Rien ne caractérise mieux les mouvements totalitaires en général, et la gloire de leurs chefs en particulier, que la rapidité surprenante avec laquelle on les oublie et la facilité surprenante avec laquelle on les remplace.
le camp de réfugiés de Gurs en 1939 |
procès d'Adolf Eichman |
Gunther Anders |
Il s'agit effectivement de Hannah Arendt (1905 - 1975).
RépondreSupprimerD'origine allemande, elle est naturalisée américaine en 1951. Elle a profondément influencé la science politique après la seconde guerre mondiale. Particulièrement par son analyse en profondeur des deux totalitarismes de cette première moitié du XXème siècle. Son oeuvre majeure, "les origines du totalitarisme", écrit en 1951, se compose de trois parties: "sur l'antisémitisme", "l'impérialisme" et celui d'où est tiré l'extrait de cette semaine: "les origines du totalitarisme".
Elle y dresse une sorte de comparatif entre les deux systèmes et démontre qu'entre les deux, il y a une très grande proximité.
Affirmer quelques années après la fin de la guerre que communisme et nazisme sont deux totalitarismes de même nature, à une époque où l'URSS est au faîte de sa puissance et de son influence, ne lui amène pas que des amis. Elle est vivement critiquée et même d'une certaine façon "censurée" puisque le premier volume des "origines du totalitarisme" ne sera traduit en France qu'au début des années 70.
* Gunther Anders: 1902 - 1992: essayiste allemand, critique de la modernité industrielle; il est le premier mari de H. Arendt, épousée en 1929;
* camp de Gurs: camp de réfugiés dans les Basses Pyrénées crée à l'origine pour les réfugiés espagnols fuyant le régime franquiste. H. Arendt y séjournera en mai 1940 avant de s'en échapper et de rejoindre, via le Portugal, les Etats Unis en mai 1941;
* le procès Eichmann: Adolf Eichmann (1906 - 1962) a été l'un des protagonistes de la "solution finale"; kidnappé par les israéliens alors qu'il se trouve sous une fausse identité en Argentine, il est condamné à mort et pendu en 1962. H. Arendt suit ce procès pour le compte du New Yorker, journal américain et en tirera un livre, "Eichmann à Jérusalem" qui déclenchera une polémique: on reproche à Arendt d'avoir représenté le bourreau nazi comme un homme ordinaire. C'est justement son analyse du mal représenté par Eichmann, homme en quelque sorte "ordinaire": elle donnera d'ailleurs un sous-titre à son ouvrage: "la banalité du mal".
La lecture de ce livre aide puissamment à la compréhension de la pensée de H. Arendt en ce qui concerne les aspects des totalitarismes. ( "Eichmann à Jérusalem" éditions folio histoire, 519 pages)