dimanche 25 décembre 2016
vendredi 11 novembre 2016
Réhabiliter "les fusillés pour l'exemple"
Nous commémorons aujourd’hui le
98ème anniversaire de l’armistice qui a mis fin à cette guerre qui fut
une gigantesque boucherie, mais aussi à une guerre qui fut considérée à
raison comme « le suicide de l’Europe ».
Paul Valéry écrivait en 1919: « Nous autres, civilisations, nous savons que nous sommes mortelles ». Ce qui était vrai à cette époque est tout aussi vrai aujourd’hui, à l’aube de ce XXIème siècle.
Paul Valéry écrivait en 1919: « Nous autres, civilisations, nous savons que nous sommes mortelles ». Ce qui était vrai à cette époque est tout aussi vrai aujourd’hui, à l’aube de ce XXIème siècle.
Donc, dans chaque village de
France, des hommages ont été rendus à ces centaines de milliers de
morts, de disparus, de blessés, d’invalides. Mais aussi à ces milliers
de veuves et d’orphelins. Hommages mérités. Hommages indispensables pour
que ne soit jamais oubliés leurs sacrifices. Pour que ne soit jamais
oubliées les horreurs du militarisme outrancier qui ont conduit à ces
massacres, à ces tueries. « Plus jamais ça » disait-on après novembre
1918. Hélas, vingt et un ans plus tard, nouvelle guerre, nouveaux
massacres, nouvelles tueries. Mais cela, nous le savons.
Donc, hommages ont été rendus à
toutes les victimes. Non, pas à toutes. Tous ceux qui ont été fusillés
pour l’exemple pendant cette première guerre mondiale sont toujours les
grands absents, les oubliés volontaires de la mémoire collective. Ou
plus exactement ceux que les pouvoirs politiques depuis 98 ans ont
volontairement occultés, par lâcheté ou par idéologie ou par conformisme
ou par bêtise. En réalité, tout cela à la fois.
honneur aux soldats anglais |
Chez nous, rien. Lionel Jospin,
premier ministre a bien demandé une telle réhabilitation. Mais refus du
président Chirac qui ne trouvait pas cela « opportun »
Mais personne n’a trouvé
inopportun de décorer le général Nivelle des plus hautes décorations
civiles et militaires et de l’enterrer aux Invalides!
Personne n’a trouvé inopportun de combler d’honneurs et de médailles tous les officiers généraux qui ont envoyé délibérément à la mort des milliers de soldats pour reprendre à l’ennemi quelques mètres carrés, aussitôt perdus le lendemain!
Personne n’a trouvé inopportun de rétablir dans leurs grades, leurs honneurs et leurs pensions les militaires félons de l’OAS qui, ne l’oublions pas, ont du sang sur les mains, du sang de français et d’algériens. Sans compter les multiples tentatives d’assassinat du chef de l’Etat! Personne!
Personne n’a trouvé inopportun de combler d’honneurs et de médailles tous les officiers généraux qui ont envoyé délibérément à la mort des milliers de soldats pour reprendre à l’ennemi quelques mètres carrés, aussitôt perdus le lendemain!
Personne n’a trouvé inopportun de rétablir dans leurs grades, leurs honneurs et leurs pensions les militaires félons de l’OAS qui, ne l’oublions pas, ont du sang sur les mains, du sang de français et d’algériens. Sans compter les multiples tentatives d’assassinat du chef de l’Etat! Personne!
Réhabiliter aujourd’hui tous ces
malheureux serait, de la part de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui
comme ceux qui nous gouvernerons demain, serait faire preuve de
patriotisme. Oui, de patriotisme. Parce que c’est quoi, le patriotisme?
Parce que le patriotisme, c’est d’abord et avant tout aimer son pays.
Eventuellement, de mourir pour lui.
J’ai eu l’occasion de travailler sur des lettres de soldats écrites à leurs familles pendant le conflit. Tous, je dis bien tous, étaient des patriotes. Tous voulaient défendre la patrie. Tous! Mais aucun ne réclamait de mourir pour elle. Ils acceptaient cette possibilité, mais aucun, sciemment, ne voulait mourir.
A cet égard, « les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914 – 1918″ sont un témoignage exceptionnel.
La dernière tentative de réhabilitation collective a été tentée par le sénateur Fischer en décembre 2012 a été rejetée par la majorité sénatoriale le 19 juin 2014. Quelle honte!
J’ai eu l’occasion de travailler sur des lettres de soldats écrites à leurs familles pendant le conflit. Tous, je dis bien tous, étaient des patriotes. Tous voulaient défendre la patrie. Tous! Mais aucun ne réclamait de mourir pour elle. Ils acceptaient cette possibilité, mais aucun, sciemment, ne voulait mourir.
A cet égard, « les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914 – 1918″ sont un témoignage exceptionnel.
La dernière tentative de réhabilitation collective a été tentée par le sénateur Fischer en décembre 2012 a été rejetée par la majorité sénatoriale le 19 juin 2014. Quelle honte!
Alors, quand des tribunaux
militaires jugeaient des soldats soi disant coupables de trahison, des
soldats qui se seraient volontairement blessés, ils les condamnaient à
mort. Sans appel. Après des procès où la sentence étaient décidées à
l’avance puisqu' »Il s’agit moins de punir un coupable que d’empêcher par la sévérité de la répression la contagion du mal. »
98 ans après cette abomination
que fut cette guerre, il serait temps de tourner la page. De réintégrer
dans la communauté des morts pour la France tous ces soldats qui n’ont
sans doute pas été des héros, mais qui étaient des victimes, tout comme
l’étaient les 1 400 000 morts, les 4 266 000 blessés de France. Comme
les 9 720 000 morts, les 21 228 000 blessés du monde entier.
Quelques communes ont eu ce
courage d’inscrire sur le monuments aux morts les noms de ceux qui ont
été « fusillés pour l’exemple. » C’est formidable, mais cela ne suffit
pas pour les réintégrer dans la communauté nationale. C’est aux plus
hautes autorités de l’Etat de la faire.
mercredi 9 novembre 2016
les américains avaient à choisir entre...
les américains avaient à choisir entre Clinton et Trump. Ils ont choisi Trump. Les français auront Le Pen..
Vous voudrez bien excuser cette paraphrase de ce qu'avait déclaré W. Churchill
en septembre 1938. Mais c'est ce qui m'est venu à l'esprit dès ce
matin, quand à la radio, aux infos de 07h00, me sont parvenus les
premiers résultats qui plaçaient D. Trump en "position de ballotage très
favorable". (G. Erner)
Pourquoi,
me direz-vous, un tel lien? Parce que la réalité du programme de D.
Trump est un programme de société, les programmes politiques ou
économiques viennent loin derrière. Tout comme celui de Mme Le Pen. Et
pour appuyer ce projet, ils développent un populisme de combat, où
l'outrance, la démagogie, le mensonge, l'insulte sont les arguments
majeurs.
Peu importe qu'il sera impossible de financer tel ou tel
projet; peu importe qu'il sera impossible de revenir sur tel ou tel
engagement international; peu importe qu'il sera impossible d'ériger des
murs tout autour du territoire. Non, ce qui importe, c'est de dire que
leurs adversaires sont tous et toutes issus de "l'établishment", des
élites, que ce sont tous des pourris. Que eux seuls savent parler au
peuple dans un langage que lui seul peut comprendre. Ah, peuples, que de
mensonges, que d'âneries on peut dire en votre nom!!!
Pour
revenir au lien que je fais entre ces deux populistes, D. Trump et M.
Le Pen, il n'est que de revenir sur les félicitations que la présidente
du FN a envoyé à Mr Trump avant même l'annonce de sa victoire. Mais
aussi celles de Mme Maréchal Le Pen et de Mr JM Le Pen. Leur
satisfaction, leur bonheur avaient quelque chose de pathétique, une
sorte d'orgasme politique en quelque sorte.
Un autre prétendant, chez nous, à la magistrature suprême, a même déclaré que le peuple américain avait rejeté "la pensée unique"...
Et donc, je me dis que si le populisme a triomphé aux USA, et de quelle manière, il peut aussi triompher chez nous, en mai prochain.
Parce que le populisme, ne l'oublions pas, c'est un discours tenus par ceux qui affirment défendre les intérêts du peuple contre les élites. Même et surtout s'ils en sont les purs produits. Mr Trump et Mme Le Pen ne viennent ni du prolétariat ni de la classe moyenne. Tout comme d'ailleurs l'ancien maire de Neuilly.
Beaucoup
des discours qui nous sont servis en vue de l'élection présidentielle
en 2017 sont directement issus du populisme. Ils viennent de certains à
gauche, mais surtout de beaucoup à droite. Les uns et les autres veulent
faire notre bonheur, même contre nous.
Quoi que
l'on puisse en penser, l'élection de Mr Trump, et avec lui, celle d'une
majorité républicaine dans les deux chambres, cette élection donc va
faire rentrer le monde dans une grande période d'incertitudes et de
dangers. A cela, il faut ajouter les populismes à l'oeuvre dans certains
pays européens, populismes partisans de pouvoirs autoritaires et
rétrogrades, qui font de l'étranger - européen ou pas - le bouc
émissaire et qui rêvent d'un retour à l'ordre moral.
Et bien sûr, chez nous, tous ces gens que l'élection de D. Trump galvanise. Nous ne sommes nullement à l'abri de leur soif de pouvoir autoritaire, nullement à l'abri d'une contagion qui nous viendrait d'outre Atlantique.
Tout cela n'incite guère à l'optimisme et il m'arrive de céder au découragement.
Alors, pour conclure, permettez-moi de citer Alexis de Tocqueville, qui a, il y a plus d’un siècle et demi, si bien compris ce qu’étaient les Etats Unis:
"pendant longtemps, ils empêcheront qu'aucun despotisme ne puisse s'asseoir, et ils fourniront de nouvelles armes à chaque génération nouvelle qui voudra lutter en faveur de la liberté des hommes.
Ayons donc de l'avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les coeurs et les énerve."(1)
"pendant longtemps, ils empêcheront qu'aucun despotisme ne puisse s'asseoir, et ils fourniront de nouvelles armes à chaque génération nouvelle qui voudra lutter en faveur de la liberté des hommes.
Ayons donc de l'avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les coeurs et les énerve."(1)
(1)
"de la Démocratie en Amérique", de Alexis de Tocqueville, 1840, livre
II, chapitre VII, éditions Gallimard, collection de la Pléiade.
"Angèle Cartier"
jeudi 27 octobre 2016
lundi 12 septembre 2016
un "tipi" aux Panissières
en juillet dernier, j'ai visité, avec trois de mes princesses, le marais de Sailles, près de Crêt en Belledonne, sous la houlette de Annayk T. responsable de l'écologie locale. J'ai ainsi découvert l'existence de "tipi", refuge provisoire d'insectes en tout genres, de petits rongeurs, de petits et moyens carnassiers, les uns dégustant les autres, histoire de faire vivre la chaine alimentaire.
Dans un prochain billet, avec l'aide d'Annayk, je vous en dirai plus sur ces "tipi"...
En attendant quelques photos de celui réalisé par mes soins la semaine dernière.
lundi 11 juillet 2016
bravo mes Princesses
une belle réussite en 1ère année de droit et donc un brillant passage en seconde année;
deux brillants succès (avec mentions à la clé) au brevet des collèges et donc un tout aussi brillant passage au lycée;
une très belle année de CM2 et donc un brillant passage en 6ème.
bravo mes Princesses: nous sommes fiers de vous!
dimanche 29 mai 2016
Les 55 oubliés de la bataille de Verdun.
Tout a été dit sur cette gigantesque boucherie qu'a été la bataille de Verdun.
Tout
ou presque. Tout, c'est-à-dire les combats meurtriers, l'héroïsme des
combattants, leurs peurs, leurs sacrifices, l'inhumanité de leurs
conditions de vie et de mort. Tout, c'est-à-dire les ordres et les
contre ordres qui envoyaient à la tuerie des dizaines de milliers de
soldats pour quelques mètres, gagnés le lundi et perdus le mardi. Tout,
c'est-à-dire la folie meurtrière de la guerre, cette abomination qui
habite l'homme au plus profond de lui.
Presque,
c'est-à-dire que personne n'évoque, ne parle des 55 pauvres bougres,
"fusillés pour l'exemple" et qui n'ont toujours pas été réhabilités.
Presque, c'est-à-dire que l'on se gave de mots et de belles formules
pour célébrer le courage des combattants, français et allemands, mais
que, volontairement, ces mêmes beaux-parleurs passent à la trappe la
mémoire de 55 soldats que la justice militaire de l'époque a condamné au
terme de procès iniques.
Mon
propos, dans ce billet, n'est pas de rentrer dans les détails de ces
condamnations. Pour autant, il faut garder à l'esprit que faire passer
en conseil de guerre un soldat était d'abord et surtout comme l'affirme
un rapporteur devant un conseil de guerre: "Il s'agit moins de punir un coupable que d'empêcher par la sévérité de la répression la contagion du mal." (1) A partir de là, tout est dit.
l'exécution d'un condamné devant tout le régiment |
La
faute, ou supposée telle, doit être punie et donc faire peur. Le
condamné sera fusillé devant le régiment selon un rite quasiment
religieux: "Réelle,
la violence de l'exécution était aussi symbolique par le cérémonial
imposé aux soldats. Son déroulement était réglé par les autorités
militaires avec une précision comparable aux grands rituels du pouvoir
et de l'Eglise. La participation de toute la société militaire
(officiers, soldats, médecins militaires, aumôniers...) procédait de la
pédagogie de l'exemple. Chacun jouait son rôle, écrit et limité à
l'avance." (2)
Après
la guerre, de nombreuses voix d'anciens combattants se sont élevées
pour demander que tous soldats condamnés par des conseils de guerre
soient réhabilités. Sans succès. Sans doute, les politiques de l'époque
jugeaient-ils qu'il était difficile de contrarier la haute hiérarchie de
l'armée, laquelle était farouchement opposée à la moindre
réhabilitation. Mais bien entendu, il n'était pas question de remettre
en cause les méthodes de commandement, les offensives aussi inutiles que
meurtrières, les erreurs grossières de stratégie, bref toutes les
fautes du haut commandement.
Louis Barthas |
Quand on pense que le général Nivelle*
a été fait Grand Croix de la Légion d'Honneur en 1920, qu'il a reçu la
Médaille Militaire en 1921 et qu'en 1931, son corps fut transféré aux
Invalides, je ne peux m'empêcher de citer Louis Barthas*: "Quels
châtiments auraient donc mérité ces généraux inhumains, artisans de la
défaite puisqu'ils gâchaient, gaspillaient, exposaient à la souffrance
et à la mort tant d'existences précieuses?"(3)
Aujourd'hui,
hélas, ces réhabilitations ne sont pas toujours à l'ordre du jour. Même
s'il est exact que quelques cas, bien trop rares, ont été réglés.
A
Craonne*, le 5 novembre 1998, Lionel Jospin, Premier Ministre de
Jacques Chirac, avait prononcé un long discours où il exaltait le
courage des combattants, mais aussi où il souhaitait que cet hommage
concerne aussi tous les soldats fusillés: "Que
ces soldats, " fusillés pour l'exemple ", au nom d'une discipline dont
la rigueur n'avait d'égale que la dureté des combats, réintègrent
aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale. "
Aussitôt, tout ce que la droite et l'extrême droite comptent de
donneurs de leçons de patriotisme à la petite semaine s'élevèrent contre
ce discours jugé "déshonorant" et "insultant" pour la mémoire. Les
mêmes n'ont pas jugé utile de demander à ce que les médailles du
"boucher du chemin des Dames" lui soient retirées.
Au-delà
des mots des uns ou des autres, les actes ne suivent pas. Les 639
"fusillés pour l'exemple", dont les 55 de Verdun, pendant le première
guerre mondiale, n'ont toujours pas été réintroduits dans la communauté
des victimes de cette abominable tuerie. Il serait grand temps que nos
parlementaires, surmontant leur différences politiques, aient le courage
et l'audace de rétablir l'honneur de ces "fusillés pour l'exemple."
Pour conclure, je cite ici un passage de l'article de la Libre Pensée publié dans Médiapart le 24 février 2016: "Parce
que le peuple souverain, c’est la République en marche, parce que nous
sommes aussi la République, au nom de l’Humanité nous proclamerons que
les 639 Fusillés pour l’exemple (dont les 55 de Verdun) sont réhabilités
collectivement, qu’ils n’ont ni fauté ni trahi. Ils étaient des hommes
au Front sous les bombes, les obus et la mitraille. Ils étaient dans la
boue, le sang et l’horreur des tranchées. Ils ont dit NON à la mort
inutile. Ils ont dit NON à des ordres imbéciles aboyés par une
hiérarchie militaire qui se souciait comme d’une guigne de la vie
humaine."
* clic sur le lien
(1) in "Fusillés" de Jean-Yves Le Naour, éditions Larousse, 2010, page 19, note 30.
(2) in "les fusillés de la Grande Guerre" de Nicolas Offenstadt, éditions Odile Jacob, 1999, 201.
(3) in "les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914 - 1918, éditions du centenaire, 2013, page 244. (première édition par la Librairie François Maspéro, 1978)
(2) in "les fusillés de la Grande Guerre" de Nicolas Offenstadt, éditions Odile Jacob, 1999, 201.
(3) in "les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914 - 1918, éditions du centenaire, 2013, page 244. (première édition par la Librairie François Maspéro, 1978)
de Claude Bachelier
aux éditions Zonaires: www.zonaires.com
aux éditions Zonaires: www.zonaires.com
samedi 30 avril 2016
"Salauds de pauvres" (3)
Les deux premiers articles que j'avais écrit sur ce thème étaient consacrés à Mr Laurent Wauquiez, à cette époque ministre des affaires européennes*, puis ministre de l'enseignement supérieur*
dans le gouvernement de Mr Fillon. Lequel Wauquiez est aujourd'hui
président de la région Rhône Alpes Auvergne, député de la Haute Loire et
secrétaire général délégué du parti LR de Mr Sarkozy. Il se faisait et
se fait toujours le pourfendeur de ce que lui et ses amis appellent
l'assistanat.
Mais ce n'est pas à lui que je vais consacrer mon billet de ce jour mais à Bruno Le Maire,* député de l'Eure et candidat à la primaire de "la droite et du centre".
Il est né en 1969, a fait de
brillantes études: Ecole Normale Supérieure (reçu premier à l'agrégation
de lettres modernes) Sciences Po et l'ENA. Il a commencé sa carrière au
sein du ministère des Affaires Etrangères. Il a été un très proche
collaborateur de Mr de Villepin, de 1998 à 2007. Il a ensuite été
ministre de 2008 à 2012 dans le gouvernement de Mr Fillon. Donc une
longue carrière politique classique commencée à 29 ans.
Candidat déclaré à la primaire de "la droite et du centre", il se veut le candidat du renouveau et du renouvellement: "le renouveau, c'est Bruno" peut-on lire sur le tee-shirt de ses soutiens.
Alors, pour étayer cette prétention, il lui arrive de tomber la cravate, mais surtout de prononcer tous ses discours en relevant ses bras de chemise. A tel point que lors du congrès de son parti en 2015, alors qu'il montait à la tribune pour lire son discours, son "ami" Brice Hortefeux lui a demandé: "tu viens de faire la vaisselle?*" Ambiance...
Alors, pour étayer cette prétention, il lui arrive de tomber la cravate, mais surtout de prononcer tous ses discours en relevant ses bras de chemise. A tel point que lors du congrès de son parti en 2015, alors qu'il montait à la tribune pour lire son discours, son "ami" Brice Hortefeux lui a demandé: "tu viens de faire la vaisselle?*" Ambiance...
Mais ce qui m'amène aujourd'hui à
poser ma plume sur lui n'est pas son parcours, somme toute aussi
classique que banal dans notre classe politique, ni pour ses tenues
vestimentaires, elles aussi classiques et banales.
Non, ce sont ses déclarations et intentions concernant les titulaires du RSA: il propose que les départements puissent*, je cite: « avoir la possibilité d’avoir accès aux comptes bancaires des bénéficiaires du RSA pour s’assurer que chaque bénéficiaire touche bien le montant dont il a besoin et qu’il n’y a ni gabegie, ni fraude ». Et il ajoute: "Je veux que chaque euro d’aide sociale aille à ceux qui en ont besoin."
Dans la même déclaration, il n'hésite pas à affirmer sur le ton martial qui convient: "le RSA est un minima social qui s’applique à une situation d’urgence. Or, quand on a 12 000 euros sur son compte en banque, on n’est pas dans l’urgence. » Sans invoquer les entreprises bénéficiaires, entre autres du CICE, qui perçoivent des millions d'euros d'argent public alors qu'elles dégagent des résultats faramineux, qu'elles font des ponts d'or à leurs dirigeants, même quand ils échouent, et distribuent des montagnes de dividendes à leurs actionnaires. Mais pour Mr Le Maire, un pauvre doit être pauvre!
on ne peut que souscrire à une telle ambition: aider ceux qui en ont besoin tout en contrôlant le bon usage des deniers publics.
Mais ce qui pose question, c'est que les soucis de bonne gestion de Mr Le Maire s'adressent une fois de plus aux démunis, aux pauvres: pour mémoire, le montant du RSA* est de 549 € pour une personne seule, 1121 € pour une personne seule avec deux enfants.
Ajoutons que près d'une personne sur deux qui pourrait prétendre au RSA n'en fait pas la demande...
Le montant des fraudes aux diverses prestations sociales est de 143 millions d'euros, incluant celles du RSA qui se situent à peu près à 40 millions. Rapportée aux 9,3 milliards versés aux 2 500 000 allocataires fin 2015, cela reste limité. Et rapportée aux 40 milliards de la fraude fiscale estimée en France, c'est une goutte d'eau dans l'océan!
Cela posé, que l'on se comprenne bien: je suis convaincu autant
que quiconque qu'il convient de traquer les fraudes, toutes les
fraudes, mais cependant que l'on ne mette pas plus d'énergie à traquer
les voleurs de pommes que les costumes cravates!
J'ai cherché sur le blog de Mr
Le Maire et un peu partout sur les différents médias ses positions, ses
propositions suite aux révélations des "panama papers". Rien, pas une
ligne, pas un mot.
Pourtant, dans le souci qui est le sien et que l'on peut supposer sincère, qui est de pourchasser "les fraudes et la gabegie", rien qui puisse, dans ses déclarations, faire apparaitre une colère ou une condamnation de pratiques iniques qui permettent à une minorité de s'enrichir sans limites! "Qui ne dit mot consent" dit le dicton. J'ai quand même du mal à imaginer que Mr Le Maire puisse être d'accord avec ces fraudes. Mais alors pourquoi ne dit-il rien? Et inversement, pourquoi cet acharnement sur les allocataires du RSA?
Pourtant, dans le souci qui est le sien et que l'on peut supposer sincère, qui est de pourchasser "les fraudes et la gabegie", rien qui puisse, dans ses déclarations, faire apparaitre une colère ou une condamnation de pratiques iniques qui permettent à une minorité de s'enrichir sans limites! "Qui ne dit mot consent" dit le dicton. J'ai quand même du mal à imaginer que Mr Le Maire puisse être d'accord avec ces fraudes. Mais alors pourquoi ne dit-il rien? Et inversement, pourquoi cet acharnement sur les allocataires du RSA?
Même chose pour les millions
d'euros donnés aux entreprises, y compris et surtout celles qui font des
bénéfices, dans le cadre du CICE*:
Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi, institué en 2013.
Pour l'année 2014, 24 grandes entreprises ont perçu 1,6 milliard
d'euros, et cela sans le moindre justificatif et encore moins
d'obligation de résultats. Rappelons que ce CICE a pour but, entre
autres de favoriser "la recherche et l'innovation". On peut quand même
se demander si certaines entreprises font vraiment, "de la recherche et
de l'innovation". La liste des entreprises bénéficiaires* répond à la question posée.
A ce sujet, B. Le Maire n'a aucune interrogation: lui si prompt à dégainer sur la "gabegie" reste muet sur le sujet.
Plus généralement, il s'exprime peu sur les allègements divers et variés consentis aux entreprises en terme de réduction d'impôts ou de cotisations sociales; et pourtant, là encore, il n'y a ni obligations de résultats, ni d'ailleurs de résultats. Là-aussi, il reste muet... Sauf à dire que, lui président, il ne négociera pas avec les syndicats*: Monsieur Trump, aux USA, ne dit pas autre chose!
Il ajoute, dans cet interview: "je
veux donner la garantie absolue aux contribuables que les aides
sociales sont justifiées" et "que l’argent va où on en a besoin".
Là encore, noble souci de l'argent public. Mais cela m'a amené à m'interroger sur l'argent public que lui, Bruno Le Maire, perçoit en tant qu'élu du peuple, en tant que député. Des sommes conséquentes mais, me semble t-il, justifiées eu égard à l'importance du mandat et aux responsabilités propres à chaque élu.
Là encore, noble souci de l'argent public. Mais cela m'a amené à m'interroger sur l'argent public que lui, Bruno Le Maire, perçoit en tant qu'élu du peuple, en tant que député. Des sommes conséquentes mais, me semble t-il, justifiées eu égard à l'importance du mandat et aux responsabilités propres à chaque élu.
Je suis donc allé jeter un oeil sur l'activité parlementaire du pourfendeur de la gabegie. Et pour cela, je suis allé sur les sites: https://www.nosdeputes.fr/bruno-le-maire/graphes/lastyear et http://www2.assemblee-nationale.fr/deputes/fiche/OMC_PA331481.
Je vous laisse examiner en
détail sa présence au cours des différentes sessions, sa participation à
la commission des finances et ses prises de paroles. Lui l'opposant
farouche au cumul des mandats (c'est sans doute le seul point d'accord
que j'ai avec lui), devrait être, me semble t-il, plus présent dans
l'hémicycle puisqu'il est seulement député. Or, ce n'est quand même pas
tout à fait le cas: d'après le site https://www.nosdeputes.fr/synthese,
il se situe souvent dans les 150 derniers pour les différentes
activités: 3 présences à la commission des finances et pas
d'interventions et 11 semaines d'activités quand les meilleurs en sont à
38 ou 39...
Je ne veux pas me livrer à des calculs de boutiquier, mais je m'interroge quand même sur la pertinence de sa rémunération au regard de son activité parlementaire. Lui qui veut donner aux contribuables la certitude que leur argent est bien employé ne donne pas vraiment l'exemple. Serait-il un adepte du "faites ce que je dis, pas ce que je fais", très en vogue chez les puissants?
Je ne veux pas me livrer à des calculs de boutiquier, mais je m'interroge quand même sur la pertinence de sa rémunération au regard de son activité parlementaire. Lui qui veut donner aux contribuables la certitude que leur argent est bien employé ne donne pas vraiment l'exemple. Serait-il un adepte du "faites ce que je dis, pas ce que je fais", très en vogue chez les puissants?
Le populisme et la démagogie
sont les défauts les mieux partagés par les différentes classes
politiques partout dans le monde. La France en la matière ne fait pas
exception, loin s'en faut. Ces populistes et ces démagogues se veulent à
l'écoute des peuples, mais ne les entendent pas.
Aux prétextes
fallacieux d'aller vers davantage de progrès ou de croissance, ils
mettent en place, quand ils arrivent au pouvoir, des politiques
d'austérité dont chacun peut mesurer qu'elles ne font qu'accentuer
misères et précarités. C'est vrai chez nous, mais pas que.
Bruno Le Maire, hélas, fait
partie de ces gens. Certes, il n'est d'aucun extrêmes, ni de gauche ni
de droite. Pour autant, son approche populiste du débat politique, ses
discours démagogiques, les méthodes autoritaires qu'il prétend mettre en
application s'il devait arriver au pouvoir, son mépris affiché de ses
adversaires, y compris au sein de son propre camp, sans parler de son
programme politique ultra réactionnaire et de son programme économique
ultra libéral.
Tout cela m'amène à penser que cet homme est dangereux!
* clic sur le lien
* clic sur le lien
de Claude Bachelier
www.zonaires.com
mercredi 6 avril 2016
une correspondance de 1902 de la baronne des Panissières
Qui aurait pu penser que les gens des Panissières avaient du sang bleu dans les veines?
en allant sur "présentation" puis "agrandir le texte seulement", vous pourrez lire cette correspondance plus facilement.
un texte que mes amis Noëlle et Jean Pierre Macian ont découvert dans "La Chronique d'Allevard Les Bains 1902" (Hebdomadaire illustré. Directeur Docteur BOËL) et qu'ils ont eu la gentillesse de me faire parvenir.
dimanche 6 mars 2016
le moulin à huile de Tencin
Le moulin à huile de Tencin existe depuis 1875. Mis à part une
assez longue interruption entre 1914 et 1945, ce moulin fonctionne
toujours avec quasiment les mêmes équipements, dont la lourde meule
broie les cerneaux dans le socle, issu d'un rocher du col du Coq. C'est
un système de courroie, lui aussi très ancien, qui actionne la meule.
la meule actionnée par des courroies |
Puis,
une fois les cerneaux broyés, Jacques, l'opérateur expérimenté dépose
la pâte sur la "poêle" où il s'agit de griller légèrement la pâte afin
d'éliminer l'eau encore contenue dans le cerneau. Tout l'art consiste à
griller juste comme il faut, ni trop, ni trop peu.
Jacques |
"la poêle" |
Ensuite, la pâte ainsi chauffée est posée dans le pressoir, lequel pressoir exercera une pression de 600 tonnes pour extraire une huile aussi pure que savoureuse. Il faut à peu près 2 kilos de cerneaux pour faire un litre d'huile.
le pressoir |
Jacques enlève ensuite du pressoir une grosse galette appelée "tourteau", ou "toule", lequel tourteau sera soit repassé sous la meule pour une seconde pression, soit utilisée pour l'alimentation animale.
à gauche les plaques de tourteau |
Le moulin à huile de Tencin est certes une petite unité, ce qui ne l'empêche pas de produire 4000 litres d'huile par an, à partir de la production des agriculteurs locaux ou de particuliers, dont Monique L. qui m'a fait l'amitié d'ajouter les quelques noix de notre production aux siennes et de me faire connaitre ainsi le moulin de Tencin et Jacques, le sympathique maitre des lieux.
Jacques, le maitre des lieux |
Les productions des particuliers ne sont pas incluses dans le label "La noix de Grenoble",
cette dernière bénéficiant d'une AOC depuis 1938, mais aussi, depuis
1996, d'une AOP, Appellation d'Origine Protégé, décernée par l'Union
Européenne. C'est dire si sa qualité est reconnue.
En 2010, 10130 tonnes de noix avaient été produites par 1100 agriculteurs sur une aire géographique de 7000 hectares, en Isère.
En 2010, 10130 tonnes de noix avaient été produites par 1100 agriculteurs sur une aire géographique de 7000 hectares, en Isère.
"Angèle Cartier"
de Claude Bachelier
www.zonaires.com
dimanche 14 février 2016
Abbé Pierre, Geneviève de Gaulle – Anthonioz, revenez, ils sont devenus fous!
l'abbé Pierre |
Geneviève de Gaulle - Anthonioz |
Si, pour écrire ce billet, j'en
appelle aux mannes de ces deux illustres personnages, c'est parce qu'ils
ont été et sont encore des références citées en permanence par les
différentes personnalités politiques qui nous ont gouverné et nous
gouvernent encore.
Le premier a été fait Grand Croix de La légion d'honneur par le Président Chirac en 2004. Lorsqu'il a appris le décès de l'abbé Pierre, le 22 janvier 2007, le Président à déclaré: "La France perd une immense figure, une conscience, une incarnation de la bonté. Il représentera toujours l'esprit de révolte contre la misère, la souffrance, l'injustice et la force de la solidarité".
Le 30 janvier, à l'Assemblée Nationale, Jean Louis Borloo, alors ministre du logement, déclarait: "Le plus bel hommage sera le vote prochain par les parlementaires, dont il fut, de la loi sur le logement opposable, une loi qui pourrait porter son nom, une manière de maintenir toujours vivante sa mémoire et son action "
A ses obsèques, toute la fine fleur du personnel politique était là: de D. de Villepin à N. Sarkozy; de B. Delanoë à V. Giscard d'Estaing; de Jack Lang à F. Bayrou. Sans oublier le Président, bien sûr.
La seconde, Présidente d'ADT Quart Monde*,
elle aussi, a été élevée au rang de Grand Croix de la Légion d'Honneur
par le Président Chirac en 1997. Le Président Hollande, quand il a
appris son décès, le 14 avril 2002, a déclaré: "Geneviève de Gaulle - Anthonioz: « c'est la fraternité » avec « les plus pauvres, les oubliés, les exclus, les relégués »" Lors du discours qu'il a prononcé lors du transfert symbolique de son cercueil au Panthéon , il a cité cette grande dame: "« La pauvreté n’est pas une fatalité individuelle mais une défaillance collective »
Donc, tout le monde semble d'accord: la pauvreté est un fléau qu'il faut combattre et avoir en référence les actions que ces deux illustres personnages ont menées.
Mais, c'est bien connu, il y a toujours loin de la coupe aux lèvres. Loin des paroles lénifiantes aux actes courageux. Loin des bonnes intentions aux mauvaises réalisations.
Car notre beau pays, notre belle France comptait pas loin de 8,6 millions de pauvres en 2013 (selon les chiffres de l'INSEE)*, c'est-à-dire 14% de la population.
Il
convient de préciser qu'être pauvre, en 2012, c'est vivre avec 987€
pour une personne seule, 1481€ pour un couple sans enfant et 2073€ pour
un couple avec deux enfants. Là-encore ce sont des chiffres fournis par l'Observatoire des Inégalités en 2012*.
(les liens vers les sites donnent des précisions très utiles). C'était
un peu moins avant 2012 et c'est certainement plus en 2015.
Il me
faut préciser que le RSA en 2016 est de 527€ pour une personne seule,
786€ pour un couple sans enfant et 1101€ pour un couple avec deux
enfants. Et ce RSA n'est pas cumulable avec les autres prestations.*
Il est à noter que la moitié de ceux qui pourraient prétendre au RSA n'en font pas la demande pour diverses raisons.
J'arrête ici avec les chiffres. Ils sont incontestables.
Les
différents médias nous ont appris que certains élus, présidents de
Conseils départementaux en particulier, soit refusaient de verser le
RSA, soit voulaient obliger ceux et celles qui le perçoivent à
travailler bénévolement sept heures par semaine. Cela bien sûr au nom
des grands sentiments censés lutter, dans le premier cas, contre
la baisse des dotations de l'Etat; dans le second, lutter contre
"l'assistanat", le mot magique, l'aphrodisiaque du populisme le plus
éhonté.
Il
est vrai que la baisse des dotations de l'Etat est une idiotie, une
absurdité, des économies de bout de chandelles. Cette baisse ne date pas
d'aujourd'hui. Déjà, François Baroin, alors ministre du budget en 2010,
annonçait le gel pour trois ans des dotations de l'Etat aux collectivités locales.* Lequel Baroin, président de l'Association des Maires de France, proteste énergiquement en 2015* contre
la baisse des dotations décidée par le gouvernement. On voit pas là que
certains ne craignent pas le ridicule qui, heureusement pour eux, ne
tue pas.
Chacun peut mesurer dans le quotidien de la vie communale les effets délétères, directs et indirects de ces baisses.
Pour
revenir aux mesures décidées dernièrement, l'élu affirme que la baisse
des dotations ne permet pas au budget de son département de verser le
RSA. Et bien sûr, plutôt que de tailler dans des dépenses inutiles - et
dans son département comme dans d'autres, elles ne doivent pas manquer
- et bien ce monsieur s'en prend aux plus pauvres, aux plus fragiles, à
celles et ceux qui n'ont plus d'autres ressources que ce RSA. Alors,
comme pour justifier l'injustifiable, certains montrent du doigt les
quelques fraudeurs qui vivraient du RSA en travaillant "au noir". Les
mêmes qui se gardent bien de montrer du doigt les fraudeurs du fisc ou
les exilés fiscaux. Il est vrai, qu'aujourd'hui comme hier, il est plus
facile de pourchasser le voleur de pommes que le voleur en costume
cravate.
Le département du Haut Rhin*
a décrété que, pour toucher le RSA, l'allocataire devra sept heures de
bénévolat à une association ou à une collectivité locale. Il n'est pas
besoin d'être grand clerc pour voir le but de la manoeuvre: là-encore
montrer du doigt les plus pauvres, mais aussi de bénéficier d'une main
d'oeuvre gratuite qui profitera d'abord aux collectivités locales. Cela
au détriment des entreprises locales qui n'auront plus à faire les
travaux effectués gratuitement par les nouveaux "esclaves", taillables
et corvéables quasiment à merci.
Je
cite ces deux seuls exemples, mais je pourrai en citer bien d'autres. En
réalité, le but recherché, c'est, à terme, la suppression du RSA, afin
d'obliger les chômeurs d'accepter n'importe quel travail à n'importe
quel salaire. Quand on sait que pour certains milieux politiques et
économiques, le SMIC est trop élevé, voire inutile, la boucle est
bouclée: travailler plus pour gagner une misère sera le mot d'ordre des
pourfendeurs de "l'assistanat". Petit à petit, on en arrive à ce genre
de raisonnement imbécile: "ah, estime-toi heureux, tu as un boulot". Un
don du ciel en quelque sorte.
Quand
on écoute, quand on lit nos politiques, tout partis confondus, ce ne
sont que retours en arrière, remise en cause du bien être des individus,
suppression de ce qu'ils nomment avec mépris et dérision des "avantages
acquis", etc, etc... Tout en nous jurant hypocritement, la main sur le
coeur, que c'est pour notre bien.
Oui,
hélas, la chasse aux pauvres est ouverte. Comme elle l'a été au milieu
du XIX ème siècle. Avec ce qu'il faut d'hypocrisies pour cacher des
choix dogmatiques et stupides.
Alors,
oui, abbé Pierre, Madame de Gaulle - Anthonioz, revenez. Revenez vite
pour rappeler à tous ces hypocrites les promesses qu'ils vous ont
faites.
Oui, revenez, ils sont devenus fous!
* clic sur le lien
samedi 2 janvier 2016
2015, mauvais cru…
2015, mauvais cru…
Publié le
Je
ne pense pas que quiconque puisse regretter l'année 2015. Pour nous, en
France, les deux attentats perpétrés par des tueurs sans foi ni loi
auront marqué durablement nos mémoires. Mais, hélas, il n'y a pas eu que
chez nous que les assassins ont sévi: la Turquie, la Somalie, le
Nigéria, le Kenya, etc, etc... Je ne peux citer ici tous les pays qui
ont eu à souffrir dans leurs chairs des actes de ces barbares qui tuent
au nom d'une religion pour imposer leurs visions criminelles d'une
société moyenâgeuse.
Je
ne saurai passer sous silence le drame des migrants, de ces milliers de
personnes qui fuient la guerre, la misère, dans des conditions
épouvantables. Pour tous les Etats de l'UE, la Grèce et l'Italie en
particulier, se pose le douloureux et complexe problème de l'accueil de
ces miséreux, jetés sur les chemins de l'exil, exploités, dépouillés,
assassinés par des mafias, elles aussi, sans foi ni loi. Et ce n'est pas
en dressant des murs de barbelés que sera apportée la moindre solution,
si ce n'est la marque infamante de l'égoïsme et du repli identitaire
mortifère.
Attentats,
migration, ce sont bien ces deux évènements qui retiennent l'attention.
Par les questions qu'ils posent et par les réponses qu'il faudrait
apporter.
Pour
les attentats, qu'est-ce qui peut pousser des gens, jeunes pour la
plupart, à tuer sans discernement, à tuer par plaisir, à mourir pour une
cause criminelle? Pourquoi entrent-ils dans l'obscurantisme le plus
total, dans l'intolérance la plus absolue? La religion, cette religion
serait-elle à ce point absurde que l'on pourrait assassiner et mourir
pour elle?
Beaucoup de gens savants, des philosophes, des sociologues, des chercheurs, des historiens, tentent d'apporter des réponses dont bien peu sont pertinentes. Certains pointent les inégalités sociales, d'autres les conséquences indirectes de la colonisation, d'autres encore la recherche de l'absolu. Bien sûr, ces gens savants n'étant jamais d'accord entre eux, les débats font rage par médias interposés et quand les politiques s'en mêlent - c'est aussi, bien évidemment, leur rôle - avec leur présupposés partisans, il devient bien difficile d'expliquer, de comprendre.
Mais, entre nous, y a t-il quelque chose à expliquer, à comprendre? Pour ma part, dans mes moments de doute ou de pessimisme, je me dis que l'Homme, avec un grand H, l'Homme donc est mauvais. Et qu'il se plait à détruire, à tuer, à massacrer. Quand je regarde derrière moi, dans le grand rétroviseur de l'Histoire, je ne vois que des guerres, des tueries, des carnages. "L'homme est un loup pour l'Homme" a écrit le philosophe anglais Thomas Hobbes dans son oeuvre majeure, le Léviathan, en 1651.
On aurait pu croire que la connaissance, la conscience humaine ont évolué depuis cette époque. Hélas, il n'en est rien. Oserai-je dire que c'est pire qu'avant? Les différentes technologies permettent d'espionner, de traquer, de massacrer avec plus d'efficacité, même si la machette ou la ceinture d'explosifs ont encore de beaux jours devant elles.
Quant
aux migrants, ces gens qui ont tout abandonné pour ne pas mourir sous
les bombes de leurs dirigeants ou sous la hache de fanatiques
enturbannés. Ces gens que l'on a pu voir, abandonnés en pleine mer sur
des barcasses pourries ou marchant sur les routes poussiéreuses ou
boueuses de l'exil. En les voyant à la télé, ils me faisaient penser à
ces français, fuyant les bombardements allemands, pendant l'exode en
1940. Mêmes causes, mêmes effets.
Cette guerre civile en Syrie, qui dure
depuis trop longtemps, où l'on a vu le président de ce pays relâcher de
ses infâmes prisons des milliers d'islamistes, tout en bombardant son
propre peuple qui avait eu l'audace - et disons-le, le courage - de
s'opposer à sa tyrannie. Ces millions de réfugiés s'entassent dans des
camps en Turquie, en Jordanie, au Liban. Et sur les routes européennes,
ils marchent encore et encore, contournant ces murs de la honte érigés à
la va vite par des Etats qui ont oublié leur propre histoire.
Là-aussi, quelles réponses, quelles solutions? Les "yaka" des uns et les "yzonka" des autres restent dans le domaine où le populisme et la démagogie ne sont pas en reste. Sans pour autant apporter de réponses intelligibles et surtout concrètes. Il faut bien cependant reconnaitre que résoudre un tel problème ne va pas de soi. A une époque où le chômage de masse sévit et où les populismes réapparaissent, les différents gouvernements européens marchent sur des oeufs. Même si certains de ces gouvernements n'hésitent pas à ressortir les vieilles ficelles de la xénophobie bien-pensante.
Tant qu'il y aura la guerre en Syrie, en Irak ou en Afghanistan, il y aura toujours un afflux de réfugiés. Si par bonheur, ces guerres devaient s'arrêter, d'une façon ou d'une autre, alors, la grande majorité de ces réfugiés retourneraient dans leur pays, là où ils sont nés, là où sont leurs attaches et leurs identités.
Serait-ce alors à dire que leur présence en Europe n'est que
provisoire? Je le pense, oui, même si ce n'est pas d'une évidence
criante. Il faudra donc que les conflits dans ces pays cessent. Mais
bien sûr, c'est plus facile à dire qu'à faire et il me semble qu'ils
dureront encore quelques années et nous devrons encore et encore
accueillir ces malheureux.
L'année
2015 a aussi été l'année, chez nous, en France, où le chômage et la
pauvreté ont augmenté de façon spectaculaire. Sachant que quoi que
puissent penser certains beaux esprits, le chômage entraine bien souvent
la pauvreté.
Dans un pays comme le nôtre, où les associations
humanitaires distribuent chaque année des millions de repas; ou des
milliers de gens ne se soignent plus; où des milliers de gens n'ont pas
de logements décents; oui, c'est une honte que notre pays, cinq ou
sixième puissance mondiale en soit arrivé à ce stade de misère humaine.
Une honte, et je pèse mes mots!
Les dirigeants d'aujourd'hui ne font pas mieux que ceux d'hier; à la limite comme ils font les mêmes politiques, ils font pire.
Ceux d'hier veulent revenir pour régler les problèmes que pendant dix ans ils n'ont pas su régler. Ceux d'aujourd'hui veulent rester pour régler les problèmes qu'ils n'auront pas su régler pendant cinq ans.
Et je ne parle pas de ceux qui pratiquent le coup de menton, qui instillent la peur et qui prétendent régler tous les problèmes en fermant nos frontières à coups de barbelés et de blocs de béton.
Oui,
2015 est une année à marquer dune pierre blanche. Ou plutôt noire. Le
Président a dit que nous n'en avions pas fini avec le terrorisme. Il a
raison. Il aurait pu, il aurait dû ajouter que nous n'en avons pas fini
non plus avec le chômage et la misère.
Même
si dans tous les cas, chacun a envie de se battre. L'essentiel est là,
me semble t-il: ne pas baisser les bras, ne jamais baisser les bras.
de Claude BACHELIER
éditions ZONAIRES
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