Avec un peu de retard, voilà un texte complexe, écrit par un auteur tout aussi complexe, mais qui nous donne à réfléchir tant sur nos valeurs que sur nos Histoires. On ne le lit pas pour passer le temps.
Donc, le nom de cet auteur, plutôt connu, et le titre de son ouvrage, moins connu. A dimanche dans la soirée.
La liberté, "ce nom terrible écrit sur le char des orages" (1), est au principe de toutes les révolutions. Sans elle, la justice parait aux rebelles inimaginable. Un temps vient, pourtant, où la justice exige la suspension de la liberté. La terreur, petite ou grande, vient alors couronner la révolution. Chaque révolte est nostalgie d'innocence et appel vers l'être. Mais la nostalgie prend un jour les armes et elle assume la responsabilité totale, c'est-à-dire le meurtre et la violence. Les révoltes serviles, les révolutions régicides et celles du XX ème siècle, ont ainsi accepté, consciemment, une culpabilité, de plus en plus grande dans la mesure où elles se proposaient d'instaurer une libération de plus en plus totale. Cette contradiction devenue éclatante, empêche nos révolutionnaires d'avoir l'air de bonheur et d'espérance qui éclatait sur le visage et dans les discours de nos Constituants. Est-elle inévitable, caractérise-t-elle ou trahit-elle la valeur de révolte, c'est la question que se pose à propos de la révolution comme elle se posait à propos de la révolte métaphysique. En vérité, la révolution n'est que la suite logique de la révolte métaphysique et nous suivrons, dans l'analyse du mouvement révolutionnaire, le même effort désespéré et sanglant pour affirmer l'homme en face de ce qui le nie. L'esprit révolutionnaire prend ainsi la défense de cette part de l'homme qui ne veut pas s'incliner. Simplement, il tente de lui donner son règne dans le temps. Refusant Dieu, il choisit l'histoire, par une logique apparemment inévitable. (1) Philotée O'Neddy
"L'Homme révolté", Albert Camus, 1951.
RépondreSupprimerQue voulez-vous, mon cher, on ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs; y compris quand on prend place dans une voiture sans prendre garde à l'état de ses pneus (oui, normalement c'est le boulot du conducteur...)
C'est alors le platane dans lequel on fonce qui se révolte et vous transforme en omelette.
Mauvaise plaisanterie à part, Camus est un écrivain de très grande envergure, n'en déplaise à la jalousie de Bosco le catho qui le traitait de "rhéteur africain"...
En attendant ce sont des virus bourgeois (puisque parasites par définition) qui se révoltent et qui m'empêchent d'aller où je veux et notamment manger du bon pain;
vivement une bonne révolution stalinienne pour nous débarrasser de ces traîtres réactionnaires, qu'ils soient bourgeois -ces vipères lubriques-, trotskistes, les pires de tous, ces loups déguisés en agneaux, ou accaparateurs koulaks, ces rats visqueux!!
je savais que ce ne serait pas facile, mais quand même, une seule réponse…
RépondreSupprimeril s’agit de « l’homme révolté », d’Albert Camus (1913 – 1960). Cet ouvrage, complexe, sans doute parce qu’il est compliqué d’expliquer les contradictions humaines: pourquoi ceux qui se révoltent contre l’injustice et la tyrannie peuvent ils accepter ensuite une autre injustice, une autre tyrannie? Vastes sujets, et on peut se demander parfois si il n’y a pas de la fatalité dans ces contradictions. mais la notion même de fatalité n’étant pas le genre de la maison, il faut chercher autre chose.
Les illustrations:
* Frank Sinatra: l’inoubliable interprète de « Stranger in the night », pour le roman de Camus: « l’étranger »;
* « Bonaparte et les pestiférés de Jaffa » autre roman de camus: « la peste »;
* A. Nobel (1833 – 1896): A. Camus a reçu ce prix prestigieux en 1957.