Notre bref périple aux USA, en octobre dernier, nous a conduit à Plymouth*, Massachusetts, là où ont débarqué le 11 novembre 1620, une centaine de personnes, dont une trentaine d'hommes d'équipage et surtout trente cinq dissidents anglais, hommes et femmes très pieux fuyant les persécutions des autorités religieuses anglaises.
Celles et ceux que l'on a appelés plus tard les "pères pèlerins", "the Pilgrims Fathers".
Ces pèlerins sont des protestants qui firent sécession de l'église d'Angleterre et, pour cette raison, persécutés avec d'autres, les puritains.
Avant d'aller plus en avant dans ce billet, permettez-moi d'ouvrir une brève parenthèse.
Pour m'intéresser à l'Histoire, celle de notre pays, mais pas que, j'ai toujours été frappé par le fait qu'au sein d'une même religion, il pouvait y avoir des différences, parfois importantes, parfois mineures, et qu'à partir de ces différences, des persécutions étaient organisées, mises en oeuvre, des persécutions et souvent des guerres civiles, meurtrières, sauvages, implacables.
Nous en savons quelque choses avec les guerres de religions qui ont frappé la France pendant toute la seconde moitié du XVI ème siècle.
C'était le cas en France, mais aussi partout dans le monde où de telles guerres se sont déroulées. Et se déroulent encore.
Et si j'écris pouvoirs au pluriel, c'est parce qu'il s'agit de pouvoir politique, mais aussi économique, financier, social et même sociétal.
Et donc, les enseignements des religions dites du Livre où, pour faire court, la tolérance, la charité, le pardon sont des vertus cardinales, ces enseignements s'effacent, disparaissent au profit de luttes de pouvoirs et de ce qui en découle.
Au point de se demander si les religions ne portent pas en elles les germes de la guerre.
Mais cela demande d'autres développements, ce n'est pas le sujet de mon billet d'aujourd'hui et je reviens donc aux Pilgrims.
En 1606, le roi d'Angleterre, Jacques 1er* et le chef de l'église Tobias Matthew déclenchent une répression féroce contre les dissidents.
Donc, le 16 septembre 1620, John Carter* décide de rejoindre la colonie de Virginie avec les dissidents à bord du Mayflower, un petit navire de 28 mètres et de 180 tonneaux de jauge, appelé "flûte*".
Pour être monté à bord de la reconstitution de ce navire, je peux témoigner que la centaine de passagers devaient se sentir à l'étroit, vivant dans des conditions plus que précaires, dans l'humidité, le froid, la peur: imaginons un instant ce frêle esquif affrontant les terribles tempêtes de l'Atlantique nord.
Le voyage avait été financé par des marchands londoniens qui, bien sûr, en attendaient des retours sur investissements. Aussi, en plus d'être tous adhérents des principes puritains*, les passagers avaient tous des compétences professionnelles affirmées, agriculteurs ou artisans.
Suite à une forte tempête au large de Terre Neuve, les pèlerins arrivent le 11 novembre 1620, à Cap Code, Massachusetts, bien plus au nord que prévu, à savoir la Virginie.
Le voyage aura donc duré un peu moins de deux mois, dans des conditions particulièrement difficiles.
Pour marquer à tout jamais cette date et le lieu de leur débarquement, les pèlerins graveront l'année sur un rocher encore visible aujourd'hui, sans que, toutefois, l'origine du rocher exposé soit avérée.
Élaboration et signature du Mayflower Compact (tableau d’Edward Percy Moran, exposé aujourd'hui au Pilgrim Hall Museum) |
Les signataires s’engagent ainsi à se « constituer en un corps politique civil » et à obéir aux lois qui seront promulguées dans la colonie.
Ce pacte sera bien évidemment imprégné très fortement des principes religieux qui ont été à l'origine de la fuite des pèlerins de l'Angleterre.
Au printemps suivant, ils vont s'installer à terre, construire des huttes et commencer les travaux de la terre, aidés en cela par les indiens Iroquois qui leur seront des aides précieuses et indispensables pour leur survie en leur enseignant la culture du maïs et la pratique de la pêche.
Certes, il n'y eut ni dindes ni pommes de terre, mais des fruits de mer, des cerfs et des ... citrouilles, issues des premières récoltes.
Les récits bibliques plus les éléments de la théorie calviniste imprègnent cette toute jeune communauté, comme l'écrit le gouverneur Bradford*: "le Seigneur était avec eux dans tous leurs faits et gestes, que sa grâce s’exerçait dans toutes leurs allées et venues »
Merci Claude pour cet excellent article qui m'éclaire sur un volet de l'histoire des EU, que je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerQue ne fait-on pas au nom de dieu pour détenir le pouvoir ? Et ce n'est, héla, pas fini je pense. Bises Paulette