vendredi 25 mars 2022

La tête de Léon Gambetta ou le pourquoi du comment des choses.

 

Léon Gambetta: 1838 - 1882

Le 2 septembre 1870, Napoléon III est fait prisonnier à Sedan par les troupes prussiennes, commandées par le roi Guillaume de Prusse. 

Le 4 septembre 1870, Léon Gambetta annonce la déchéance de l'empereur et proclame la République au balcon de l'Hôtel de Ville de Paris. 

Le gouvernement provisoire:








Alors que les troupes prussiennes marchent vers la capitale, Gambetta, Ferry, Favre et neuf députés parisiens refusent la défaite, constituent le gouvernement de la Défense Nationale et organisent la résistance à l'occupation prussienne.
Avant que Paris ne soit totalement encerclé, Gambetta quitte la capitale en ballon pour organiser la résistance à partir de Tours.
Victor Hugo, alors âgé de 68 ans, qui a assisté à ce départ, a ainsi décrit la scène:

"On chuchotait dans la foule : Gambetta va partir. J’ai aperçu, en effet, dans un gros paletot, sous une casquette de loutre, près du ballon jaune, dans un groupe, Gambetta. Il s’est assis sur un pavé et a mis des bottes fourrées. Il avait un sac de cuir en bandoulière. Il l’a ôté, est entré dans le ballon, et un jeune homme, l’aéronaute, a attaché le sac aux cordages, au-dessus de la tête de Gambetta.

Il était dix heures et demie. Il faisait beau. Un vent du sud faible. Un doux soleil d’automne. Tout à coup le ballon jaune s’est enlevé avec trois hommes dont Gambetta. Puis le ballon blanc, avec trois hommes aussi, dont un agitait un drapeau tricolore. Au-dessous du ballon de Gambetta pendait une flamme tricolore. On a crié : Vive la République !"


 Gambetta ne put empêcher ni la défaite française, ni l'élection à Bordeaux d'une assemblée en majorité monarchiste. 
 
Voyageant à travers la France pour propager les idées républicaines, il fut alors surnommé "le commis voyageur de la République."

Élu député de la Seine en juillet 1871, il est réélu à Paris aux législatives de février 1876.
Si les républicains remportent très largement les élections législatives de mars et février 1876 (393 députés sur 533), il n'en demeure pas moins que le maréchal de Mac Mahon, monarchiste, est toujours président de la République. Entretemps, Gambetta convainc les députés de gauche de voter les Lois Constitutionnelles de février et mars 1875.*

Gambetta devient le principal opposant au président Mac Mahon. En mai 1877, il s'oppose aux demandes de la hiérarchie catholique demandant au gouvernement de soutenir le pape, mais aussi aux doctrines ultramontaines* qui revendiquent la subordination de l'autorité civile aux autorités ecclésiastiques. Son discours, resté célèbre, se termine sur: "le cléricalisme? Voilà l'ennemi!"


Il sera ensuite président de l'Assemblée Nationale, puis président du Conseil en novembre 1881. Pour "la petite histoire", un ministère de l'art est créé, ce qui représente, pour cette époque, une nouveauté importante. 
Son gouvernement est renversé le 30 janvier 1882.

Rongé par l'asthme et le diabète, il meurt le 31 décembre 1882.

 Officiellement, son décès est dû à un cancer de l'intestin. Mais pour des raisons de basses politiques dont ils ont toujours été coutumiers, des partis d'extrême droite, emmenés par Léon Daudet*, laissent entendre que Gambetta aurait été blessé par sa maitresse ou mal soigné par une blessure qu'il se serait faite avec un pistolet.
Il faut se souvenir que Gambetta avait été provoqué en duel* en novembre 1878 par Oscar de Fourtou, député monarchiste, avec qui il avait échangé des propos vigoureux.

Aucun des deux duelliste n'avait été blessé. Et Gambetta, quelque peu humilié par ce duel, s'entrainait au tir, d'où une maladresse ayant entrainé cette blessure au bras. Et cela avait été l'occasion de répandre les rumeurs que je mentionne plus haut.

Alors, pour couper court à ces polémiques, une autopsie a donc été décidée, autopsie qui a confirmé les causes réelles du décès.

P.B. Gheusi*, cousin éloigné de Gambetta, publiera en 1909 une correspondance de son illustre cousin, afin de défendre sa mémoire et surtout celle de sa maitresse, Léonie Léon.*  

Dans "l'extravagante autopsie de Gambetta, Gheusi écrit ceci:

Là, on transporte le corps sur la table de la salle à manger et chacun s’affaire à sa macabre besogne. On scie le crâne pour en extraire le cerveau. D’autres ouvrent la poitrine pour sortir le cœur et on envoie l’embaumeur, qui attend son tour pour opérer, peser ces deux organes chez le pharmacien de la ville. Il revient en annonçant 1 160 grammes pour le cerveau (on attendait mieux !) et 400 grammes pour le cœur. Il déclara plus tard : « Quand je revins, Gambetta était en lambeaux. Quelle boucherie ! Entre-temps on avait éviscéré le corps pour en couper le fragment d’intestin d’où pendait l’appendice et coupé le bras portant la main percée par une balle. Je rajustai vaille que vaille les débris, et mon aide et moi nous plaçâmes le corps, sans la tête et le bras droit, dans la bière ».

 

Si nous savons que le masque mortuaire de Gambetta a été réalisé par Alexandre Falguière; que son coeur a été placé au Panthéon le 11 novembre 1920; que son bras aurait été confié au musée de son village natal, mais que le musée n'existe plus et que ses collections ont disparu, 

par contre, personne ne sait rien de l'endroit où aurait pû être entreposée la tête de ce grand et illustre républicain, "le commis voyageur de la République." 



« Ici repose le cœur de Léon Gambetta solennellement transféré au Panthéon
le 11 novembre 1920 suivant la volonté nationale (loi du 1er septembre 1920)
»
(Photo galerie.roi-president.com).



 

le recueil sur: https://www.youtube.com/watch?v=Tq7eFXwQAR0

disponible à


https://www.lysbleueditions.com/produit/trois-cents-dollars/  
 
ou

claudebachelier@wanadoo.fr

 


1 commentaire:

  1. Merci Claude pour cette note intéressante, toujours aussi bien documentée.

    Pauvre Gambetta. Il est des temps où il ne fait pas bon être un grand homme, surtout quand il n'est plus là pour se défendre !

    Merci encore. Gérard

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