dimanche 7 mars 2021

"The rockett" (la fusée): le premier train à vapeur

  Prendre le train aujourd'hui est quelque chose de banal. TGV, TER, Intercités nous permettent des déplacements d'une région à une autre aussi facilement que de remplir un verre d'eau au robinet. Enfin, presque, car il peut y avoir des impondérables de toutes sortes. 

Je voudrais, dans ce billet, revenir aux origines, à ce premier véhicule sur rails, propulsé par une machine à vapeur: "the Rockett" ou, en bon français: "la fusée."

Avant d'aller plus en avant, il n'est pas inutile de revenir sur l'origine et les débuts de la machine à vapeur.

le digesteur

Tout débute, ou presque, avec l'invention de Denis Papin* à Londres en 1679: "le digesteur"*, une sorte d'auto cuiseur. 

 

 

 

 

le cylindre-piston à vapeur

En 1690, Papin met au point le premier cylindre-piston à vapeur.

 

Pour résumer, Papin a mis au point deux inventions: le digesteur et le cylindre-piston à vapeur qui seront l'un et l'autre à l'origine de la machine à vapeur.


 

 

 En 1712, le britannique Thomas Newcommen* va améliorer les inventions de Papin et mettre au point deux machines fonctionnant réellement à la vapeur. 

Mais c'est James Watt* qui, en 1765, va véritablement mettre au point le moteur à vapeur.

la machine de Watt

En 1804, l'ingénieur Britannique
Richard Trevithick* va avoir l'idée de génie de mettre ce moteur à vapeur sur un chariot, circulant sur des rails.

 


Suite à un concours lancé par les autorités locales des Midlands, l'ingénieur Stephenson est déclaré vainqueur sur sa machine, "la Rockett": il s'agissait de faire rouler un engin de moins de six tonnes à la vitesse de 16 km/h!!! Quelques années plus tard, le même modèle, mais amélioré, roulera à 56 km/h en tirant une charge de 56 tonnes.

la "Rockett" au Science Museum de Londres

 Le 15 septembre 1830, la première ligne commerciale est inaugurée entre Liverpool et Manchester, avec des locomotives de Georges Stephenson.

En France, une première voie ferrée a été ouverte en 1827 sur 18 kilomètres entre saint Étienne et Andrezieux pour le transport de marchandises, puis en 1835, entre Lyon et Saint Étienne, sur 56 kms, toujours pour le transport de marchandises. 

Le 7 décembre 1835, c'est au nord de la Bavière qu'est mise en service sur six kms la première ligne ferroviaire pour le transport des voyageurs:7 voitures couvertes de 16 places tirées par une locomotive de Stephenson, baptisée "der Adler." (l'Aigle)

la ligne Paris Saint Germain( viaduc de Meudon)

Le 24 août 1837, la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, inaugure la ligne dédiée au transport des voyageurs Paris - Le Pecq, longue de 18 kms.

Si les chemins de fer ont très vite été adoptés, tant par les entreprises que par les particuliers, il n'en reste pas moins qu'ils ont eu des adversaires résolus.
Ainsi,  Pierre Proudhon*, qui dénonçait "
les plates-formes roulantes où les voyageurs, entassés comme des porcs, devaient regretter les diligences." Ou  Adolphe Thiers* qui jugeait le chemin de fer tout juste" à remplacer les coucous dans la banlieue ". (1)
Sans oublier François Arago*:
J'affirme sans hésiter que les personnes sujettes à la transpiration seront incommodées à la traversée des tunnels. Elles y gagneront des fluxions de poitrine, des pleurésies et des catarrhes, si toutefois elles échappent aux catastrophes résultant de l'explosion des locomotives.(...) " Nous verrons si nos généraux ne décideront pas en définitive que les transports en wagon auraient pour résultat d'efféminer les troupes et de leur faire perdre cette faculté des grandes marches qui a joué un rôle si important dans les triomphes de nos armées."(1)

la catastrophe ferroviaire de 1842 Meudon

Le 11 juin 1842, la première catastrophe ferroviaire causa la mort de 55 personnes, dont le navigateur Jules Dumont d'Urville, sans que cela ne ralentisse la progression de ce nouveau moyen de locomotion. 

Le développement du chemin de fer a indubitablement transformé la vie de tout un chacun. Individuellement et collectivement.

 
Je me souviens avoir étudié à l'IEP une monographie qui traitait d'un département: Charente? Vienne? Haute Vienne? Je ne m'en souviens pas. Toujours est-il qu'un chef lieu de canton, essentiellement agricole, était pris comme référence.


L'essor du ferroviaire et la loi Duruy* de 1867 vont puissamment aider à la mobilité au sein du département.

Un exemple, même s'il ne faut pas le généraliser: le journalier devenu paysan a envoyé son fils à l'école, lequel fils a eu son certificat. Avec le train, il a pu aller facilement au lycée dans le chef lieu du département, passer les baccalauréats avec succès et réussir le concours de l'École Normale d'Instituteurs ou celui d'une administration quelconque ou encore être embauché dans une entreprise grâce à ses diplômes. 

Ce que montre cette monographie, c'est que sans le train, il aurait été plus compliqué pour le fils d'un agriculteur de pouvoir passer examens et concours, faute de pouvoir se déplacer rapidement et facilement. C'est valable pour l'ascenseur social, mais aussi pour le désenclavement économique et culturel des départements les plus éloignés des grandes villes. 

Les deux cartes ci-après parlent d'elles mêmes.

le réseau ferroviaire en 1850


le réseau ferroviaire en 1870

 

Denis Papin, James Watt, Richard Trevitchik et bien d'autres n'imaginaient sans doute pas que leurs inventions respectives rouleraient un jour à plus de 400 km/h... Quoique, quoique...

 

 

(1) in journal Le Monde du 18 juin 1954: "Proudhon, Adolphe Thiers et François Arago furent de redoutables adversaires du rail."

 

 


 

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