le FORBIN |
Le 8 juillet, avec deux anciens de l'EE Forbin, j'ai été invité à une sortie en mer sur la frégate Forbin dans le cadre de la journée des familles.
Le soleil était au rendez-vous,
la Méditerranée calme et paisible, l'ambiance à bord décontractée. Donc
la journée s'annonçait superbe. Et elle l'a été.
Cela faisait des années que je
n'avais pas été en mer, mis à part une fois ou deux pour de très courtes
ballades. Inutile de préciser mon bonheur et mon émotion. J'ai navigué
pendant cinq ans - je m'étais engagé à seize ans pour cela!!! - et me
retrouver bien des années plus tard sur un bâtiment de la Royale, certes
pour une trop courte journée, m'a fait retrouver des sensations que
j'avais complètement oubliées: le vent, cette impression bizarre d'être
dans un autre monde, le sentiment diffus de n'être plus un terrien, mais
de faire partie de la grande famille des gens de mer. Ne voyez pas dans
mes propos une quelconque grandiloquence, mais plutôt une réalité toute
simple qu'il est impossible d'expliquer simplement.
Homme libre... |
Quand nous étions
au large ce dimanche et qu'on ne voyait à l'horizon que cette ligne
magique qui sépare la mer du ciel, il m'est revenu à la mémoire ce poème de Beaudelaire: "Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir...*"
Nous avons appareillé vers 8h30, après la cérémonie des couleurs. Il faut
savoir que dans la Marine, les couleurs sont hissées tous les matins à
8h00 précises et qu'elles sont amenées le soir au coucher du soleil.
Avant nous, avaient pris la mer les frégates Surcouf * et Montcalm*, bientôt rejointes par le porte avions Charles de Gaulle *
le Charles de Gaulle |
le Montcalm |
le Surcouf |
Ainsi
quatre bâtiment de la Marine parmi les plus modernes étaient à la mer,
avec à leur bord des centaines de civils, des jeunes et des moins jeunes
qui ont pu, le temps d'une journée, voir comment leurs proches
vivaient, comment ils travaillaient sur ces grands navires quelque peu
mystérieux.
catapultage d'un Super Etendard (photo J. Rebec) |
En fin de matinée, nous avons eu droit à un spectacle exceptionnel: le catapultage de deux Super Etendard*, de trois Rafales* et d'un Hawkeye*.
J'avais oublié combien c'est impressionnant de les voir décoller, dans
un bruit assourdissant, avec une facilité surprenante quand on sait que
le moindre appareil pèse 20 tonnes et qu'il doit en 200 mètres à peine
passer de 0 à 300 kms/heure! Certes, une catapulte "lance" l'avion, mais
quand même!!!
Tout aussi impressionnants les
appontages: à peine 100 mètres pour passer de 200 kms/heure à 0. Une
"crosse" de l'avion accroche des câbles d'acier posés en travers de la
piste d'envol aide puissamment, mais on peut imaginer sans peine la
décélération subie par le pilote!
Après ce spectacle, bien au
large de Toulon, nous sommes revenus vers les côtes où le Forbin a jeté
l'ancre. Sous le hangar, à l'abri du soleil qui tapait fort, nous avons
alors pu nous restaurer, du moussaillon au commandant, avec le même
plateau et aux mêmes tables.
Puis, tout doucement, nous
sommes rentrés au port. La manoeuvre d'accostage a quelque chose de
spectaculaire, même aidée par des remorqueurs. Mis à part quelques
détails comme la tenue des "boscos", rien n'a véritablement changé: il
convient d'être parfaitement parallèle au quai afin d'accoster en
douceur.
une coursive |
Au cours de cette journée, j'ai pu, comme tout un chacun, déambuler librement presque partout. Les
coursives sont un peu plus larges que celles du Forbin "ancien modèle",
mais ce ne sont quand même pas des avenues, et il faut toujours lever
la jambe pour passer les nombreuses portes étanches.
J'aurais aimé visiter les
différents PC, mais difficile d'y admettre des visiteurs, d'autant que
ce sont quand même des endroits "sensibles"... Je n'ai pourtant aucune
peine à imaginer que le PC Transmissions du Forbin de 2012 n'a plus rien
à voir avec celui où je travaillais en ...1966! Les ordinateurs et les
imprimantes rapides ont remplacé les téléscripteurs SAGEM à bande
papier. A ce sujet d'ailleurs, quand j'ai parlé de téléscripteurs à un
membre de l'équipage, il m'a demandé quelques détails sur ces machines
pour lui totalement inconnues... Ainsi va la vie!
le commandant Aussédat entouré des anciens |
Avant de quitter le bord, nous avons discuté, Jean-Henri Veillon, Jacques Rebec et moi-même, avec le "Pacha", le capitaine de vaisseau Marc Aussédat*. Il nous a redit
sa volonté et celle de son équipage de maintenir un lien fort avec les
anciens. Nous lui avons confirmé que ces mêmes anciens, sous la houlette
de Jacques Marquet, étaient eux aussi déterminés à entretenir des
relations fortes et pérennes avec la frégate et son équipage.
le commissaire Bourgninaud entouré des anciens |
Alexis Bourgninaud |
Je ne peux conclure ce billet sans remercier très chaleureusement le Commissaire Alexis Bourgninaud
qui a pris l'initiative de cette invitation. (Je rappelle au passage
que dans la Marine, le commissaire est le responsable administratif dubâtiment et non le responsable de la police du bord, rôle tenu par le
capitaine d'armes, surnommé le "bidel".) Et puis, comment ne pas
remercier aussi Jacques Marquet, concepteur, animateur et "âme" du site
de l'escorteur d'escadre Forbin: http://www.eeforbin.fr/, grâce à qui
nous avons pu vivre cette belle journée.
* clic vers le lien
Super ton papier Claude comme toujours !
RépondreSupprimerAmitiés
Jacques
Belle journée en effet!
RépondreSupprimerBise Christiane
La chance que tu as ! la prochaine fois tu m'invites ?? Je rêve souvent de mes jours de mer sur le Duquesne en mer rouge ou dans le golfe persique et je me retrouve déambulant dans la coursive centrale pour prendre mon quart au CO la nuit quand tout est sous éclairage rouge et que le reste de l'équipage dort sachant que d'autres veillent sur leur sécurité !
RépondreSupprimerje t'inviterais bien sûr avec grand plaisir... sauf que la décision ne m'appartient pas et qu'en plus cela ne concerne que les anciens du Forbin...
RépondreSupprimerMais peut-être existe t-il une "amicale" ou un blog spécifique au Duquesne ou aux bâtiments sur lesquels tu as navigué... Et puisqu'on parle de chance, tu as les "moussaillades; certes, tu ne navigues pas, mais quand même!!!