Nous étions logés au coeur du village, dans une maison que nous avait prêtée nos cousins Nonésiens. Le granit est la marque de fabrique des maisons de ces contrées, des maisons un peu anciennes, s'entend, les plus récentes étant en moellons recouverts de crépi. Il faut dire qu'en Bretagne, le granit est partout, ou presque et les carrières d'extraction ne manquent pas. Sauf que de nos jours, construire une maison en granit revient autrement plus cher qu'une maison en parpaings.
Donc, la quasi totalité des maisons de Saint Suliac est en granit. Beaucoup d'entre elles ont été restaurées, sans pour autant perdre leur "cachet" d'origine. Chaque maison est différente, dans sa forme, sa couleur, son esprit. A quelques exceptions près, ce sont des petites maisons, avec un seul étage, un toit à deux pentes, recouvert d'ardoises. Donc, des maisons modestes, mais élégantes, coquettes, souvent très fleuries. Le diaporama vous en donnera une idée un peu plus précise. Le 15 août, c'est le Pardon et à l'occasion, des filets de pêcheurs ornaient bien des façades. Façon de rappeler que Saint Suliac a été un village de pêcheurs. A bord de chippes, un esquif typiquement suliaçais, les marins pêchaient le lançon, appelé là-bas une équille, ou la margate, une petite seiche dont je peux témoigner ici que, cuisinée par la cousine nonésienne, c'est ex-ce-llent!!!
Pour différentes raisons, dont la fin de la marine à voile, Saint Suliac n'est plus un port de pêche. L'agriculture, puis le tourisme ont petit à petit remplacé cette activité traditionnelle. Pour autant, ce village de 950 habitants cultive sa mémoire collective en organisant chaque année, en plus du Pardon du 15 août, une fête dédiée à "Saint Suliac, il y a cent ans."
Saint Malo, la célèbre cité des corsaires, n'est pas très loin. Nous avons visité "l'Etoile du Roy", un voilier, réplique d'une frégate construite à Saint Malo en 1795, qui a navigué sous pavillon français pendant UN mois, avant que d'être capturée par la marine Britannique. En déambulant dans le poste d'équipage, et pour avoir vécu et navigué sur sur des bâtiments au confort spartiate, j'ai pu mesurer que la vie à bord dans ces époques là ne devait pas être une sinécure pour l'équipage, mis à part la cabine du commandant, située à l'arrière, grande et relativement confortable.
Nous n'étions pas très loin de Cancale où A. est alléE chez Olivier Roellinger voir comment on pouvait améliorer notre "ordinaire". Entre nous, un "bouillon mystère de Tonkin pour petites huitres plates" ou une "soupe d'étrilles et poudre du voyage", ça se laisse déguster!Ce qui se laisse aussi déguster, ce sont les huitres, ces fameuses huitres cancalaises, fermes et croquantes, avec un goût d'iode très prononcé, bref un pur délice!
Il y a un "petit" musée à Cancale, pas très connu, hélas: "le musée ATP", pour "Art et Traditions Populaires". Comme beaucoup de ces musées modestes, modestes par leur taille et leurs moyens, ce musée est exceptionnel. Pour faire bref, il se compose de trois partie principales: une partie consacrée aux sculptures de l'abbé Quémenais; une autre aux modes de vie du pays cancalais; et une troisième, de loin la plus intéressante, en tout cas pour ce qui me concerne: la pêche à la morue pratiquée pour une partie au large de l'Irlande et pour une autre partie à Terre Neuve. Dans ce dernier cas, les voiliers partaient pour huit à neuf mois. A bord de chaque voilier, dix à quinze doris: ces petites embarcations à fond plat de cinq à sept mètres avec deux matelots à bord étaient chargées de la pêche proprement dite. Elles partaient un peu à l'aventure, avec un compas, quelques nourriture et des lignes de trois mille mètres sur lesquelles ils accrochaient des bulots sur les hameçons pour ramener un maximum de morues (parfois entre 700 et 800). Sachant que la paie était proportionnelle à la quantité de morues ramenée au voilier, on peut imaginer que le retour à bord ne se faisait qu'une fois la doris remplie à ras bord. Mais la brume, la grosse mer, parfois des baleines faisaient que bien des doris ne retrouvaient jamais le bord. Mon Ami suliaçais Yves B. -dont le père a été mousse sur un de ces voiliers; un jour, il faudra qu'il m'en parle un plus longuement- m'a dit que quelques doris étaient cependant arrivées à retourner à terre, et même une serait revenue à Cancale. Je me dis que ces gens-là étaient des sacrés navigateurs!
Les voiliers ont été remplacés par des chalutiers, équipés de chalut et de radars pour détecter les bancs de morue. D'où une pêche intensive entrainant la raréfaction de ces poissons. Anita Conti, océanographe et photographe, dans les années 52-53, a embarqué sur un des ces chalutiers et partagé la rude vie des marins. Elle en a tiré un livre, "racleurs d'océans" (éditions Payot et Rivages) avec des photos exceptionnelles. Déjà, dans cet ouvrage, elle s'inquiète de cette pêche intensive.
Nous sommes déjà allés au Mont Saint Michel à plusieurs reprises. Mais, à chaque visite, c'est toujours le même émerveillement, le même étonnement devant une telle bâtisse. Malgré une foule impressionnante, nous sommes montés, avec les princesses, jusqu'à l'abbaye, tout en haut. Il y a tellement à écrire que je préfère vous laisser le découvrir -ou redécouvrir- par vous même avec ces deux liens. Mais, du haut de l'abbaye, voir la mer à perte de vue est un spectacle sans pareil...
Et puis, retour dans nos montagnes. Nous avons retrouvé Pollen, notre compagne fidèle depuis treize ans, mais bien fatiguée, très fatiguée. Sans doute nous a t'elle attendue pour tirer sa révérence. Quand je l'ai regardée une dernière fois, j'ai alors pensé à la très belle chanson de Renaud dont le refrain dit:
" un jour pourtant, je le sais bien,Dieu reconnaîtra les chiens."
Zoé et Pollen en 1999 |
Zoé et Pollen en 1999 |
J'ai remarqué qu'une des princesses était déjà équipée pour rentrer dans la royale !!!
RépondreSupprimerPS : elle porte bien la casquette et cela lui va bien en plus