Pas très facile cette semaine. Mais je vous donne des indications qui devraient vous mettre sur la voie. Je viens de me procurer le dernier bouquin de cet auteur passionnant qui vient d'être publié et qui est d'une étonnante actualité, bien qu'écrit dans la seconde moité du XXème siècle.
Le nom de cet auteur et le titre de son ouvrage. A dimanche, dans la soirée, rubrique commentaires.
De tous côtés, les prophètes nous assaillent; les tenants du Club de Rome, ceux qu'obsède l'arme nucléaire, ceux que terrifie la pollution ou ceux que les milliards d'êtres humains à la fin du siècle empêchent de dormir, tous nous prophétisent l'apocalypse. Il ne manque pas d'annonciateurs de la mauvaise nouvelle. Je n'ai besoin ni de Nietzsche, ni de Heidegger pour savoir que le devenir de l'humanité n'obéit pas à la raison.
Aucune de ces angoisses n'est dénuée de fondement. Les Européens passent d'une peur à une autre; hier partisans de la croissance zéro, aujourd'hui révoltés contre le ralentissement de la croissance, ils ont perdu le sens d'un projet commun. La masse des Européens de l'Ouest vivent, dans la satisfaction et les querelles revendicatives, la relative opulence qu'ils exigent de l'Etat tutélaire. Ce Vieux Continent qui vieillit faute de renouveler ses générations, qui laisse à des immigrés les emplois les plus sales et les plus mal rétribués, se soumet-il déjà à l'empire idéocratique ou offre-t'il l'image de société à demi réconciliées avec elle-mêmes?
Européens sages qui détestent la guerre et qui disent adieu aux armes? Européens revenus de toutes les aventures, les croisades, les conquêtes coloniales, la quête indéfinie de la science, attachés à leurs libertés par habitude, hors d'état de s'unir pour se défendre ou pour créer? Traverseront-ils les années de récession ou de stagnation qui les attendent, d'ici à la fin du siècle, sans se déchirer ou sans s'abandonner? Selon le jour ou l'humeur, j'incline dans un sens ou dans l'autre.
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Contre les maux de la civilisation industrielle, les armes nucléaires, la pollution, la faim ou la surpopulation, je ne détiens pas le secret des remèdes miraculeux. Mais je sais que les croyances millénaristes ou les ratiocinations conceptuelles ne serviront à rien; je préfère l'expérience, le savoir et la modestie.
Si les civilisations, toutes ambitieuses et toutes précaires, doivent réaliser en un futur lointain les rêves des prophètes, quelle vocation universelle pourrait les unir en dehors de la raison?
en effet, bien d'actualité ce texte de Raymond Aron, auteur que j'ai beaucoup lu pendant mes années universitaires
RépondreSupprimerbon week end ensoleillé à vous deux
P
il s'agit des Mémoires" de Raymond ARON (1905 - 1983), philosophe, historien, sociologue, journaliste, bref un de ces touche à tout de génie qui jalonnent notre vie intellectuelle.
RépondreSupprimerAron, condisciple de Jean Paul SARTRE à l'Ecole Normale Supérieure, puis ami-ennemi du "pape de l'existentialisme", Aron fut un des intellectuels français de la seconde moitié du XXème siècle décrié, vilipendé même toute "l'élite" de l'époque (communistes ou compagnons de route) parce que hors du champ de ceux qui "pensaient bien", dont le couple Sarte - de Beauvoir était la référence absolue. C'était l'époque ou "il fallait mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron."
les illustrations:
* John Locke: (1632 - 1704), économiste et philosophe britannique, un des premiers penseurs du libéralisme;
* Adam SMITH: (1723 - 1790), économiste et philosophe écossais, un des fondateurs de la science économique moderne et créateur du concept de "la main invisible" qu'il développe dans "Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations", ouvrage écrit en 1779;
* Ecole Normale Supérieure: Aron y étudie y étudie en 1924, aux côtés de JP Sartre et de P. Nizan:
* les temps modernes: revue fondée en 1945 par JP Sartre à laquelle Aron a collaboré quelques années, avant de se brouiller avec Sartre.