Le mois dernier, Noëlle Macian, Jean Pierre Macian, Dominique Voisenon et moi, tous les quatre membres de l'Association des Amis du Musée du Pays d'Allevard*, avons
écrit un article publié dans l'Allevardin, le journal de la commune.
Cet article évoque la construction de la frégate "la Gloire", premier
navire cuirassé dont la moitié du blindage a été fabriqué aux forges d'Allevard*.
Une façon pour nous de rendre un hommage posthume à Eugène Charrière
et à tous les employés des Hauts-Fourneaux et Forges d'Allevard:
mineurs, lamineurs, perceurs, forgerons, dessinateurs, ingénieurs... qui
ont participé à cette aventure.
Sans doute, un tel sujet aurait-il mérité plus de précisions techniques, de photos ou de schémas, tant ce projet était pour le moins révolutionnaire. Mais cela aurait nécessité des pages et des pages et dans un journal municipal, la place est comptée.
Ci-après l'article tel que publié dans l'Allevardin.* Avec quelques photos.
Sans doute, un tel sujet aurait-il mérité plus de précisions techniques, de photos ou de schémas, tant ce projet était pour le moins révolutionnaire. Mais cela aurait nécessité des pages et des pages et dans un journal municipal, la place est comptée.
Ci-après l'article tel que publié dans l'Allevardin.* Avec quelques photos.
La GLOIRE: frégate cuirassée, une première mondiale en 1859
Je n’avais d’autres buts que de mettre en relief les fers d’Allevard et de grandir leur réputation. » Eugène Charrière* (1805/1885) |
La guerre de Crimée*
(1853/1856) met en lumière la fragilité des navires traditionnels en
bois. La Marine française avait amené sur place trois batteries
flottantes qui avaient fait la preuve de leur efficacité face à
l’artillerie russe grâce à leur cuirasse de fer. En 1857, une commission
initia une réflexion sur la nécessaire évolution de la Marine de
guerre. Il fallait concevoir puis construire un bâtiment rapide,
puissant et… cuirassé.
Ce
sera donc une formidable machine de guerre flottante de 77 m de
longueur pour un déplacement de 5700 tonnes. Et surtout, un blindage qui
pourrait résister à l’artillerie moderne.
Les
820 tonnes de cuirasse seraient réparties sur deux rangées de plaques
de fer forgé : la rangée inférieure de 12 cm d’épaisseur sous la
flottaison, la supérieure de 10 cm protégeant la batterie et le pont.
Ce navire, dénommé frégate, est né de l’imagination de l’ingénieur du génie maritime Dupuy de Lôme* (1815 – 1885).
Par
ses caractéristiques, la frégate La Gloire sera donc un navire
révolutionnaire, fruit de deux progrès essentiels: les moteurs à vapeurs
de plus en plus performants et les avancées de la métallurgie.
Le pays d’Allevard*
disposait d’une longue histoire minière et métallurgique, remontant au
moyen âge. En 1842, la société en commandite « Eugène Charrière et Cie »
devient l’héritière de cette tradition. Eugène Charrière, né et formé
dans le commerce familial, va faire entrer les Forges d’Allevard dans la
cour des grands. Sa grande capacité d’adaptation, sa curiosité
naturelle et son esprit d’entreprise, vont faire merveille pour
l’innovation et le développement de la métallurgie allevardine.
En
1857, Eugène Charrière apprend par Victorin Sabattier, natif de
Goncelin, que le gouvernement français veut construire des navires de
guerre blindés avec des plaques de fer.
Eugène
Charrière propose de se lancer dans l’aventure, aux frais de son
entreprise, et cela, malgré la concurrence de l’entreprise Petin-Gaudet,
du groupe CFAMCF (1) de Rive de Gier (Loire), forte de 9000 salariés,
bien introduit dans les sphères gouvernementales.
au fort de Vincennes, les plaques de blindage ont été testées dans les conditions du réel. |
Les plaques fabriquées avec les fers d’Allevard sont unanimement reconnues pour être d’une qualité exceptionnelle. En
décembre 1857, deux plaques fabriquées à Allevard furent testées en
même temps que celles fournies par Petin-Gaudet. Elles se révélèrent les
plus résistantes. En conséquence de quoi, l’ingénieur Dupuy de Lôme,
directeur des constructions navales, passa commande aux forges
d’Allevard de la moitié des plaques de blindage nécessaire, soit 410
tonnes.
Le pari fou d’Eugène Charrière était gagné !
A
chaque livraison, des plaques témoins étaient présentées aux essais au
Polygone du fort de Vincennes. Pour un quelconque défaut, le lot entier
était refusé.
Lancée à Toulon le 24 novembre 1859, la frégate La Gloire fut admise au service actif en août 1860. Ernest Doudart de Lagrée* (1823-1868), natif de Saint Vincent de Mercuze, tout jeune lieutenant de vaisseau, participa aux essais en mer de la frégate.
Par la suite, 8 bâtiments furent construits (4 frégates et 4 batteries) sans un seul lot refusé. Pour la 5ème
Frégate il fut exigé des plaques plus grandes, surtout leur épaisseur
passant de 14 à 15 cm. Malgré cette nouvelle difficulté, les techniques
utilisées, laminage, corroyage et traitements thermiques donnèrent la
ténacité nécessaire et indispensable à la bonne tenue de ces plaques
lors des chocs des obus de l’artillerie.
Des
essais furent néanmoins réalisés et les plaques des Forges d’Allevard
se révélèrent une fois de plus les meilleures. Mais les « hautes »
relations de Petin-Gaudet jouèrent à fond en sa faveur, ce qui eu pour
conséquence d‘écarter l’entreprise allevardine malgré la supériorité de
sa fabrication. Cela s’est révélé tellement vrai que Petin-Gaudet
proposa même à Charrière de racheter les plaques refusées par le
ministère !...
Après
une livraison des nouvelles plaques le 30 mars 1864, E. Charrière
informa le ministre qu’il avait décidé d’arrêter la fabrication des
plaques de blindage, lassé des intrigues et vexations des ingénieurs du
ministère à son endroit.
Ainsi,
une aventure industrielle novatrice prenait fin après six années d’un
travail intense en recherches et améliorations mené par les personnels
des Forges d’Allevard.
Les
plaques de blindage devant le musée d’Allevard sont les ultimes témoins
de la contribution essentielle des ouvriers et des maitres de forge
d’Allevard à la grandeur maritime de la France.
(1) Compagnie des Forges et des Aciéries de la Marine et des Chemins de Fer
Sources :
- « Histoire de ma carrière industrielle... » Eugène Charrière, Grenoble 1878
- Archives Départementales de l’Isère
- Musée d’Allevard
* clic sur le lien
"Angèle CARTIER" de Claude Bachelier
www.zonaires;com
Au sujet de votre article:La Gloire,fregate curassee,une premiere mondiale.
RépondreSupprimerI own a Original photograph of La Gloire,signed by the photographer (Palau) dated 1860 Toulon,handwriten texst,dimensions 21,5x31,5cm,slightly faded.
I offered this picture (by email) to the Maritiem Museum Toulon but never got an answer (toulon@musee-marine.fr)
Perhaps you can advise me a better place for this rare photograph
My email; hamverkuyl@ziggo.nl
Thank you for your time, Verkuyl.