mardi 25 mai 2021

Antoine Augustin PARMENTIER (1737 - 1813) ou le pourquoi du comment des choses:

 

 
Antoine Augustin Parmentier

 Nous avons tous entendu parler de Parmentier, ne serait-ce que par le hachis Parmentier. 

Dans ce "pourquoi du comment des choses" d'aujourd'hui, je voudrais évoquer cet homme dont la postérité le lie à la pomme de terre, ce tubercule parfois mal aimé et pourtant si présent dans nos assiettes.
 
le hachis Parmentier

Antoine Parmentier est né en 1737 dans un village picard, Montdidier*. À 13 ans, il entre comme commis dans une pharmacie du village. Auparavant, l'abbé Daugy, lui a appris le latin, langue indispensable pour le métier de pharmacien. En 1755, il est apprenti pharmacien à Paris.
Parmentier apprend vite. Mais, ne pouvant ouvrir d'officine faute de moyens,  il s'engage dans l'armée en tant que pharmacien de 3ème classe dans les hôpitaux des armées de Hanovre pendant la guerre de sept ans, dont le chef est le maréchal d'Estrées*. Il a vingt ans. 

Il est particulièrement courageux. Régulièrement, il va chercher les blessés sous le feu de l'ennemi. Il sera fait prisonnier cinq fois. Comme l'armée française manque  de médecins et de pharmaciens, il sera régulièrement échangé.
 

Pendant ses captivités dans les prisons prussiennes, il mange régulièrement une bouillie à base de pommes de terre, nourriture habituelle chez les prussiens, mais dédaignée sinon méprisée en France puisque réservée aux seuls cochons. Le Parlement a même interdit sa culture en 1748.

Il remarque alors qu'il ne perd aucune force et qu'il ne ressent aucune fatigue. En bon scientifique, il fait le lien avec le tubercule.

bouillie de pommes de terre

Devenu prisonnier de guerre, mais en liberté conditionnelle, il est autorisé à vivre et à travailler chez un apothicaire réputé à Francfort, Monsieur Mayer. Il s'y plait tellement et il est si bien accueilli qu'il aurait pu épouser la fille  de son patron prussien et acquérir la nationalité prussienne. Patriote, il refuse les propositions de son hôte. 
 
Il est de retour à Paris en 1763. Il remporte le concours  d'apothicaire adjoint de l'hôtel des invalides.
 
Statue d'Antoine Parmentier à Montdidier


Après la famine de 1769, l'académie de Besançon récompense deux ans plus tard le mémoire de Parmentier où il affirme qu'
il est facile d’extraire de l'amidon d’un grand nombre de plantes, un principe nutritif plus ou moins abondant.
En 1772, l'Académie de médecine de Paris déclare que la consommation de pommes de terre ne présente aucun danger. Il faut savoir que ce tubercule, parce que souterrain, était classé au plus bas de "l'échelle des êtres"* et qu'il était accusé de propager des maladies comme la lèpre et la peste, en plus d'appauvrir les sols. 

En 1786, il obtient du gouvernement deux arpents d'une terre réputée incultivable. Le 24 août 1786, avec le botaniste Philippe de Vilmorin*, il présente un bouquet de fleurs de pomme de terre à Louis XVI, lequel place une fleur à sa boutonnière et une autre dans la perruque de Marie Antoinette en déclarant: "la France vous remerciera un jour d'avoir trouvé le pain des pauvres." La réalité de cette anecdote ne serait pas établie. 
 
Parmentier, Louis XVI et Marie Antoinette (tableau de Henri Gervex, 1904 source Wikicommons)


Parmentier a un sens inné de la communication pour faire connaitre les bienfaits de la pomme de terre. Ainsi, le 29 octobre 1778, il invite, entre autres personnalités, Benjamin Franklin* et Antoine Lavoisier* à l'enfournement  du pain à base de farine de pomme de terre dans le four de la boulangerie à l'hôtel des Invalides. Même si ce pain a une valeur gustative médiocre, il permet de mieux faire connaitre le tubercule auprès de certains scientifiques.

Pourtant, les réticences de la population à l'égard du tubercule demeurent tenaces. Aussi, Parmentier va t-il user d'un stratagème: le jour il fait garder son champ de culture par des soldats armés; mais pas la nuit. Et donc, il y a de nombreux vols commis la nuit, ce qui a pour effet immédiat que la pomme de terre que la population pensait réservée à la noblesse sera appréciée par cette même population. Certes, le phénomène est un peu plus complexe, mais la pomme de terre n'a plus  mauvaise réputation.

En 1779, il est nommé censeur royal* et est pensionnaire du roi aux Invalides. 
 
Antoine Parmentier s'intéresse également à tout ce qui concerne l'alimentation. Il invente une nouvelle méthode de panification pour les hôpitaux et les prisons et créé en 1780 une école de boulangerie avec Antoine Cadet de Vaux*
 
Il travaille à améliorer les farines issues de la châtaigne, du maïs et du du blé. Il s'appuie pour cela sur les travaux d'un nutritionniste, Claude de la Garaye*, qui a travaillé sur les fécules du pain et sur les produits laitiers.
Concernant l'hygiène, Parmentier va faire améliorer  les conditions d'exhumations, la qualité de l'eau dans les hôpitaux, l'entretien des fosses d'aisance, tous ces facteurs de propagation de maladies.
 
La révolution ne va pas ralentir son énergie débordante: il améliore la préparation des biscuits de mer à destination de la Marine; en 1795, avec Nicolas Appert*, il met au point la technique des conserves alimentaires par ébullition*. 
 
le biscuit de mer

 
En 1801, il travaille à mettre en service la première raffinerie de sucre de betterave.
De 1796 à 1813, il est inspecteur général du service de santé et il fait adopter la vaccination anti variolique par l'armée.
 
 
Inspecteur général du service de santé de 1796 à 1813, il fait adopter la vaccination antivariolique par l’armée et s’occupe des conditions d’hygiène sur les navires de la Marine. Il est l’un des créateurs de l’École de boulangerie en France en 1800.  

Il meurt d'une phtisie en 1813 et est enterré au cimetière du Père Lachaise.
 
Tombeau d’Antoine Parmentier au cimetière du Père-Lachaise. 



À la lecture de ce qui précède, Antoine Parmentier est vraiment un personnage hors du commun. 
Son énergie, sa créativité, sa volonté, sans oublier une modestie et une discrétion sans pareils, font de lui une sorte de héros quasi inconnu.
Dans ma bibliothèque, j'ai beaucoup de livres d'histoire de différents auteurs, mais aucun ne fait la moindre allusion à ce touche à tout de génie. 

Pourtant, nous lui devons le plaisir de manger des frites, du hachis, du gratin dauphinois, de la tartiflette, des galettes de pomme de terre, des gâteaux de pomme de terre au gruyère, des pommes de terre papillon ou papillote, un velouté de pommes de terre...
.
 

Merci Monsieur Parmentier
 
le gratin dauphinois

 

la tartiflette 

signature de Antoine Parmentier  



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dimanche 16 mai 2021

L'invention politique de la droite et de la gauche

 Gauche et droite sont les deux vocables le plus couramment utilisés pour désigner les champs politiques d'une démocratie, c'est-à-dire ceux d'un pays où le suffrage universel et la pluralité des opinions sont les règles absolues et incontournables, associées à des valeurs réellement démocratiques. Pour autant, on a pu dire que le régime de la Russie soviétique était de gauche et celui de l'Allemagne nazie était de droite.

Mais d'où viennent ces deux termes? C'est l'objet de mon billet d'aujourd'hui.


Michel Biard*, historien spécialiste de la Révolution Française, fait référence, sur France Culture*, à Philippe Buchez* et Pierre-Célestin Roux-Lavergne  et à leur monumentale "Histoire parlementaire de la Révolution Française" parue entre 1834 et 1838. 

 

 

 C'est donc à partir de cet ouvrage et de quelques autres que j'essaie d'expliquer  "le pourquoi du comment de choses". 


Mais auparavant, il faut effectuer un léger retour en arrière, c'est-à-dire en novembre 1788 quand Louis XVI décide de réunir les États Généraux l'année suivante. 


Jacques Necker

François Furet*, dans son ouvrage "la Révolution Française", note que: "Necker, en ouvrant la session, souligne le changement intervenu depuis 1614 et avance l'idée "d'équité" dans la représentation; ce qui signifie non seulement le doublement du tiers, mais la proportionnalité entre le nombre des représentés et leurs représentants."(1)
Il n'est pas inutile de rappeler que Jacques Necker* était alors ministre d'État et directeur général des finances. Cette déclaration suscite des commentaires indignés parmi la noblesse et le tiers-état pour qui la proportionnalité  renvoie "au concept d'individus porteurs de droits égaux dans la formation du pouvoir politique et d'une assemblée "nationale." (1)

Louis XVI
Nous savons tous que Louis XVI a convoqué les États Généraux pour, entre autre,  faire le point sur les finances du royaume, finances qui ne sont pas vraiment au beau fixe, sachant qu'une augmentation des impôts ne peut se faire qu'avec l'aval des trois ordres.
Il est important de rappeler que la noblesse dispose de 291 députés, le clergé de 270 et le tiers-état de 578. Mais le vote se faisant par ordre, les députés du tiers demandent un vote par tête, ce que refusent bien sûr les deux autres ordres. Et donc, il y avait de fortes probabilités que l'augmentation des impôts ne concernent que le tiers-état et que toute possibilité de réforme ne soit possible.

Le 5 mai 1789, au lendemain d'une procession dans les rues de Versailles et d'une messe dite par l'évêque de La Fare* et député du clergé, les États Généraux proprement dits commencent sous la présidence du roi Louis XVI.
La salle dite des "Menus Plaisirs"  a été aménagée dans l'urgence pour recevoir les délégations: en effet, recevoir 1139 députés, leurs collaborateurs et leurs invités n'a pas été une mince affaire.

 

l'ouverture des États Généraux le 5 mai 1789          

 

La salle prend la forme d'une sorte de rectangle et les députés seront placés selon le "règlement fait par le roi* pour l'exécution des lettres de convocation du 24 janvier 1789" et où l'article XXXIX stipule: "Dans les séances, l’ordre du clergé aura la droite, l’ordre de la noblesse occupera la gauche, et celui du tiers-état sera placé en face."
Il n'y a là aucune connotation ou volonté politique de la part du souverain, mais plutôt le respect d'usages anciens comme il le précise plus loin: "Entend, Sa Majesté, que la place que chacun prendra en particulier dans son ordre ne puisse tirer à conséquence dans aucun cas, ne doutant pas que tous ceux qui composeront ces assemblées n’aient les égards et les déférences que l’usage a consacrés pour les rangs, les dignités et l’âge."


 


Le tiers-état affirme sa volonté d'être représenté à la hauteur de son influence, c'est-à-dire le porte parole du peuple.

En janvier 1789, l'abbé Sieyès* avait écrit un texte: "qu'est-ce que le tiers-état?" où il répondait:
"qu'est-ce que le tiers-état? Tout. Qu'a t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique? Rien. Que demande t-il? À devenir quelque chose."(2)

 

 



Sans rentrer dans le détail, il faut néanmoins rappeler que le 10 juin 1789, Sieyès invite les deux autres ordres à rejoindre le tiers, ce que font des un tiers des nobles, des libéraux tels La Fayette* et Du Port*, et quelques membres du clergé.
Le 17 juin, toujours à l'initiative de Sieyès, ce groupe se proclame Assemblée Nationale. François Furet écrit: "C'est bien une autre souveraineté qui vient d'être baptisée: la Révolution est née." (3)

 
Pour autant, le vote n'est pas unanime et des pressions sont exercées sur les "réfractaires", comme le souligne Emmanuel de Waresquiel: "Il ne faudra que quelques heures avant que les députés "réfractaires" ne soient livrés à toutes les pressions possibles. Des listes d'opposants circuleront immédiatement dans Paris et ces derniers seront vite jetés en pâture à la vindicte publique."(4)
Et d'ajouter: "Les conditions extraordinaires qui accompagnent la proclamation de l'Assemblée nationale conduisent tout droit à la loi du même nom qui, le 17 septembre 1793, inaugurera la Terreur." (4)



Le 4 août 1789, la féodalité est abolie et le 26 seront proclamés les Droits de l'Homme et du Citoyen.

Le 28 août 1789,  pour facilité le décompte des voix, les députés de l'Assemblée nationale constituante se répartissent pour la 1ère fois géographiquement: il faut voter pour ou contre le droit de véto royal:

  • à droite pour le maintien absolu du véto du roi
  • à gauche pour une monarchie constitutionnelle sans véto du roi.
Ce que confirme Philippe Bustel dans son histoire de la Révolution Française: "Ce fut à la suite de cette séance que l’Assemblée se sépara définitivement en côté gauche et côté droit. Tous les partisans du veto allèrent s’asseoir à droite du président ; tous les antagonistes se groupèrent dans la partie opposée. Cette séparation rendait plus facile le calcul des voix dans le vote par assis et levé, qui avait été conservé. Depuis longtemps déjà, et dès avant la réunion des ordres, l'extrême gauche et l'extrême droite étaient devenues le point de réunion des députés les plus ardents  dans leurs opinions, alors opposées. (...) Les habitués des bancs de droite appelaient le côté gauche "coin du Palais-Royal. (...) Ce surnom lui était donné à titre d'injure." (5)
 
La notion qu'avait voulue Louis XVI à ce partage volait donc en éclat à partir de cette date. Et celles de droite et de gauche allaient prendre une signification politique qui allait s'accentuer au fil des années. Certes, pendant les deux empires, la restauration, la monarchie bourgeoise de Louis Philippe, cette distinction ne fut guère évoquée.
Il fallut attendre la proclamation de la République par Gambetta* le 4 septembre 1870 pour que gauche et droite retrouvent leur sens politique: à gauche, les républicains, à droite les monarchistes.
 
Suite aux élections législatives de février 1870, demandées sinon imposées par l'empire allemand, alors que ce même empire occupe une partie de la France, Philippe Levillain* écrit au sujet des députés réunis à Bordeaux: "Les voici donc rassemblés dans un théâtre à l'italienne. (...)  Dans la salle où ils siègent, les députés de droite se sont naturellement placés à la droite du bureau établi sur la scène et les députés de gauche à sa gauche." (6)
 
Dès lors, alors que la République s'installait définitivement, le débat politique allait opposer durablement la droite et la gauche. Nous savons aujourd'hui que ces oppositions droite-gauche n'existent que dans les seules démocraties. Celles où toutes les opinions peuvent s'exprimer. 
 
Pour conclure, permettez-moi de citer René Rémond*:
"Pour désirable qu'il puisse être, le consensus en politique est cependant une utopie. Il peut être un objectif légitime; il ne sera jamais que transitoire. (...) Il est des esprits pour reprocher à la politique d'entretenir, voire de susciter les divisions, comme si ce n'était pas sa fonction propre de les évoquer, et la responsabilité spécifique du pouvoir d'arbitrer entre les sollicitations qui l'assaillent. C'est son rôle et sa grandeur de faire des choix."  (7) 

Alors, ne faisons pas la fine bouche quand les indispensables débats entre partis de droite et partis de gauche prennent parfois l'allure de foire d'empoigne et qu'au final, une décision doit être prise.  

 

(1) in "la Révolution Française" de François Furet, éditions GLM pour Gallimard, 2007, page 278. 

(2) in "Histoire de France" de Marc Ferro, éditions GLM pour éditions Odile Jacob, 2001, page 207.

(3) in "la Révolution Française, page 290.

(4) in "Sept jours 17 - 23 juin 1789, la France entre en révolution" de Emmanuel de Waresquiel, éditions Tallandier, 2020, pages 142 - 143.

(5) in "Histoire de la Révolution française, journal des Assemblées nationales de 18_789 jusqu'à 1815, de Philippe Bustel, Gallica, tome 2, page 349.

(6) in "Histoires des droites en France" sous la direction de Jean François Sirinelli, Philippe Levillain, "les droites en République", éditions Gallimard, 1992, page 148.

(7) in "la politique n'est plus ce qu'elle était" de René Rémond, éditions Champs Flammarion, 1994, page 37.


 

  

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samedi 1 mai 2021

Frédérik STAPS, le jeune homme qui a essayé de tuer Napoléon 1er

 Plusieurs personnes ou organisations ont tenté d'assassiner Bonaparte, général, puis Premier Consul et Napoléon 1er, empereur. En particulier, lors de l'attentat de la rue Saint Nicaise*, le 3 Nivose, an IX (24 décembre 1800), le premier attentat terroriste selon plusieurs historiens.

L'objet de mon billet d'aujourd'hui concerne le seul individu qui a décidé, SEUL, le 12 octobre 1809, à Schönbrunn, de tuer Napoléon: Frédéric STAPS.


Staps est originaire de Saxe-Anhalt qui faisait partie de la Saxe avant d'être intégré au royaume de Prusse suite à la conférence de Vienne de 1815 qui avait redessiné l'Europe après que Napoléon ait été vaincu et exilé à Sainte Hélène.


C'est un garçon sans histoire, apprenti marchand et pendant un temps, admirateur de Napoléon, du moins jusqu'en 1809.

Je vous propose un bref retour en arrière chronologique pour rappeler où en était, de son parcours, l'empereur des Français.

Suite au Sénatus Consult du 28 Floréal an XII (18 mai 1904) au plébiscite du 14 Thermidor an XII (2 août 1804) par 3 521  675 oui contre2579 non), Bonaparte est proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er. 

Il se couronne lui-même le 11 Frimaire an XII (2 décembre 1804), date anniversaire de la victoire d'Austerlitz.*

la bataille d'Austerlitz

1809 se situe au moment de la cinquième coalition contre la France napoléonienne: Royaume Uni et Autriche. Sans oublier l'occupation française en Espagne où Joseph Bonaparte, installé sur le trône par son frère, doit faire face à la révolte du peuple espagnol, soutenue par l'Angleterre.
Après quelques défaites françaises, Napoléon reprend la main et vainc les Autrichiens à la bataille très meurtrière de Wagram le 6 juillet 1809.

l'artillerie française à Wagram


En réalité, cette victoire ne fut qu'une demi victoire, car faute d'une cavalerie suffisante, Napoléon n'a pas réussi à écraser l'armée autrichienne. Les troupes françaises perdirent 37500 hommes dont 27000 tués ou blessés et 10000 disparus ou prisonniers. Les troupes autrichiennes, elles, 41000 hommes dont 24000 tués ou blessés, 10000 disparus et 7500 prisonniers. 


Le 14 octobre 1809, la France et l'Autriche signent à Schönbrunn le traité qui met fin aux hostilités entre les deux pays, mais aussi, indirectement à la paix entre la Russie et la France.

l'Europe napoléonienne en 1810

C'est à ce moment que Staps va tenter de tuer l'empereur. 

Il était profondément convaincu que Napoléon était l'ennemi de la paix, mais aussi celui qui s'opposait à la construction de l'unité allemande. À cette époque, une vague de nationalisme envahissait l'Europe et remettait en cause la domination française.


Ainsi, Ferdinand von Schill* à la tête d'un corps franc ou Andreas Hofer* à la tête d'une insurrection dans le Tyrol furent les éléments précurseurs de mouvements politiques qui allaient combattre sur plusieurs fronts les troupes françaises d'occupation et fragiliser ainsi le pouvoir napoléonien sans oublier la révolte espagnole.


Dans son ouvrage, "Napoléon", Jean Tulard* écrit: "Les conquêtes extérieures paraissaient tout aussi menacées que les conquêtes intérieures: une vague de nationalisme soulevait l'Europe contre la France. Les plus lucides ne s'y trompaient pas. De redoutables craquements lézardaient l'empire, en dépit des victoires remportées "à la Pyrrhus" sur le Danube. Il devenait de plus en plus difficile de contenir l'Europe." (1)

Frédéric Staps réussit à s'approcher assez près de Napoléon, prétextant vouloir lui remettre une pétition. Mais, il est arrêté dans son élan par le général Berthier*, puis fouillé. C'est alors que l'on découvre qu'il portait un poignard. Il revendique clairement qu'il voulait attenter à la vie de l'empereur français. 

Frédéric Staps, qui a tenté d'assassiner Napoléon, est interrogé par l'Empereur en présence de Corvisart.

Celui-ci est très surpris que quelqu'un puisse vouloir le tuer. Il engage avec le jeune allemand un dialogue surprenant quand on connait le caractère de Napoléon.
Dans le lien ci-après, la totalité du dialogue entre l'empereur et Staps: https://www.napoleon-empire.net/personnages/staps.php

Jean Tulard cite Champagny*: "Le poignard levé sur lui ne l'effrayait pas, mais il lui révélait la disposition des peuples de l'Allemagne, leur besoin de paix et leur disposition à faire, pour l'obtenir, tous les sacrifices." (é)

Staps sera fusillé le 17 octobre 1809 en criant: "
« Vive la liberté ! Vive l'Allemagne ! Mort à son tyran ! »

Cette tentative d'assassinat eut une conséquence immédiate: Napoléon prit conscience qu'il n'avait pas d'héritier pour lui succéder. Même si, dès l'origine, l'empire avait été déclaré héréditaire. 


Napoléon-Charles (1802-1807)

L'impératrice Joséphine de Beauharnais n'ayant pu avoir d'enfant, Napoléon n'avait pas d'héritier. Il avait considéré que le fils de son frère Louis* et de Hortense de Beauharnais, Napoléon-Charles*, né en 1802, devrait lui succéder. Mais l'héritier présomptif est décédé en 1807.
 
Napoléon 1er décide donc de répudier Joséphine et de chercher une autre femme qui lui donnera un héritier.
Des négociations furent entreprises, d'abord avec la Russie, mais surtout avec l'Autriche où la fille de l'empereur François 1er, Marie Louise*, était disponible.
Le mariage fut célébré les 1er et 2 avril 1810 et le 20 mars 1811 naissait à Paris Napoléon François Joseph Charles Bonaparte, prince impérial sous le nom de Napoléon II*.

 

Napoléon, Marie Louise et Napoléon-Charles

  
Napoléon II, roi de Rome, prince héritier de France et d'Italie et empereur des Français.

Ainsi, le geste aussi courageux que suicidaire d'un jeune allemand a, d'une certaine manière, fait douter Napoléon 1er en lui rappelant que la pérennité de la dynastie qu'il avait créée de toutes pièces n'était pas assurée.
L'empereur des Français a donc épousé une princesse autrichienne dont la grand tante, Marie Antoinette, avait été guillotinée le 16 octobre 1793 par la Convention, cette Convention  qui nommera Napoléon Bonaparte général de Brigade le 22 septembre 1793.


ps: sur ARTE TV, jusqu'au 26 juin, une excellente émission que je me permets de vous recommander:

 https://www.arte.tv/fr/videos/095778-000-A/napoleon-la-destinee-et-la-mort/

 

 

(1) in "Napoléon" nouvelle édition, revue et augmentée, de Jean Tulard, éditions Fayard, 1987,  page 360.

(2) ibid page359.




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Soixante ans..... Déja!!!!

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