samedi 1 mai 2021

Frédérik STAPS, le jeune homme qui a essayé de tuer Napoléon 1er

 Plusieurs personnes ou organisations ont tenté d'assassiner Bonaparte, général, puis Premier Consul et Napoléon 1er, empereur. En particulier, lors de l'attentat de la rue Saint Nicaise*, le 3 Nivose, an IX (24 décembre 1800), le premier attentat terroriste selon plusieurs historiens.

L'objet de mon billet d'aujourd'hui concerne le seul individu qui a décidé, SEUL, le 12 octobre 1809, à Schönbrunn, de tuer Napoléon: Frédéric STAPS.


Staps est originaire de Saxe-Anhalt qui faisait partie de la Saxe avant d'être intégré au royaume de Prusse suite à la conférence de Vienne de 1815 qui avait redessiné l'Europe après que Napoléon ait été vaincu et exilé à Sainte Hélène.


C'est un garçon sans histoire, apprenti marchand et pendant un temps, admirateur de Napoléon, du moins jusqu'en 1809.

Je vous propose un bref retour en arrière chronologique pour rappeler où en était, de son parcours, l'empereur des Français.

Suite au Sénatus Consult du 28 Floréal an XII (18 mai 1904) au plébiscite du 14 Thermidor an XII (2 août 1804) par 3 521  675 oui contre2579 non), Bonaparte est proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er. 

Il se couronne lui-même le 11 Frimaire an XII (2 décembre 1804), date anniversaire de la victoire d'Austerlitz.*

la bataille d'Austerlitz

1809 se situe au moment de la cinquième coalition contre la France napoléonienne: Royaume Uni et Autriche. Sans oublier l'occupation française en Espagne où Joseph Bonaparte, installé sur le trône par son frère, doit faire face à la révolte du peuple espagnol, soutenue par l'Angleterre.
Après quelques défaites françaises, Napoléon reprend la main et vainc les Autrichiens à la bataille très meurtrière de Wagram le 6 juillet 1809.

l'artillerie française à Wagram


En réalité, cette victoire ne fut qu'une demi victoire, car faute d'une cavalerie suffisante, Napoléon n'a pas réussi à écraser l'armée autrichienne. Les troupes françaises perdirent 37500 hommes dont 27000 tués ou blessés et 10000 disparus ou prisonniers. Les troupes autrichiennes, elles, 41000 hommes dont 24000 tués ou blessés, 10000 disparus et 7500 prisonniers. 


Le 14 octobre 1809, la France et l'Autriche signent à Schönbrunn le traité qui met fin aux hostilités entre les deux pays, mais aussi, indirectement à la paix entre la Russie et la France.

l'Europe napoléonienne en 1810

C'est à ce moment que Staps va tenter de tuer l'empereur. 

Il était profondément convaincu que Napoléon était l'ennemi de la paix, mais aussi celui qui s'opposait à la construction de l'unité allemande. À cette époque, une vague de nationalisme envahissait l'Europe et remettait en cause la domination française.


Ainsi, Ferdinand von Schill* à la tête d'un corps franc ou Andreas Hofer* à la tête d'une insurrection dans le Tyrol furent les éléments précurseurs de mouvements politiques qui allaient combattre sur plusieurs fronts les troupes françaises d'occupation et fragiliser ainsi le pouvoir napoléonien sans oublier la révolte espagnole.


Dans son ouvrage, "Napoléon", Jean Tulard* écrit: "Les conquêtes extérieures paraissaient tout aussi menacées que les conquêtes intérieures: une vague de nationalisme soulevait l'Europe contre la France. Les plus lucides ne s'y trompaient pas. De redoutables craquements lézardaient l'empire, en dépit des victoires remportées "à la Pyrrhus" sur le Danube. Il devenait de plus en plus difficile de contenir l'Europe." (1)

Frédéric Staps réussit à s'approcher assez près de Napoléon, prétextant vouloir lui remettre une pétition. Mais, il est arrêté dans son élan par le général Berthier*, puis fouillé. C'est alors que l'on découvre qu'il portait un poignard. Il revendique clairement qu'il voulait attenter à la vie de l'empereur français. 

Frédéric Staps, qui a tenté d'assassiner Napoléon, est interrogé par l'Empereur en présence de Corvisart.

Celui-ci est très surpris que quelqu'un puisse vouloir le tuer. Il engage avec le jeune allemand un dialogue surprenant quand on connait le caractère de Napoléon.
Dans le lien ci-après, la totalité du dialogue entre l'empereur et Staps: https://www.napoleon-empire.net/personnages/staps.php

Jean Tulard cite Champagny*: "Le poignard levé sur lui ne l'effrayait pas, mais il lui révélait la disposition des peuples de l'Allemagne, leur besoin de paix et leur disposition à faire, pour l'obtenir, tous les sacrifices." (é)

Staps sera fusillé le 17 octobre 1809 en criant: "
« Vive la liberté ! Vive l'Allemagne ! Mort à son tyran ! »

Cette tentative d'assassinat eut une conséquence immédiate: Napoléon prit conscience qu'il n'avait pas d'héritier pour lui succéder. Même si, dès l'origine, l'empire avait été déclaré héréditaire. 


Napoléon-Charles (1802-1807)

L'impératrice Joséphine de Beauharnais n'ayant pu avoir d'enfant, Napoléon n'avait pas d'héritier. Il avait considéré que le fils de son frère Louis* et de Hortense de Beauharnais, Napoléon-Charles*, né en 1802, devrait lui succéder. Mais l'héritier présomptif est décédé en 1807.
 
Napoléon 1er décide donc de répudier Joséphine et de chercher une autre femme qui lui donnera un héritier.
Des négociations furent entreprises, d'abord avec la Russie, mais surtout avec l'Autriche où la fille de l'empereur François 1er, Marie Louise*, était disponible.
Le mariage fut célébré les 1er et 2 avril 1810 et le 20 mars 1811 naissait à Paris Napoléon François Joseph Charles Bonaparte, prince impérial sous le nom de Napoléon II*.

 

Napoléon, Marie Louise et Napoléon-Charles

  
Napoléon II, roi de Rome, prince héritier de France et d'Italie et empereur des Français.

Ainsi, le geste aussi courageux que suicidaire d'un jeune allemand a, d'une certaine manière, fait douter Napoléon 1er en lui rappelant que la pérennité de la dynastie qu'il avait créée de toutes pièces n'était pas assurée.
L'empereur des Français a donc épousé une princesse autrichienne dont la grand tante, Marie Antoinette, avait été guillotinée le 16 octobre 1793 par la Convention, cette Convention  qui nommera Napoléon Bonaparte général de Brigade le 22 septembre 1793.


ps: sur ARTE TV, jusqu'au 26 juin, une excellente émission que je me permets de vous recommander:

 https://www.arte.tv/fr/videos/095778-000-A/napoleon-la-destinee-et-la-mort/

 

 

(1) in "Napoléon" nouvelle édition, revue et augmentée, de Jean Tulard, éditions Fayard, 1987,  page 360.

(2) ibid page359.




disponible à

librairie Tuliquoi Allevard
fnac.com/livres
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Soixante ans..... Déja!!!!

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