lundi 8 mai 2017

Emmanuel Macron, Président de la République.

crédit photo: REUTERS


Emmanuel Macron sera donc le 8ème président de la V ème République. C’est une banalité que de le rappeler, mais qui aurait parié un kopeck sur lui il y a un an? Personne ou presque.

A 39 ans, il casse les codes anciens qui voulaient qu’un candidat à la présidence de la République ait un parti à sa disposition, une expérience de parlementaire et/ou un mandat local, une expérience de ministre et bien entendu un âge « respectable », c’est-à-dire au moins la cinquantaine, cet âge étant sensé lui conférer sagesse et expérience de la vie.
Tous ses prédécesseurs avaient peu ou prou ces critères sans pour autant avoir mené des politiques particulièrement brillantes, à défaut d’avoir été efficaces.

Comme beaucoup, j’ai regardé les débats à la télé, passant de TF1 à France 2, puis à France 3, puis à BFM TV, puis à CNews, puis à FranceinfoTV, et cela de façon aléatoire.

Cette manie d’interviewer des gens qui n’ont souvent pas grand chose à dire, sinon des banalités partisanes, finit par être grandement insupportable. Mais bon, passons, il parait que c’est incontournable.

Tous les « ténors » politiques alternaient sur les différentes chaines, débitant leurs discours et leurs catéchismes. Rien de bien nouveau sous le soleil, sinon des discours prévisibles, prenant date pour l’avenir, à savoir les prochaines législatives.

Mais parmi tous ces politiques qui s’exprimaient, deux ont particulièrement retenu mon attention: Jean Luc Mélanchon et Alexis Corbière, tous deux représentant le parti « la France insoumise ». Pour mémoire, le candidat de ce parti, JLM, est arrivé en 4ème position du 1er tour avec 7 059 951 voix ( 19,58%) contre 8 656 346 voix (24,01%) à  E. Macron et 7 7678 491 voix (21.30%) à M. Le Pen, sans oublier bien sûr F. Fillon et ses 7 212 995 vois (20,01%).


Donc, hier soir, ces deux dirigeants ont tenu des discours d’une violence inouïe, violence qui n’avait rien à envier à celle du Front National. On avait l’impression d’être revenu dans les années 50 – 80, quand le PCF était au faîte de son influence et que Georges Marchais et ses amis invectivaient leurs contradicteurs sur les plateaux de télévision. En écoutant les leaders de FI, j’ai souvent eu, hier soir, cette impression que pour eux, le nouveau président n’avait aucune légitimité et s’il ne se soumettait pas à la politique de FI, « cela allait mal finir », pour reprendre l’expression d’Alexis Corbière. Voir ci-après son blog: http://www.alexis-corbiere.com/ et celui de JLM: http://melenchon.fr/2017/05/07/une-autre-majorite-est-possible/

Beaucoup de commentateurs, d’observateurs de la vie politique pointent l’amorce d’une nouvelle ère politique à partir d’une recomposition elle même politique. La loi sur l’interdiction du cumul des mandats fait que nombre de députés ne se représenteront pas, préférant leur mandat local. Ajoutez à cela une nouvelle dynamique impulsée par l’élection de E. Macron et nous pouvons espérer le renouvellement du personnel parlementaire en attendant celui du personnel politique local. Ce ne sera pas chose facile, tant la volonté affichée de certains leaders de ne surtout pas faire bouger les lignes est forte. Nous avons pu le vérifier hier soir en écoutant MM. Baroin ou Cambadélis.

Pour n’avoir pas été un macroniste de la première heure et ne m’être « rallié » à sa candidature que sur le tard, j’espère, je souhaite que les législatives de juin puissent lui donner une majorité suffisamment forte et unie pour qu’il puisse gouverner. Le président élu hier soir a dit et redit que « la tâche était immense ». Et c’est vrai.

Une des tâches à laquelle il devra très vite et puissamment s’atteler, c’est celle de redonner à la fonction présidentielle de la hauteur et du sens. De la hauteur en n’intervenant pas à tout bout de champ pour un oui ou pour un non: il y a un gouvernement et des ministres pour cela. Du sens en redonnant aux français le sentiment et la certitude que la République est juste, impartiale et forte.

J’ai souvent le sentiment à écouter les uns ou les autres que la politique est devenue un gros mot. Combien de fois ai-je entendu « ils sont tous pourris, tous les mêmes, tous complices »? Certes, le personnel politique n’est pas exempt de critiques justifiées. Combien – et pas des moindres – n’ont pas l’honnêteté sinon la vertu que nous sommes en droit d’attendre d’eux? L’abstention, la montée des partis extrémistes et/ou populistes à chaque scrutin toujours plus fortes sont la preuve de ce désamour.

Ce sera donc aussi une des tâches prioritaires du président Macron: redonner confiance en la politique. Faire en sorte que nul parmi le personnel politique ne soit au-dessus des lois; que certains élus ne bénéficient plus de privilèges exorbitants; que la transparence sans excès soit la règle;  que la politique, si elle est un métier, ne devienne pas affaire de rentier. Tout cela afin que la politique redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: une mission noble et grande au service de la France et des français. S’il y parvient – et je ne doute pas de sa volonté à cet égard – alors, il aura réussi une grande partie du mandat que nous lui avons confié.

Nous vivons une époque extraordinairement troublée. Ce qui se passe dans certaines régions du monde, les conflits ethnico-religieux, les migrations de milliers de victimes des guerres et des famines, les bouleversements climatiques et environnementaux chaque jour plus intenses, tout cela et bien d’autres choses encore, doit être pris en compte sans pour autant nous laisser aller au repli sur soi et à dresser des barrières aussi illusoires qu’inutiles.


Oui, président Macron, la tâche est immense.



de Claude BACHELIER
www.zonaires.com



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