Nous sommes en pleines crises,
tant économiques que sociales, économiques et même politiques. C'est
vrai de la France, mais pas uniquement.
Chacun a son analyse sur les raisons de ces crises et les médications à imposer aux malades que nous serions pour nous guérir.
Le Président et son gouvernement actuel ont les leurs, d'analyses et de médications, tout comme leurs prédécesseurs. Avec le succès que l'on a connu et que l'on connait, en termes de chômage, de déficits divers et variés, de hausses d'impôts, elles aussi diverses et variées.
Mais, jetons un oeil sur ce que
nous proposent trois de ceux qui aspirent à revenir. D'ailleurs, on peut
se demander si tous ces gens-là, de 2002 à 2012, n'étaient pas en exil
tant ils n'ont pas mis en oeuvre, alors qu'ils avaient TOUS les
pouvoirs, ce qu'ils préconisent aujourd'hui.
J'ai lu pas mal d'articles,
écouté les discours des uns et des autres et je me demande comment, avec
de tels hommes politiques, de telles certitudes, nous avons pu en
arriver là où nous sommes!
Parce que le maitre mot des uns
et des autres, c'est le mot REFORME. Et oui, pour nous sortir de
l'ornière, pour faire en sorte que les riches soient un peu plus riches
et surtout, que les pauvres soient un peu plus pauvres, il faut r é f o r
m e r!!!!
Alors, ces réformes qu'ils
n'ont pas faites - n'oublions pas qu'ils étaient en exil de 2002 à 2012 -
et bien, quand ils reviendront aux affaires, ils vont les mettre en
oeuvre. Et de quelles façons!!! C'est à qui ira le plus loin dans le
moins disant social et culturel, dans la démagogie rétrograde et
réactionnaire.
Parce que, disent-ils la main
sur le coeur, la France et les français ont vécu et vivent encore
au-dessus de leurs moyens. Y compris les 14% de la population qui vit en
dessous du seuil de pauvreté. Mais ils sont malins, ces exilés: ces
14% (1), ils les appellent des assistés. Et pour faire bonne mesure, ils
ajoutent les chômeurs, les étrangers et quelques autres!
Donc ils nous promettent de 110 à 150 milliards d'économies sur 5 ans. Rien que cela. Pour commencer.
Parce qu'il faudra aussi réduire
la durée d'indemnité des chômeurs. Amener l'âge de départ à la retraite à
65 ans. Là aussi pour commencer. Supprimer un poste de fonctionnaire
sur deux. Réduire les pensions de retraite. Augmenter les taux
supérieurs de TVA. Supprimer les 35 heures, puis la durée légale du
travail. Création d'un CDD dans la fonction publique. Remise à plat du
Code du Travail en attendant sa suppression définitive.
Il y a bien sûr
d'autres mesures comme la suppression des conseils généraux ou le projet
de diminuer le nombre de parlementaires.
Quitte à me répéter, pourquoi
toutes ces mesures censées tout résoudre n'ont-elles pas été mise en
place entre 2002 et 2012? Les 35 heures par exemple. Peut-être, mais ce
n'est qu'une hypothèse émise par des gens "malveillants" à leur égard,
peut-être que cela aurait privé nombre d'entreprises - et pas des
moindres - de recevoir de l'Etat des milliards d'euros (22 en 2011) pour
compenser le fait qu'elles ont signé des accords en 1999 et 2000 avec
les syndicats pour le passage de 39 à 35 heures sans perte de salaire
pour les salariés.
Mais bien sûr, ce genre de questionnement est balayé d'un revers de main méprisant.
Et il ne faudrait pas oublier dans ces projets les exonérations, quand ce ne sont pas les suppressions des cotisations sociales versées par les entreprises, même et surtout celles qui engrangent des profits faramineux. Et cela bien sûr, sans le moindre engagement de celles-ci, ni la moindre contrepartie.
Pas une seule ligne concernant la finance internationale qui nous a mené à la catastrophe que l'on sait; pas une seule ligne non plus sur les fraudes fiscales; encore moins sur les paradis fiscaux dont on sait un peu plus chaque jour que nombre d'entreprises et de banques y abritent leurs magots; seulement des déclarations volontairement vagues qui n'engagent pas l'avenir. Il est vrai qu'il peut être délicat de se fâcher avec ses amis pour une histoire d'argent!
Si ces projets devaient un jour être mis en oeuvre, ce serait un extraordinaire retour en arrière.
Que ce soit la durée légale du
travail, l'âge de départ à la retraite, les contrats de travail, les
conditions de travail, les salaires, la représentation syndicale, toutes
ces avancées sociales dont on pouvait penser qu'elles étaient inscrites
dans le marbre, tout cela est remis en cause par ces projets dont le
libéralisme est plus proche de celui du "tea party" américain que de
celui d'Adam Smith.
Ces projets marquent une
véritable régression, un véritable retour en arrière, et ce sera la
première fois dans notre histoire. Comme si ces gens-là tournaient le
dos à l'avenir, ne croyaient plus à l'avenir, mais uniquement à des
chiffres, à des équations. Comme de misérables boutiquiers qu'ils sont!
Vous me direz que c'est dans l'air du temps et vous aurez raison. La mode est à l'économie, à la finance, la seconde envahissant la première. Partout, les hommes politiques (les femmes aussi d'ailleurs) se soumettent, transmettent docilement leurs pouvoirs àdes financiers anonymes. Ils ne sont plus que des marionnettes.
Oui, nous faisons un grand bond
en arrière. Cela a déjà commencé et, sans lire dans le marc de café, je
peux vous assurer que ce n'est pas fini. Les gens du "baby boom", dont
je suis, ont commencé à payer la note. Mais l'essentiel sera payé par
nos enfants, et surtout par nos petits enfants.
Avançons vers le passé. C'est le
titre de mon billet. Mais cela pourrait être aussi le slogan de tous
ces gens qui veulent faire notre bonheur. Même contre notre gré. Surtout
contre notre gré.
(1) source: INSEE 2010 (8,6 millions de personnes vivant avec moins de 964€/mois; 1 enfant sur 5 est pauvre; 2 millions de travailleurs pauvres)
de Claude BACHELIER
www.zonaires.com
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