mercredi 23 août 2023

L'OUZBÉKISTAN (opus 5) : NOUKOUS

 L'Ouzbékistan est, administrativement divisé en douze provinces, une ville, Tachkent et une République autonome: le Karakalpakstan ou République des Karakalpaks dont la capitale est NOUKOUS où je vous propose de vous emmener aujourd'hui.


À l'origine, Noukous se trouvait à moins de 180 kms de la mer d'Aral. Mais suite à l'irrigation forcée des champs de coton mise en place par l'URSS, cette mer n'est plus qu'un lointain souvenir, en particulier pour la partie Ouzbek.


Comme souvent le nom de la ville prend sa source dans une légende:  le souverain du Khorezme (province voisine) aurait fait exiler 9 femmes de son harem sur l’emplacement actuel de Noukous. Chacune d’elle s’est ensuite mariée avec des marchands qui étaient de passage dans la ville, puis donna naissance à 9 garçons, qui selon la légende, auraient fondé la ville de Noukous.

 



Noukous possède un musée - " le Louvre des steppes" -  consacré aux peintures russes, dites "d'avant garde", c'est-à-dire la période 1918 - 1935.,

Son créateur, Igor Savitsky*, a réuni et sorti d'URSS toutes les oeuvres de peintres russes, oeuvres que Staline voulait détruire pour cause de "non conforme au réalisme socialiste soviétique".


 

Igor SAVITSKY (1915 - 1984)

 

Natif de Kiev, issu d'une famille décimée par la révolution bolchévique, Savitsky a été peintre, électricien, archéologue, pas très en phase avec le pouvoir stalinien, sans être pour autant dans une opposition frontale .

En 1966, avec l'appui des autorités locales qui ont compris l'importance d'un tel patrimoine, il va fonder le musée qui porte son nom et y présenter les oeuvres de l'avant garde russe, mais aussi tout l'artisanat qu'il a amassé un peu partout dans la région. C'est pour cela, sans doute, qu'il a été surnommé le "brocanteur"...


Il s'installe à Noukous dans les années 1950 alors qu'il fait partie d'une mission archéologique. Pour mémoire, l'Ouzbékistan, a cette époque, était une République Socialiste Soviétique.
En URSS, le "réalisme socialiste" était la règle absolue dans tout ce qui concerne la production artistique. Les peintres, comme tous les artistes, devaient s'y confirmer sous peine de censure et parfois de déportation. 

Le réalisme socialiste soviétique

Donc, les peintres fuient Moscou, travaillent en secret et cachent leurs oeuvres. 
C'est là qu'intervient Satvisky: il cherche et trouve les peintres et achète - avec son propre argent - les oeuvres de ces peintres "maudits". Il a retrouvé certaines de ces peintures laissées à l'abandon dans des caves ou des greniers. Et cela malgré les interdictions et les risques encourus.

Il est certes difficile de bien cerner ce qu'est cette peinture "d'avant garde russe" tant elle trouve ses sources dans divers courants artistiques. 
Cependant, c'est surtout dans les
courants picturaux occidentaux comme l’impressionnisme, le post-impressionnisme et le symbolisme que se trouvent les principales inspirations des artistes.

Solomon Nikritin, Aleksandr Nikolayev, Alexander Volkov* sont quelques uns des peintres dont les oeuvres figurent dans ce musée.


"jeune fille en rouge de Solomon Nikritin  

"Monsieur le Professeur" de Aleksandr Nikolayev  

 Effectivement, nous sommes bien loin - et c'est heureux - du réalisme socialiste soviétique.

Mais dans ce musée, il y aussi des collections, amassées par Satvisky, des vêtements, des bijoux, des selles de cheval, des argenteries et d'autres objets de l'artisanat local.
Des vases en céramique, des statuettes de culte en terre cuite, ou en bronze, bref, une multitude d'objets issus des différentes cultures qui ont traversé l'Ouzbékistan.




 
 

Le vendredi, à Noukous, est le jour où l'entrée du musée est gratuite pour toutes les écoles, les collèges et lycées de la ville.
Nous avons donc visité le musée au milieu d'une foule de jeunes, toujours attentive aux explications de leurs professeurs sur les oeuvres, mais toujours "un oeil" sur les étrangers que nous étions. 

Nous nous sommes pliés avec plaisir à nous laisser prendre en photo au milieu d'eux, à discuter avec garçons et filles, en anglais bien sûr. Pas toujours évident car la langue de Shakespeare en ouzbek ou en français n'a pas les mêmes accents... 

Mais, nous avons senti ces jeunes plein de curiosité, plein d'enthousiasme, avec des envies d'apprendre le monde, de comprendre ce monde dans lequel ils vivent, de le découvrir aussi.


Une lycéenne a dit à Anne, en anglais, "qu'elle enviait l'Europe car il n'y avait pas de frontières". 









 
 Après avoir visité la nécropole, nous avons pris ensuite la route de Khiva, à travers la steppe, le long de l'Amou - Daria.
Il y avait quelque chose de particulier dans ces paysages désertiques qui, en réalité, ne l'étaient pas tellement.
 
La nécropole de Noukous, cette traversée et Khiva, je vous en parle dans mon prochain blog. 
 
 
 
 
Dans ce lien du mensuel "Géo", vous trouverez beaucoup de tableaux présentés dans le musée: https://photo.geo.fr/musee-savitsky-decouvrez-la-collection-interdite-de-noukous-en-ouzbekistan-42837#avanti-o-popolo-csls2

1 commentaire:

  1. Merci Claude,

    Une belle découverte que ce musée de Noukous, qui nous rappelle combien les avant-gardes russes ont souffert du stalinisme alors qu'ils ont été au départ favorable à la révolution.

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