L'emblème national, depuis la nuit des temps, est sensé représenté un symbole, une image, une tradition de chaque État.
Il serait trop long ici d'énumérer chaque symbole de chaque État. Certains ont choisi des animaux, l'aigle ou le lion, le condor ou la gazelle.
La France a choisi le coq. Dans une conversation avec des amis, je me suis demandé quelles étaient la ou les raisons de ce choix.
Ce qui m'a amené à faire des recherches sur le net et ailleurs, puis à consacrer un billet à ce sujet.
Il n'y a pas de date précise quant à l'apparition du coq dans notre histoire, mais elle pourrait remonter à Vercingétorix qui, pour le narguer, aurait envoyé un coq à Jules César lors du siège de Gergovie en 52 avant JC. Ce dernier répond en renvoyant au chef gaulois le coq cuit dans du vin. Le plat du coq au vin remonte sans doute à cette époque.
Certains poètes romains vont créer, sans doute involontairement, un jeu de mot et identifier en un seul terme les mots, "gallus", le coq, et "Gallus", le Gaulois. Peut-être, est-ce à partir de là que le coq a été accolé aux gaulois, dont les qualités de bravoure, de vigueur sexuelle et de vigilance sont mises en avant, qualités reconnues même par leurs adversaires romains.
Un peu plus tard, au moyen-âge, le coq connaitra une brève période où il sera dévalorisé puisque associé à la luxure, la colère et la bêtise.
D'autant que pendant ce même moyen-âge, les ennemis de la France vont railler l'animal et ce qu'il représente: ainsi, pendant la guerre de cent ans, les anglais font dévorer le coq par le lion de leurs armoiries.
Les français, loin de s'en offusquer, le mettent en avant.
Le coq est placé sur le haut des flèches des clochers de quasiment toutes les cathédrales, églises, chapelles ou basiliques puisqu'il est aussi le coq des Évangiles.
C'est aussi à la période de la Renaissance que le coq est attaché à la représentation royale: en 1495, un moine italien offre un livre, L’Opus Davidicam*, au roi de France, Charles VIII: sur la page de garde, deux coqs blancs soutiennent l'Écu de France, en piétinant un dragon et un serpent pour le coq de gauche et un renard pour celui de droite..
Mais c'est surtout la Révolution Française qui, en remplaçant le lys dynastique par le coq, va en quelque sorte officialiser sa présence dans le quotidien des français. Ainsi, la loi du 7 avril 1791 stipule que le revers de certaines monnaies aura pour empreinte "un coq symbole de vigilance."
Prétextant que " Le coq n'a point de force, il ne peut être l'image d'un empire tel que la France », Napoléon lui préfèrera l'aigle qui, pourtant, aura perdu bien de ses plumes en 1815...
D'ailleurs, lors des défaites napoléoniennes, les souverains coalisés contre la France à cette époque ne manqueront pas de fouler à leurs pieds le coq national...
Louis Philippe 1er, roi des Français, ré-habilitera le gallinacé en le faisant figurer sur les drapeaux et les boutons d'uniforme des militaires.
Le sceau de la IIème République représente "la figure de la liberté tenant le gouvernail marqué du coq". Plus tard, la grille arrière du palais de l'Elysée sera appelée "la grille du coq", d'ailleurs toujours en place. Et en 1986, la pièce de 10 francs aura un coq stylisée sur son revers.
Ce qui va ancrer particulièrement et définitivement le coq pas seulement dans l'imaginaire des français, mais aussi dans leur quotidien, ce sont les monuments aux morts érigés après la première guerre mondiale.
Il est souvent représenté en symbole de la pugnacité du combattant, de son courage et de son héroïsme. La crête peut être arrogante, le bec ouvert. Il se dresse souvent avec fierté, crispant ses ergots sur un casque ennemi.
Un historien de l'université Lyon 2, Kim Dannière*, a fait, en 1996, d'intéressantes découvertes sur les monuments aux morts dans le département du Rhône. En les observant attentivement, il a remarqué que leur orientation géographique n'était pas le fruit du hasard, mais au contraire, car placés Est Nord - Est, ils ont un rôle de surveillance, de vigie, vers les plaines de l'est par où sont arrivées les troupes ennemies.
Si ces monuments sont ornés d'un coq, le chercheur y voit trois significations:
1. son chant réveille de la mort
2. son chant annonce la venue du jour
3. son image est le symbole de la République Française.
Depuis 1908, le coq figure sur tous les maillots de tous les sportifs des différentes disciplines malgré l'opposition de Pierre de Coubertin qui jugeait le symbolisme du coq humiliant et grotesque. Le coq devient l'emblème de la sélection olympique en 1920. Pour beaucoup de sportifs, porter le maillot frappé du coq est un honneur supplémentaire.
Diverses entreprises et associations voulant mettre en valeur l'origine française de leurs produits ont choisi le coq pour les représenter.
Donc, ce coq devenu emblématique de la culture française doit sa naissance ou plus exactement son existence à des poètes, romains de surcroit.
Il a traversé les siècles, surmonté les épreuves, méprisant les railleries de l'étranger et même parfois des français, s'affirmant au fil du temps comme un des éléments constitutifs de notre histoire.
Le coq appartient donc à chacun d'entre nous. Qu'il soit d'origine aristocratique ou républicaine, peu nous chaud comme on dit. Et s'il chante parfois les ergots dans la boue, c'est qu'il n'a peur de rien ni de personne.
À une époque où il faut avoir peur de tout, c'est plutôt rassurant, non?
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