Une
 des réformes, dites structurelles, jugées indispensables et inévitables 
par nos beaux esprits, est la baisse drastique des dépenses publiques. 
Cela, disent-ils, pour amener le budget de l'Etat  dans les plus brefs 
délais à un déficit de 3% comme prévu dans les traités européens, avant 
de l'équilibrer. 
D'aucuns prévoient, s'ils devaient revenir aux 
affaires, de tailler à hauteur de 110 à 150 milliards d'euros en 5 ans 
dans ces dépenses publiques. Au nom, affirment-ils la main sur le coeur,
 du bon équilibre des finances publiques et, ajoutent-ils un rien 
hypocrites, pour l'avenir de nos enfants...
Mais, quelles sont-elles, ces dépenses publiques*? Qui concernent-elles? C'est ce que je vais essayer, modestement, d'expliquer dans ce billet.
Il
 y a plusieurs sortes de dépenses publiques: celles de l'Etat et celles 
des collectivités territoriales. Certes, sur les plans strictement 
administratifs et réglementaires, c'est un peu plus compliqué. Il n'est 
pas utile pour autant de rentrer dans des détails inutiles qui 
brouillent les pistes.
Quelles sont les dépenses de l'Etat?
elles concernent quasiment tous les domaines:
elles concernent quasiment tous les domaines:
- la défense
 - l'éducation
 - la santé
 - la politique extérieure
 - la sécurité
 - la culture
 - la justice
 - l'environnement
 - l'économie
 
Quelles sont celles des collectivités territoriales?
Depuis les diverses lois de décentralisation, leurs domaines de compétences se sont considérablement élargies, l'Etat leur transférant beaucoup de ses propres compétences:
Depuis les diverses lois de décentralisation, leurs domaines de compétences se sont considérablement élargies, l'Etat leur transférant beaucoup de ses propres compétences:
- l'éducation, sauf les universités
 - l'environnement
 - les politiques sociales
 - les transports publics
 
Il
 n'est nul besoin d'être économiste pour constater que nous sommes tous 
concernés dans notre quotidien par ces services publics. Et donc, dès 
l'instant où l'Etat entreprend de réduire les budgets, nous sommes 
directement touchés.
Il y a biens sûr des dépenses inutiles qu'il convient de supprimer. Faut-il encore s'entendre sur ce qu'est une dépense inutile. Car sur ce sujet, les avis divergent: "la dépense des autres est inutile, mais pas la mienne": voilà un refrain que l'on peut entendre à longueur de journée si d'aventure un gouvernement - quel qu'il soit - entreprend de réduire un budget.
 Un exemple parmi d'autres: tout le monde, ou presque, veut réduire "le 
mille feuilles territorial". Il n'est pas dans mon propos de donner un 
avis sur ce sujet. Mais que de cris d'orfraie poussés, que dis-je 
poussés, hurlés par les élus, par des présidents de ci ou des présidents
 de ça, les mêmes d'ailleurs qui réclamaient la remise à plat de 
l'organisation territoriale de la France. Mais chez les autres, pas chez eux!
Depuis quelques années, l'Etat a très fortement réduit les dotations qu'il donne aux collectivités territoriales. Justement pour baisser les dépenses publiques. A charge pour ces collectivités de se débrouiller.
 Comme je l'écris plus haut, l'Etat a transféré beaucoup de ses 
compétences, ce qui entraine mécaniquement des dépenses supplémentaires 
pour celles qui les reçoivent, à savoir les collectivités territoriales.
 Dépenses en personnels, en matériels et en infrastructures. Au début de
 ces transferts de compétences, l'Etat s'était engagé à compenser ces 
dépenses sous forme de dotations. Sauf que, baisse des dépenses 
publiques oblige, les dotations se réduisent comme peau de chagrin au 
fil des années.
 Un exemple - mais ce n'est pas le seul - de ce que la baisse des dépenses publiques entraine est celui concernant les associations, type loi de 1901.
Il y a en France près d'un million d'associations à buts non lucratifs dont la grande majorité est animée et gérée par des bénévoles. Et chacun de reconnaitre leur utilité et leur efficacité. Je vais même plus loin en affirmant, sans risque d'être contredit, que l'immense majorité d'entre elles est indispensable.
Elles vivent des cotisations de leurs adhérent, mais aussi de subventions accordés par l'Etat ou les collectivités territoriales.
Les associations emploient 1,6 million de salariés.
Lorsque l'Etat et, par voie de conséquence, les collectivités taillent à la hache dans les budgets, les associations en sont aussi les victimes. Comme elles ne peuvent augmenter à l'infini les cotisations, elles se voient contraintes de réduire leurs activités et partant, d'en arriver à licencier. Et donc, effectivement, la dépense publique baisse, mais le nombre de ceux qui s'inscrivent à Pôle Emploi augmente. Pour faire court, un euro économisé génère deux euros dépensés.
Cet exemple, hélas, n'en est qu'un parmi tant d'autres: quand des lits sont supprimés dans les hôpitaux publics, quand il y a moins de policiers dans les rues, moins de chercheurs dans les laboratoires, moins de personnels dans les crèches, etc, etc, et bien, cela se ressent dans notre quotidien et bien sûr dans les comptes publics.
Pourtant,
 et c'est quand même un sacré paradoxe, ces fameuses dépenses publiques 
ne ... baissent pas d'un centime. Certes, les gouvernements successifs 
claironnent sur tous les toits qu'ils la font baisser, eux, cette 
dépense publique. C'est bien connu, on peut faire dire aux chiffres tout
 et son contraire. 
Un ancien Premier Ministre affirmait en octobre 
dernier que le budget 2015 allait acter une dépense publique en hausse 
de 14 milliards d'euros. Ce qui n'est quand même pas rien. Il s'est bien
 gardé de rappeler que lorsqu'il officiait rue de Varennes, cette même 
dépense publique progressait de 38 milliards d'euros par an, ou si vous 
préférez 190 milliards en 5 ans(1). Mais, à sa "décharge", n'était-il pas qu'un 
collaborateur du Président?
Alors,
 me direz-vous, si les dépenses publiques ne baissent pas et que pour 
autant les dotations aux collectivités territoriales baissent aussi, que
 se passe t-il?
Il y a bien sûr beaucoup de réponses à cette question, dont la plupart seront partisanes en fonction de son propre positionnement.
Mais pourtant, il y a une évidence objective: dès l'instant où le chômage augmente et donc le nombre de gens à indemniser, il y a moins de cotisants et la caisse qui paie les chômeurs n'a plus les ressources nécessaires et se retrouve donc en déficit. Un de plus. Les beaux esprits ont une solution radicale: baisser les indemnités de chômage et raccourcir leur durée de versement.
Ils se gardent bien cependant de préciser que la durée de versement des indemnités n'est pas éternelle et que ces indemnités sont souvent dégressives avec le temps. Et donc, ceux (et celles bien sûr) qui n'ont plus droit aux indemnités n'ont plus que le RSA (versé par les Conseils Généraux) et les Restos du Coeur.
Tous ces chômeurs - des "assistés" affirment sans rire les Beaux Esprits - ne cotisent plus. Et la Sécu, les caisses de retraites, de chômage - mais pas qu'elles - n'ont plus d'argent.
Sans compter que la consommation s'en ressent directement.  
 Si vous ajoutez à cela que les recettes fiscales ne suivent pas, il est
 aisé de comprendre que les déficits augmentent malgré la hache 
purificatrice qui taille encore et encore.
Je
 vous accorde que c'est quand même un peu plus compliqué que cela. 
Certes. Mais, particulièrement en temps de crise financière, il me 
semble que cette obsession des équilibres budgétaires, non seulement ne 
produit pas de résultats, mais aussi nous entraine dans des cercles 
vicieux dont les victimes sont encore et toujours les mêmes. 
Les
 beaux esprits citent souvent le Royaume Uni en exemple.  Sauf que 
là-bas, malgré - ou à cause - des contrats "zéro heures" - et oui ça 
existe!! - malgré - ou à cause - des coupes drastiques dans les budgets 
sociaux, les rentrées fiscales sont en panne et conséquences immédiates,
 les déficits augmentent, malgré ce que claironnent les déclarations 
officielles. (2)
 
Pour
 conclure, les politiques d'austérité, dont la baisse des dépenses 
publiques est l'élément phare, ces politiques donc n'ont pas les 
résultats promis par leurs prosélytes. Au contraire, elles enfoncent un 
peu plus les pays dans la crise. 
Mais pas pour tout le monde bien sûr. 
Ainsi, pour l'exercice 2013, les dividendes versés par les entreprises 
aux actionnaires ont-ils augmentés de plus de 4% en France. Alors que 
parallèlement, les investissements de ces mêmes entreprises stagnent, 
voire diminuent. Et pourtant tous nos beaux esprits nous répètent que 
les entreprises sont étouffées, ruinées à cause de... Mais vous 
connaissez la chanson inutile d'en rajouter.
Et
 donc, non, la baisse des dépenses publiques n'est pas et ne sera jamais
 le remède miracle que d'aucuns nous prédisent. Et chaque année qui 
passe nous en apporte la démonstration.
J'ai le sentiment, la certitude même que nous sommes dominés par des idéologies et des dogmes en apparence contradictoires, mais qui, en réalité, se rejoignent pour nous faire rentrer dans une ère de glaciation.
Dans un prochain billet, je vous en dirai plus sur ce que j'appelle ère de glaciation.
* clic sur le lien
(1)
 
http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/10/16/deficit-public-comment-fillon-grossit-le-trait_4507337_4355770.html
(2) http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/06/20/97002-20140620FILWWW00157-royaume-uni-le-deficit-se-creuse.php
de Claude Bachelier, aux éditions Zonaires:www.zonaires.com















