mardi 18 avril 2017

Voter ou s'abstenir

photo Joël SAGET/AFP


Onze candidats – deux femmes, neuf hommes – se présentent dimanche pour le 1er tour de l’élection présidentielle. Onze candidats qui remplissent complètement le champ politique, de l’extrême droite à l’extrême gauche avec des programmes divers et variés.

Pour reprendre une expression journalistique, quatre d’entre eux seraient « dans un mouchoir », s’il faut croire les instituts de sondages qui publient quasiment tous les jours les résultats de leurs études. Mais les sondages étant ce qu’ils sont et leurs marges d’erreur étant ce qu’elles sont,  il convient d’être prudent quant à leur interprétation.

L’abstention et le vote blanc semblent s’être invités pour cette élection présidentielle. Il n’est pas inutile de rappeler que traditionnellement, la participation est assez forte: aux environ de 80% des inscrits depuis 1965. Voir le lien de France.politique: http://www.france-politique.fr/elections-presidentielles.htm
Cette année, cette abstention tournerait autour de 30% selon les estimations sondagières. C’est énorme. Alors quelles sont, ou plus exactement, quelles seraient les raisons de ce refus de vote?

Pas facile de se faire une idée exacte, les raisons étant aussi différentes que multiples. Prenons ce qui semble être les principales. Entendons nous bien: il ne s’agit pas dans ce billet de faire une analyse sociologique de cette tendance. D’autres s’en chargeront.

Ce qui ressort des différentes interviews dans les médias ou des réactions dans les réseaux sociaux, c’est que le citoyen électeur ne trouve pas de candidats en accord avec ses préoccupations.
En écoutant, en lisant les motivations de ces futurs éventuel(le)s abstentionnistes, il se dégage qu’aucun des candidats ne leur apporte de réponses ou de solutions.  Cela donne l’impression assez curieuse que l’électeur ne trouve pas chez un candidat ce que lui, électeur, attend d’abord pour lui-même. Un peu comme s’il voulait que le futur président soit en quelque sorte son propre clone, son double et que ce président n’ait comme seule préoccupation que la satisfaction immédiate de ses revendications, à lui, électeur.

S’agit-il d’une manifestation excessive d’un individualisme citoyen? Ou d’un rejet d’une classe politique pas toujours exemplaire?

Toujours est-il que si un tel taux d’abstention se révélait exact dimanche soir, il faudra sérieusement s’interroger. Car, enfin, avec onze candidats, le choix politique est vaste et personne ne peut dire ou affirmer que tous les candidats se ressemblent ou sont tous « pourris ».
D’autres considèrent l’abstention comme un geste politique. J’admets que j’ai un peu de mal à saisir la valeur de ce geste: un geste politique, c’est être pleinement citoyen, et donc choisir et prendre ses responsabilités.
Il y a aussi ceux qui affirment que « la parole du peuple est confisquée par les politiques » et donc qui refusent de se livrer à cette « mascarade ».  Pauvre « peuple » à qui l’on fait dire pas mal d’âneries sans compter celles et ceux qui qui s’y réfèrent hypocritement à tout bout de champ.

Il y a bien sûr les éternels contempteurs du suffrage universel. J’ai lu un article du philosophe communiste Alain Badiou qui affirme tranquillement dans Le Monde daté du 19 avril, je cite: « voter, ce n’est jamais que renforcer une des orientations conservatrices du système existant. » (ci-après le lien de cet article édifiant: http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2017/04/18/alain-badiou-voter-ou-reinventer-la-politique_5112737_3232.html)




Dans une démocratie pluraliste comme la nôtre où la liberté d’expression est la règle -mais jusqu’à quand?- ne pas choisir, ne pas voter, c’est aller tout droit dans un mur que les égoïsmes construisent et sur lesquels les démagogues et les populistes s’appuieront pour nous faire marcher au pas.

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