vendredi 11 novembre 2011

le petit exercice littéraire du vendredi

Des problèmes techniques sur le Monde.fr qui héberge mon blog où je publie d'habitude les "petits exercices" m'oblige à "poster" sur celui-ci. Vous pouvez bien sûr y écrire vos réponses sans pour autant vous abonner. Comme sur l'autre blog, vous devez cependant inscrire votre adresse internet, visible par moi seul. 
Raymond ARON
Cette semaine, un auteur du XIXème siècle, fin observateur de la vie en France, qu'elle soir politique, sociale, administrative ou sociale. A le lire, on voit que ces réflexions sont toujours, en quelque sorte, d'actualité. Donc, le nom de cet auteur et de son oeuvre. Réponses dimanche soir, rubrique commentaires.

Dans les pays où l'administration publique est déjà puissante, il naît peu d'idées, de désirs, de douleurs, il se rencontre peu d'intérêts et de passions qui ne viennent tôt ou tard se montrer à nu devant elle. En visitant ses archives on n'acquièrent pas seulement une notion très exacte de ses procédés, le pays tout entier s'y révèle. Un étranger auquel on livrerait aujourd'hui toutes les correspondances confidentielles qui remplissent les cartons du ministère de l'intérieur et des préfectures en saurait bientôt plus sur nous que nous-mêmes. Au XVIII ème siècle, l'administration publique était déjà, ainsi qu'on le verra en lisant ce livre, très centralisée, très puissante, prodigieusement active. On la voyait sans cesse aider, empêcher, permettre. Elle avait beaucoup à promettre, beaucoup à donner. Elle influait déjà de mille manières, non seulement sur la conduite générale des affaires, mais sur le sort des familles et sur la vie privée de chaque homme.
United States of America
.../...
A mesure que j'avançais dans cette étude, je m'étonnais en revoyant à tous moments dans la France de ce temps beaucoup de traits qui frappent dans celle de nos jours. J'y retrouvais une foule de sentiments que j'avais crus nés de la Révolution, une foule d'idées que j'avais pensé jusque-là ne venir que d'elle, mille habitudes qu'elle passe pour nous avoir seule données; j'y rencontrais partout les racines de la société actuelle profondément implantées dans ce vieux sol. Plus je me rapprochais de 1789, plus j'apercevais distinctement la physionomie de cette Révolution. Déjà, elle annonçait son tempérament, son génie; c'était elle-même.
Algérie
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Dans ces sortes de sociétés où rien n'est fixe, chacun se sent aiguillonné sans cesse par la crainte de descendre et l'ardeur de monter; et comme l'argent, en même temps qu'il y est devenu la principale marque qui marque et distingue entre eux les hommes, y a acquis une mobilité singulière, passant de main en main sans cesse, transformant la condition des individus, élevant ou abaissant les familles, il n'y a presque personne qui ne soit obligé d'y faire un effort désespéré et continu pour le conserver ou pour l'acquérir. L'envie de s'enrichir à tout prix, le goût des affaires, l'amour du gain, la recherche du bien-être et des jouissances matérielles y sont donc les passions les plus communes.






Conseil général de la Manche









4 commentaires:

  1. J'ai tout de suite pensé à Tocqueville (Alexis de ), surtout en voyant le drapeau américain. Très moderne comme on peut le constater à la lecture du texte, issu du livre "l'ancien régime et la révolution" (pas la Bastille de Grenoble...).
    Bon défilé Christiane

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  2. J'ai tout de suite pensé à Tocqueville. Son livre "l'ancien régime et la révolution (que je n'ai pas lu) semble toujours très actuel. Christiane

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  3. Très sincèrement je ne vois pas, ou plutôt je vois trop de noms candidats possibles, y compris Maupassant, journaliste et auteur de nombreuses chroniques (je pense à lui à cause du drapeau de l'Algérie, il a été un des premiers à citiquer les méfaits du colonialisme là-bas en des temps où tout le monde chantait encore unanimement sa mission civilisatrice).
    Quant à l'avidité matérialiste et à la cupidité, elle par contre a été souvent la cible de critiques acérées, de la part d'auteurs variés cette fois, comme Chateaubriand, Balzac mais aussi bien d'autres.
    Les frères Goncourt ont été des passionnés du XVIIIème siècle et ont dû soigneusement consulter ses archives... Je passe volontairement sous silence les historiens et sociologues, souvent pertinents et déjà très nombreux au XIXème siècle!!
    Alors à quoi bon choisir un nom au hasard?

    Et pourtant: "...comme on le verra en lisant ce livre...", "à mesure que j'avançais dans cette étude...", sont des expressions d'historien ou/et de sociologue "professionnel" et méthodique, justement, alors, toute réflexion faite, je penche décidément pour Taine ou Tocqueville (le drapeau américain).
    Le style me semble un peu plus sinueux, moins "carré" que celui de Taine, alors, allez, je me lance: "L'Ancien Régime et la Révolution" de Tocqueville.
    En tous les cas le texte est très intéressant et me plaît beaucoup, et je le trouve pour ma part remarquablement empreint de justesse dans ses idées principales!

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  4. il s'agit de ALEXIS DE TOCQUELVILLE ( 1805 - 1859) et de l'un de ses ouvrages majeurs: "L'ancien régime et la Révolution" , écrit je crois dans les années 1854-1855. Ce texte est issu de l'introduction à l'ouvrage. Tocquevile était à la fois historien, journaliste, sociologue, politologue et c'est ce qui rend ses analyses particulièrement intéressantes. Il anticipe la dualité citoyen-individualisme et s'interroge sans le dire vraiment sur la validité de ce concept.
    * Raymond ARON: 1905 - 1983: historien, journaliste, sociologue, il est l'un de ceux qui, contre vents et marées, a fait connaitre le plus Tocqueville, particulièrement dans les années où le marxisme triomphait auprès des intellectuels et des universitaires;
    * le pavillon des Etats Unis: un des ouvrages les plus connus de l'auteur: "de la démocratie en Amérique", écrit en 1835 lors de l'un de ses voyages, décrit parfaitement les institutions américaines et en analyse le fonctionnement, mais aussi les contradictions;
    * pavillon de l'Algérie: en 1841, il veut comprendre le pourquoi de la colonisation de l'Algérie et il se rend sur place. Il comprend très vite que l'administration française ne se donne pas les moyens d'une colonisation réussie;
    * Conseil Général de la Manche: il est élu conseiler général du canton de Sainte Mère l'Eglise en 1842 et président de ce CG en 1849. Jusqu'en 1851, date à laquelle il se retire de la vie politique après avoir été incarcéré suite à son opposition à Louis Napoléon Bonaparte.

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