explications...
Colle en tas.
Qu’est-ce qu’au fond que cette dictée, sinon l’exacte réplique de l’émission de télé-réalité préférée des Français ? Ne peut-on considérer comme d’authentiques aventuriers ceux qui se sont succédé sur la page blanche, et, comme vous aujourd’hui, renoncent au confort de l’oral pour affronter la jungle de l’écrit ?
Qu’ils se soient ceint ou non le front de turbans rouges, verts, jaunes ou orange, les hardis concurrents que vous êtes seront censés engouffrer de peu ragoûtants participes, se repaître d’accords à la noix de coco, barboter dans les eaux croupies de notre syntaxe. Sans même cette boussole qu’eût constituée un simple dictionnaire, il leur faudra, à l’instar de leurs modèles sur les sentes tortueuses d’une nature inhospitalière, se repérer parmi les phrases tarabiscotées d’un texte chaotique. La plus fatigante des épreuves, celle qu’en l’occurrence, vous n’êtes pas près d’oublier, c’est en ce moment même que vous l’endurez : n’est-il pas horripilant de devoir se plier aux desiderata de la langue française ? Puissiez-vous néanmoins, quelque abracadabrantesques que vous semblent la plupart de ses règles, la vénérer comme un totem.
Certes, pour l’exotisme, on repassera : nul atoll, pas le moindre récif corallien dans les parages, rien que l’établissement thermal ! Pour le charme également : au lieu du fringant Denis, dont la sentence est irrévocable, une grognarde rescapée des joutes orthographiques, et qui, à force de faire copier des lignes, risque de perdre la sienne. Certes encore, vous n’amasserez pas plus d’euros céans que vous ne perdrez de kilos. Mais nulle élimination ne vous empêchera de rejouer la prochaine fois !
Loin de moi l'idée de faire de la pub - ou de la réclame, comme on disait "avant" - mais je vous pose quand même la question: savez-vous ce qu'est la "franui"?
Pour être très honnête, j'ignorais tout de "franui" avant d'avoir lu un article dans le monde.fr du 26 janvier dernier.
Je ne fais pas durer le suspense plus longtemps:
la "franui" est une friandise, une framboise surgelée enrobée de deux couches de chocolat, blanc - noir ou blanc - lait.
Conçue en Argentine par Diego Fenoglio, un chocolatier, la franui - contraction de frambuesa, framboise en espagnol, et de Rapanui, du nom de son entreprise - est née d'une surproduction de framboises. Le chocolatier a eu l'idée alors de congeler ces fruits et de les enrober de chocolat. Une idée toute simple qui a fait sa fortune.
Alors, pourquoi cette douceur fait-elle l'objet de mon billet du jour?
Pour deux raisons.
La première c'est que ce phénomène gustatif s'est répandu comme une trainée de poudre via les réseaux sociaux, Tik Tok* en particulier.
Sur ce réseau, ce sont des millions - oui, des millions - de personnes, des jeunes en grande majorité, qui, suivant les "influenceurs tiktokeurs" et les "influenceuses tiktokeuses" se sont lancés à la recherche effrénée de la friandise, sans toujours pouvoir s'en procurer.
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un influenceur tiktokeur |
Il me faut préciser que, sans la moindre publicité, la friandise s'est vendue "comme des petits pains". À des prix situés entre 5,50€ et 6,50€ le petit pot de 150 grammes.
Si j'en crois l'article du monde.fr, sur les six derniers mois de 2024, ce ne sont pas moins de 687 000 pots qui se sont vendus!!!
En Argentine, ce sont 900 000 qui sont vendus par... mois!
Certes, ce genre de phénomène n'est pas nouveau, des précédents existent: ainsi le "chocolat Dubaï"*, vendu à prix d'or sur le web.
Pour autant, le phénomène "franui" est exceptionnel par sa rapidité et sa spontanéité. Et surtout, par l'efficacité de sa promotion via ces fameux raisons sociaux et les algorithmes qui les organisent.
Comme on dit, "cela m'interpelle" et c'est la seconde raison de mon billet du jour.
En effet, une telle porosité, une telle perméabilité à prendre pour argent comptant ce genre d'information à partir de rien ou pas grand chose ajoute à ces menaces de manipulations des masses, sauf que dans ce cas précis, il ne s'agit pas de réseaux cryptés ou confidentiels, mais d'un réseau fréquenté par un jeune public, pensé et réalisé pour lui.
Notre époque est celle de la désinformation tout azimut, couplée à la surinformation, laquelle nous noie sous un déluge de dépêches, d'annonces, d'actualités, etc, etc, le tout relayé par les médias, parfois complices, parfois indifférents, voire ignorants.
Alors, sans vouloir tomber dans la marmite de je ne sais quel complotisme ou je ne sais quel refus du progrès, qu'il soit technologique ou sociétal, il me semble quand même que ces nouveaux vecteurs de communication doivent nous inciter à la prudence et à une vigilance de tous les instants.
Ne soyons pas la grenouille*, dans la bassine, qui attend, bien tranquille, dans une chaleur confortable et apaisante.
Vous connaissez la suite et la fin....