Il
y a quelques jours, j'ai lu par le plus grand des hasards un texte
consacrée à cette bataille gagnée grâce à l'audace d'un tout jeune
aristocrate de vingt trois ans, le duc d'Enghien, surnommé plus tard "le
grand Condé". Et je me suis dit qu'il serait intéressant de consacrer
un article à cette bataille, tout en en survolant cette époque riche en
évènements qui ont influencé la politique française à court et à moyen
terme.
Cette
bataille de Rocroi a eu lieu pendant la guerre de" trente ans", guerre
qui a opposé, de 1619 à 1648, les principaux états européens sur fond de
querelles religieuses entre catholiques et protestants, mais en
réalité, sur des motifs bien plus politiques.
la bataille de Rocroi |
Pour faire court, l'empire des Habsbourg d'Autriche et d'Espagne allié à
la papauté, donc catholique, combat les Provinces Unies des Pays Bas et
certains pays scandinaves, donc protestants. La France de Louis XIII et
de son Premier Ministre Richelieu, pourtant très catholique, soutient
cette dernière coalition contre les Habsbourg et cela afin de réduire la
puissance espagnole.
Cette guerre que certains historiens appelleront "la guerre civile européenne" va littéralement saigner l'Europe en termes économiques, mais aussi, mais surtout en termes démographiques: des millions de morts seront les victimes de batailles, de famines, de massacres et de la peste.
Cette guerre est partie d'un prétexte: "la défenestration de Prague"*. La Bohème se dote alors d'un souverain protestant et se rallie aux Provinces Unies et à l'Angleterre. L'empereur Ferdinand rallie à lui la papauté et la Sainte Ligue.* Je vous accorde que c'est quand même bien plus complexe que cela, mais c'est le point de départ de cette guerre.
Si la France dès le début du conflit soutient les protestants, elle se garde bien de s'impliquer directement dans le conflit. Ce n'est que le 19 mai 1635 que la France déclare la guerre à l'Espagne au prétexte de l'occupation par les troupes espagnoles de plusieurs villes placées sous la protection française.
Cette guerre que certains historiens appelleront "la guerre civile européenne" va littéralement saigner l'Europe en termes économiques, mais aussi, mais surtout en termes démographiques: des millions de morts seront les victimes de batailles, de famines, de massacres et de la peste.
Cette guerre est partie d'un prétexte: "la défenestration de Prague"*. La Bohème se dote alors d'un souverain protestant et se rallie aux Provinces Unies et à l'Angleterre. L'empereur Ferdinand rallie à lui la papauté et la Sainte Ligue.* Je vous accorde que c'est quand même bien plus complexe que cela, mais c'est le point de départ de cette guerre.
Si la France dès le début du conflit soutient les protestants, elle se garde bien de s'impliquer directement dans le conflit. Ce n'est que le 19 mai 1635 que la France déclare la guerre à l'Espagne au prétexte de l'occupation par les troupes espagnoles de plusieurs villes placées sous la protection française.
mariage de Louis XIII et de Anne d'Autriche le 28 novembre 1615 |
Pour mémoire, Louis XIII* règne depuis 1610 et mourra le 14 mai 1643, quelques mois après la mort du cardinal de Richelieu* décédé le 4 décembre 1642.
Si je donne les dates exactes de ces disparitions, c'est qu'elles ont leur importance. En effet, les troupes françaises avaient gagné beaucoup de batailles, ce qui les plaçait dans une relative position de force vis à vis de l'Espagne. Donc profitant de la mort du souverain français, du fait que le dauphin, futur Louis XIV, n'avait que cinq ans (puisque né en 1638) et que la France était dirigé par une régente, Anne d'Autriche, l'Espagne lance une grande offensive dans le nord de la France depuis les Flandres et met le siège devant la ville fortifiée de Rocroi, espérant ainsi faire sauter le verrou qui lui ouvrirait la route vers Paris..
Si je donne les dates exactes de ces disparitions, c'est qu'elles ont leur importance. En effet, les troupes françaises avaient gagné beaucoup de batailles, ce qui les plaçait dans une relative position de force vis à vis de l'Espagne. Donc profitant de la mort du souverain français, du fait que le dauphin, futur Louis XIV, n'avait que cinq ans (puisque né en 1638) et que la France était dirigé par une régente, Anne d'Autriche, l'Espagne lance une grande offensive dans le nord de la France depuis les Flandres et met le siège devant la ville fortifiée de Rocroi, espérant ainsi faire sauter le verrou qui lui ouvrirait la route vers Paris..
L'issue
de cette bataille est incertaine pendant de longues heures. Les
fantassins et l'artillerie espagnols tiennent la dragée haute à la
cavalerie française menée par Enghien et ses adjoints. Mais l'audace du
commandant français et la mort de son alter égo espagnol, Jean Bernard, comte de Fontaine*, vont donner la victoire aux français.
La supériorité de la cavalerie sur les fantassins sera un des enseignements de cette bataille, même si le rôle de l'artillerie n'est en aucun cas négligeable.
Enghien bat les espagnols à Lens le 19 août 1648, précipitant la défaite des Hasbourg et de la Sainte Ligue. Les traité de Westphalie* signés le 24 octobre 1648 mettent fin à la guerre de trente ans, sans pour autant que ni la France, ni l'Espagne ne soient parties prenantes puisque le conflit entre ces deux royaumes perdurera jusqu'en 1659 et la signature du traité des Pyrénées.*
Qui est donc le duc d'Enghien, futur Louis II de Bourbon-Condé?
Il est né en 1621 et décédé en 1686. Il ne sera prince de Condé qu'à partir de 1646, à la mort de son père. Je n'évoquerai pas ici ses huit titres de duc, tout en précisant qu'il sera également "premier prince du sang"*. Avec Turenne*, il gagnera d'autres batailles qui ne feront qu'ajouter à sa gloire.
Il est né en 1621 et décédé en 1686. Il ne sera prince de Condé qu'à partir de 1646, à la mort de son père. Je n'évoquerai pas ici ses huit titres de duc, tout en précisant qu'il sera également "premier prince du sang"*. Avec Turenne*, il gagnera d'autres batailles qui ne feront qu'ajouter à sa gloire.
Mais si Condé est connu pour la victoire de Rocroi, il l'est moins que pour le rôle qu'il a joué dans le déroulement de la fronde des princes, ce mouvement de révolte des grands aristocrates contre la monarchie.
Richelieu,
puis Mazarin ont imposé, parfois de façon brutale, l'autorité royale
aux grands de l'aristocratie, mais aussi aux parlements de province et
de Paris. Ayant toujours plus besoin d'argent pour financer la guerre,
Louis XIII a ponctionné les uns et les autres. Le regain d'autorité de
l'Etat ajouté à la pression fiscale a conduit à deux rébellions
majeures: la fronde parlementaire (1648 - 1649) et la fronde des princes
(1650 - 1653).
Dans son ouvrage "Histoire de France" (1), Marc Ferro écrit:
"Omer Talon, avocat général, prononce alors une très violente harangue
sur ces abus du pouvoir royal, principalement depuis vingt-cinq ans et
sur la misère du peuple. Le 13 mai 1648, par un arrêt d'union, le
parlement de Paris invitait la Chambre des Comptes,la Cour des aides et
le Grand Conseil à s'unir à lui dans la Chambre Saint Louis afin de
délibérer pour la "réformation de l'Etat." Marc Ferro ajoute: "En quelque sorte, il s'agissait de démanteler l'Etat-Richelieu. (1)
le cardinal de Mazarin |
Après
quelques manoeuvres de la régente et de Mazarin, cette fronde
parlementaire est vite vaincue et tout rentre dans l'ordre, d'autant que
Condé a mis la main à l'épée et que les parlementaires eux-mêmes
décident d'arrêter leur mouvement, "pour ne pas se laisser emporter par les agitations du peuple inconstant."(2)
Louis
II de Condé avait espéré pour lui le titre de Connétable de France et
pour ses amis quelques titres et privilèges supplémentaires. Devant le
refus d'Anne d'Autrice, la régente qui voulait réfréner ses ambitions,
et bien sûr de Mazarin, il complote plus ou moins ouvertement. Ce qui
conduit la régente à l'emprisonner avec ses partisans.
Cette incarcération provoque la révolte de la noblesse un peu partout en France et le réveil des parlementaires. Gaston d'Orléans, oncle de Louis XIV, rompt avec Mazarin et prend ouvertement le pari des frondeurs.
L'insécurité
qui règne dans la capitale est telle que la Régente emmène son fils,
toujours mineur, à Saint Germain en Laye. Fuite que le futur Louis XIV
ressentira comme une humiliation et qu'il n'oubliera jamais. La
construction du château de Versailles serait une des conséquences des
deux frondes.
Les princes frondeurs ne cessent de se quereller entre eux et les parlementaires parisiens se hâtent de rentrer dans le rang. Le dauphin, devenu Louis XIV à sa majorité, rentre triomphalement à Paris le 21 octobre 1652 et s'installe au Louvre. Il déchoit Condé de ses titres et privilèges. Ce dernier est même condamné à mort par le Parlement en mars 1654. Mais Louis XIV, six ans plus tard, lui pardonne et le gracie.
Il finira sa vie dans son château de Chantilly et lors de sa mort, le 11 septembre 1686, Bossuet prononcera un éloge* resté célèbre: "Oraison funèbre du très haut et très puissant prince Louis de Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang."
Le
duc d'Enghien fusillé dans les fossés du château de Vincennes était un
descendant direct du Grand Condé, puisque né Louis-Antoine de
Bourbon-Condé et fils de Louis VI de Bourbon-Condé.
Louis-Antoine, né le 2 août 1772, fuit la France dès le début de la Révolution et rejoint l'armée des émigrés. En 1792, il prend le commandement de "l'armée royale française."
Bonaparte, alors Premier Consul, le soupçonne d'un complot contre lui et le fait enlever. Jugé plus que rapidement par un tribunal militaire, il est fusillé le 21 mars 1804.
Il a été le dernier descendant de la branche Bourbon-Condé.
Louis-Antoine, né le 2 août 1772, fuit la France dès le début de la Révolution et rejoint l'armée des émigrés. En 1792, il prend le commandement de "l'armée royale française."
Bonaparte, alors Premier Consul, le soupçonne d'un complot contre lui et le fait enlever. Jugé plus que rapidement par un tribunal militaire, il est fusillé le 21 mars 1804.
Il a été le dernier descendant de la branche Bourbon-Condé.
En
faisant des recherches sur cette bataille de Rocroi (merci internet),
j'ai été amené à rentrer dans le détail de cette période. S'il est vrai
que chaque période de l'histoire a son importance, celle-ci a ceci de
particulier qu'elle marque l'émergence du pouvoir absolu et de l'arrivée
de la plus grande partie de la noblesse française à Versailles, loin de
ses terres et près du Soleil où, petit à petit, elle va se consumer.
Et, ce faisant, pénétrée de son importance, elle s'éloigne et de ses
lieux de pouvoir et de la masse de ses paysans.
Louis
XIV, humilié d'avoir dû quitter Paris lors de la fronde, déplace la
cour à Versailles, centralise son pouvoir et oblige tous les grands du
royaume à le rejoindre dans ce palais fastueux, en en faisant ses
obligés et les privant de toute envie de révolte.
Alexis de Tocqueville |
Dans
son "voyage en Angleterre" en 1833 (3), Alexis de Tocqueville, sans le
dire explicitement, affirme que s'il n'y a pas eu de révolution en
Angleterre, c'est en partie à cause de la différence fondamentale entre
les deux aristocraties: "En
Angleterre, un nom illustre est un grand avantage qui donne un grand
orgueil à celui qui le porte, mais en général on peut dire que
l'aristocratie est fondée sur la richesse, chose acquérable, et non sur
la naissance qui ne l'est pas."
Quelques lignes après, "La différence entre la France et l'Angleterre sur ce point ressort de l'examen d'un seul mot de leurs langues. Gentleman et gentilhomme ont évidemment la même origine. Mais gentleman s'applique en Angleterre à tout homme bien élevé quelque soit sa naissance, tandis qu'en France gentilhomme ne se dit que d'un noble de naissance."
Et de continuer: "l'aristocratie anglaise ne peut donc jamais soulever ces violentes haines qui animaient en France les classes moyennes et le peuple contre la noblesse, caste exclusive qui, en même temps qu'elle accaparait tous les privilèges et blessait toutes les susceptibilités, ne laissait aucun espoir d'entrer jamais dans ses rangs. L'aristocratie anglaise se mêle à tout, elle est accessible à tous et celui qui voudrait la proscrire ou l'attaquer comme corps aurait beaucoup de peine à la définir."
L'analyse
de Tocqueville est pertinente, cela va sans dire. Et je la relie
indirectement à Louis II de Bourbon-Condé et aux aristocrates, bouffis
d'orgueil et de suffisance, mais qui se sont pliés devant un roi qui a
semé, sans même l'imaginer, les graines de la révolte et de la
Révolution.
- clic sur le lien
(1) "Histoire de France", de Marc Ferro, éditions Odile Jacob; 2001, page 163
(2) ibid, page 164
(3) "Voyage en Angleterre" d'Alexis de Tocqueville, bibliothèque de la Pléïade, 1991, pages 450
(2) ibid, page 164
(3) "Voyage en Angleterre" d'Alexis de Tocqueville, bibliothèque de la Pléïade, 1991, pages 450
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