Samedi 9 juillet, j'ai été invité, avec deux autres anciens de l'EE Forbin, par le Commandant de la FDA Forbin, le Capitaine de Vaisseau REY et le Commissaire Bourgnigaud, au cocktail de fin de la mission Harmattan au large de la Libye. Mais avant de rentrer plus en détail sur cette belle et sympathique soirée, j'aimerais remonter quelques années en arrière.
l'équipage du Forbin à Suez en 1971 |
Le 2 novembre 1965, j'embarquais, à Toulon, sur l'Escorteur d'Escadre FORBIN (D 635), alors commandé par le Capitaine de Vaisseau Frédéric-Moreau. Ce fier navire était encore en cale sèche et allait terminer son grand carénage avant d'effectuer des essais en mer puis, en mars 1966, le grand départ vers Tahiti, via le Cap de Bonne Espérance à l'aller, via le Cap Horn au retour. J'ai déjà écrit ici que le passage de ce cap mythique s'était déroulé sur "une mer de curé". La honte absolue!
Ce fier navire, après avoir été désarmé en 1981 et servi de brise-lames à Lanvéoc Poulmic pendant 18 ans, a été envoyé par le fond en 1999 au cours de tirs d'exercice. A 2000 mètres de profondeur, il doit servir de refuge aux crustacés, coquillages et poissons de la faune sous marine bretonne. Ainsi s'achève très souvent le destin de ces "lévriers des mers".
Avec ses 350 hommes d'équipage, ses 128 mètres de long, 12 de large et 5 de tirant d'eau pour un déplacement 3750 tonnes, le Forbin affichait très fièrement ses 650 000 miles au compteur. Mais naviguant depuis 1958, il avait atteint comme il est dit pudiquement "la limite d'âge".
le Forbin à Tahiti en 1966 |
la frégate FORBIN |
En décembre 2008, la Frégate de Défense Aérienne FORBIN (D 620) prenait la relève de son glorieux ancien. Cette frégate n'a rien à voir, mais alors rien, avec l'escorteur.
Tant par son "look" que par ses dimensions et même son équipage. Normal d'ailleurs, tant il est vrai que les navires conçus aujourd'hui n'ont qu'un seul point commun avec ceux d'hier ou d'avant hier: celui de flotter. Et cela est valable pour les navires de guerre, de commerce ou de tourisme.
Tant par son "look" que par ses dimensions et même son équipage. Normal d'ailleurs, tant il est vrai que les navires conçus aujourd'hui n'ont qu'un seul point commun avec ceux d'hier ou d'avant hier: celui de flotter. Et cela est valable pour les navires de guerre, de commerce ou de tourisme.
la coupée du Forbin |
Avec à peine 200 hommes et femmes d'équipage, 153 mètres de long, 14 de large pour un déplacement de 7000 tonnes, le Forbin "nouveau" est le type même des bâtiments d'aujourd'hui, bourrés d'électronique, de logiciels et d'armements adaptés à des équipements ultra sophistiqués. Sans vouloir rentrer dans trop de détails, la forme du navire est quelque peu surprenante et dès que j'ai vu la frégate, j'ai pensé à un avion "furtif". Effectivement, les ingénieurs de DCNS ont conçu la coque, la mature pour qu'elles soient en quelque sorte, sinon invisibles, du moins "trompeuses", c'est à dire que les radars "ennemis" ne pourraient "voir" sur leurs écrans que la forme d'un... chalutier! C'est certainement plus compliqué que cela, mais cela explique que les navires de surface ressemblent presque à des légos. Les matériaux composites n'ont pas été utilisés, mais je n'ose imaginer le coût d'une telle construction!
Samedi dernier, nous étions donc invités Jean Henri Veillon, Christophe Veillon et moi-même par le commandant Rey et le commissaire Bourgnigaud. Je précise que dans la Marine, le commissaire n'a rien à voir avec la police, ce rôle étant dévolu au Capitaine d'Armes, surnommé plus ou moins affectueusement le "bidel". Le commissaire est le patron de l'administration du bord.
le CV Cluzel, JH Veillon, C. Bachelier, C. Veillon |
Dès que j'ai eu passé la coupée, j'ai été "frappé" par la jeunesse des officiers présents pour accueillir les invités. Cette surprise s'est confirmée par la suite, ne serait ce que lorsque nous avons été saluer le commandant Rey: quarante, quarante deux ans maximum. Pour un capitaine de vaisseau, c'est surprenant. Entendons nous bien: quand j'écris surprenant, c'est en comparaison de l'âge des officiers de marine il y a pas mal d'années. Confirmation de ce sentiment après avoir longuement discuté avec le commandant en second, le capitaine de vaisseau Cluzel: trente neuf ans! Certes, nous a t'il précisé, les étoiles pouvaient se faire attendre une bonne dizaine d'années.
Beaucoup de monde réuni sur la plage arrière et dans le hangar autour d'un "buffet" appétissant à souhait. Ambiance conviviale, décontractée et même festive.
Visite du bâtiment sous la houlette de deux jeunes seconds-maitres (deux ans de service, sans passer par Maistrance), visiblement passionnés par leur métier. Première constatation, et d'importance: il y a l'air conditionné partout. Ou presque. La seconde: il n'y a plus de "postes" à l'ancienne où on s'entassait parfois à plusieurs dizaines, mais des chambres de quatre places, avec douches et toilettes. Les coursives (ou couloirs selon les "biffins") sont larges et peu encombrées, même si les chemins de câbles courent, courent... Pour descendre ou monter, les escaliers sont plus proches de l'échelle de meunier que celui du Casino de Paris où Cécile Sorel avait demandé: "l'ai-je bien descendu?" Au moins une dizaine d'écrans d'ordinateurs sur la passerelle; plus de barre en bois, mais un petit volant, presque un "joystick". Mais toujours le siège du Pacha. Il y a encore des cartes papier, mais je n'ai pas réussi à savoir si elles étaient toujours utilisées. Et à priori, il n'y aurait pas de sextant à bord. Ou alors sagement rangé quelque part... A l'avant, les compartiments où sont entreposés les missiles Aster. On peut espérer que l'on aura jamais à s'en servir réellement, mais comme dirait l'autre: "Si vis pacem, para bellum".
la barre |
En tout cas, j'ai passé une belle soirée et, je le précise, sans aucune nostalgie. Sauf que les souvenirs existent et je ne renie rien. Un de mes souhaits, ou rêves ou chimères ou fantasmes, je ne sais exactement, serait d'embarquer lors d'une sortie en mer, de n'avoir pour horizon que les vagues, de regarder le soir le soleil plonger dans la mer; de voir ce navire "le nez dans la plume"; se lever à cinq heures du matin et contempler le soleil qui se lève.... Bref, un petit retour en arrière, ne serait ce que pour me rappeler que, hélas, la mer ou l'océan n'arrive toujours pas aux Panissières.
photos de l'EE Forbin: Jacques Marquet
autres photos: Paniss
le Forbin à Tahiti: photo de l'EV Sylvain
clic sur la photo pour agrandir
clic sur la photo pour agrandir
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire