les américains avaient à choisir entre Clinton et Trump. Ils ont choisi Trump. Les français auront Le Pen..
Vous voudrez bien excuser cette paraphrase de ce qu'avait déclaré W. Churchill
en septembre 1938. Mais c'est ce qui m'est venu à l'esprit dès ce
matin, quand à la radio, aux infos de 07h00, me sont parvenus les
premiers résultats qui plaçaient D. Trump en "position de ballotage très
favorable". (G. Erner)
Pourquoi,
me direz-vous, un tel lien? Parce que la réalité du programme de D.
Trump est un programme de société, les programmes politiques ou
économiques viennent loin derrière. Tout comme celui de Mme Le Pen. Et
pour appuyer ce projet, ils développent un populisme de combat, où
l'outrance, la démagogie, le mensonge, l'insulte sont les arguments
majeurs.
Peu importe qu'il sera impossible de financer tel ou tel
projet; peu importe qu'il sera impossible de revenir sur tel ou tel
engagement international; peu importe qu'il sera impossible d'ériger des
murs tout autour du territoire. Non, ce qui importe, c'est de dire que
leurs adversaires sont tous et toutes issus de "l'établishment", des
élites, que ce sont tous des pourris. Que eux seuls savent parler au
peuple dans un langage que lui seul peut comprendre. Ah, peuples, que de
mensonges, que d'âneries on peut dire en votre nom!!!
Pour
revenir au lien que je fais entre ces deux populistes, D. Trump et M.
Le Pen, il n'est que de revenir sur les félicitations que la présidente
du FN a envoyé à Mr Trump avant même l'annonce de sa victoire. Mais
aussi celles de Mme Maréchal Le Pen et de Mr JM Le Pen. Leur
satisfaction, leur bonheur avaient quelque chose de pathétique, une
sorte d'orgasme politique en quelque sorte.
Un autre prétendant, chez nous, à la magistrature suprême, a même déclaré que le peuple américain avait rejeté "la pensée unique"...
Et donc, je me dis que si le populisme a triomphé aux USA, et de quelle manière, il peut aussi triompher chez nous, en mai prochain.
Parce que le populisme, ne l'oublions pas, c'est un discours tenus par ceux qui affirment défendre les intérêts du peuple contre les élites. Même et surtout s'ils en sont les purs produits. Mr Trump et Mme Le Pen ne viennent ni du prolétariat ni de la classe moyenne. Tout comme d'ailleurs l'ancien maire de Neuilly.
Beaucoup
des discours qui nous sont servis en vue de l'élection présidentielle
en 2017 sont directement issus du populisme. Ils viennent de certains à
gauche, mais surtout de beaucoup à droite. Les uns et les autres veulent
faire notre bonheur, même contre nous.
Quoi que
l'on puisse en penser, l'élection de Mr Trump, et avec lui, celle d'une
majorité républicaine dans les deux chambres, cette élection donc va
faire rentrer le monde dans une grande période d'incertitudes et de
dangers. A cela, il faut ajouter les populismes à l'oeuvre dans certains
pays européens, populismes partisans de pouvoirs autoritaires et
rétrogrades, qui font de l'étranger - européen ou pas - le bouc
émissaire et qui rêvent d'un retour à l'ordre moral.
Et bien sûr, chez nous, tous ces gens que l'élection de D. Trump galvanise. Nous ne sommes nullement à l'abri de leur soif de pouvoir autoritaire, nullement à l'abri d'une contagion qui nous viendrait d'outre Atlantique.
Tout cela n'incite guère à l'optimisme et il m'arrive de céder au découragement.
Alors, pour conclure, permettez-moi de citer Alexis de Tocqueville, qui a, il y a plus d’un siècle et demi, si bien compris ce qu’étaient les Etats Unis:
"pendant longtemps, ils empêcheront qu'aucun despotisme ne puisse s'asseoir, et ils fourniront de nouvelles armes à chaque génération nouvelle qui voudra lutter en faveur de la liberté des hommes.
Ayons donc de l'avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les coeurs et les énerve."(1)
"pendant longtemps, ils empêcheront qu'aucun despotisme ne puisse s'asseoir, et ils fourniront de nouvelles armes à chaque génération nouvelle qui voudra lutter en faveur de la liberté des hommes.
Ayons donc de l'avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les coeurs et les énerve."(1)
(1)
"de la Démocratie en Amérique", de Alexis de Tocqueville, 1840, livre
II, chapitre VII, éditions Gallimard, collection de la Pléiade.
"Angèle Cartier"
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