lundi 24 septembre 2012

Les Présidents de la République: 10ème partie: 1995 - 2007.


Les deux septennats de François Mitterrand ont fini dans une certaine confusion: la maladie du Président, les "affaires", la lourde défaite du PS en 1993, sans oublier la cohabitation. La campagne électorale pour les présidentielles de 1995 a vu le RPR se déchirer entre ses deux candidats; à gauche, Jacques Delors* refuse de se présenter, laissant ainsi la voie libre à Lionel Jospin, victorieux de la primaire au sein du PS qui l'a  opposé à Henri Emmanuelli.* Le candidat du FN avec 15,10% des suffrages exprimés s'installe définitivement dans le paysage politique. Le candidat du PCF, avec 8,64% des exprimés confirme sa lente désagrégation. Au second tour, Jacques Chirac est élu avec 52,64% des exprimés.

JACQUES CHIRAC: né en 1932. Président du 17 mai 1995 au 16 mai 2007.

Jacques Chirac
D'origine relativement modeste, Jacques Chirac est diplômé de Sciences Po Paris et de l'ENA. Après une brève période d'engagement dans la gauche communiste, il est pendant trois mois matelot sur un navire charbonnier, puis effectue un voyage d'une année aux USA. En 1960, il intègre la Cour des Comptes, puis peu après le cabinet du Premier Ministre, Georges Pompidou. Il est élu député de Corrèze en 1967 en battant le candidat communiste sortant, implanté depuis de longues années. Plusieurs fois ministre, il soutient V. Giscard d'Estaing aux élections présidentielles de 1974 contre Jacques Chaban-Delmas. 
Nommé Premier Ministre en mai 1974, il démissionne de son poste avec fracas en août 1976. Il est élu maire de Paris en mars 1977. Son opposition agressive au gouvernement de VGE le conduit à se présenter contre lui aux présidentielles de 1981. Arrivé seulement en 3ème position, il ne donne pas de consignes de vote pour le second tour. F. Mitterrand est élu. 
J. Chirac est le Premier Ministre de la première cohabitation en 1986, mais est battu par le président sortant en 1988. Absent du gouvernement de Edouard Balladur lors de la seconde cohabitation en 1993, il se présente à la présidentielle de 1995. Donné battu dans les sondages par le Premier Ministre jusqu'à un mois avant le premier tour, il est finalement élu Président de la République le 7 mai 1995 en battant assez facilement le candidat du PS, Lionel Jospin.
"L'entrée de Jacques Chirac à l'Elysée, le 17 mai 1995, inaugure une nouvelle présidence, la cinquième de la Vème République, dont tout donne à penser qu'elle sera fort différente des deux septennats précédents. Après quatorze ans d'éloignement, la droite recouvre la fonction suprême dans le régime tel que l'a voulu son fondateur. C'est aussi le retour au pouvoir, après vingt et un ans, d'un représentant de la formation politique qui se réclame de la tradition personnifiée par le général de Gaulle." (1)

Jacques Chirac nomme Alain Juppé au poste de Premier Ministre. "Le meilleur d'entre nous", dit-il. Avec le recul, certains observateurs de la vie politique française affirmeront que, dès l'instant où le Président avait axé sa campagne électorale sur le thème de la "fracture sociale", c'est plus Philippe Séguin que Alain Juppé qui aurait du accéder à ce poste. Ainsi Arnaud Teyssier: " A peine élu, Jacques Chirac prend deux décisions qui vont grever lourdement l'avenir de son septennat. (...) La seconde décision, précisément, est le choix du Premier Ministre - non en raison de ce qu'il est, mais en raison de ce qu'il n'est pas. (...) Dans son discours, il a rendu tacitement hommage à Philippe Séguin en invoquant le thème, très séguiniste, du "pacte républicain", de la priorité donnée à l'emploi, de l'Etat "impartial, assumant pleinement ses missions de souveraineté et de solidarité." (2)

Dans les deux première années du septennat, plusieurs décisions importantes, tant au niveau national qu'international, seront prises:

1. Il lance une ultime campagne d'essais nucléaires en Polynésie Française. Ce qui a pour effet d'isoler la France au sein de la communauté internationale, au point de déclencher une procédure auprès de la Cour Internationale de Justice. Procédure non suivie d'effets. 
2. Le 16 juillet 1995, le Président Chirac déclare lors de la commémoration de la rafle du vel d'hiv: "« ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français." Cette reconnaissance, que tous les présidents de la République depuis 1947 avaient refusé d'entériner, lui vaudra autant d'éloges que de critiques.
3. En Bosnie, le Président, lassé que les troupes françaises engagées dans la cadre onusien soient humiliées par les troupes serbes (pas loin de 120 militaires français seront tués), ordonne des représailles, coordonnées avec l'OTAN. Cette réaction énergique et salutaire mettra fin au conflit par la signature à Paris des accords négociés entre les belligérants à Dayton*.
4. Lors de l'intervention américaine en Irak en mars 2003, il refusera d'associer la France à cette intervention à qui il dénie toute légitimité.
5. Le 22 février 1996, il suspend le service national et professionnalise les armées. La France sera donc dotée, à partir de cette date, d'une armée de professionnels. Cette décision, pour pragmatique qu'elle soit, isole un peu plus les armées au sein de la nation.

Sur le plan intérieur, le gouvernement lance un vaste plan de réformes: alignement des durée de cotisations du public sur le privé; nouveau calcul des allocations familiales, réforme drastique de la Sécurité Sociale. Dès octobre 1995, une série de grèves commence: SNCF, RATP, services publics, universités. Le gouvernement recule sur les retraites, mais maintient la réforme sur la Sécurité Sociale. Ces grèves, très suivies, affaiblissent le gouvernement d'Alain Juppé.

Pour des raisons pas encore vraiment expliquées, le Président Chirac dissout l'Assemblée Nationale le 21 avril 1997. La majorité présidentielle perd ces élections et la gauche est largement majoritaire: 320 sièges contre 256. "La gauche l'emportait avec 320 sièges,mais le PS n'avait pas emporté la majorité absolue (289 sièges). Quant à la droite, elle était battue, en définitive, d'assez peu - un déplacement de voix d'environ 1% des voix lui aurait permis de conserver le pouvoir - mais, au niveau psychologique, sa défaite donna l'impression d'une déroute. Sa déconfiture - quatre après la débâcle socialiste de 1993 - montrait certainement une grande versatilité d'une partie de l'électorat - depuis 1978, aucune majorité législative n'avait gagné les élections suivantes - et la déception qu'engendraient les majorités successives. (...) La surprise, voire un peu de ridicule, s'ajoutaient à la défaite. La droite donnait l'impression d'un "champ de ruines." (3)

Le Président se voit donc, le 2 juin 1997, contraint de faire appel à Lionel Jospin, celui-là même qu'il avait battu deux ans plus tôt. Ce dernier compose un gouvernement dit  de la  "gauche plurielle". 
Dès septembre 1997, la situation économique se redresse, sans qu'il pour soit possible pour autant d'en attribuer la paternité au nouveau gouvernement: le chômage diminue de près de 4%, le PIB passe de 2,2% en 1997 à 3,7% en 2001. Une querelle, initiée par la droite, se dessine alors sur la destination de la "cagnotte fiscale".
Martine Aubry* fait voter la loi dite des "35 heures". Une loi qui sera constamment remise en cause par le patronat et la droite sans que pour autant, on le verra par la suite, elle soit annulée.
Plusieurs lois sociales importantes sont adoptées: la CMU (Couverture Maladie Universelle), l'APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie), le PACS* (Pacte Civil de Solidarité), ainsi que la création d'une police de proximité.
Le gouvernement décide la privatisation de plusieurs entreprises publiques, entres autres France Télécom, Air France, le Crédit Lyonnais, etc... Ce sera l'une des plus fortes séries de privatisations jamais entreprises depuis 1986.

Un référendum portant sur la réduction du mandat présidentiel à cinq ans est organisé le 24 septembre 2000. Il recueille 73% de oui, mais avec une abstention de près de 70% des inscrits.

Les deux principaux personnages de l'exécutif sont candidat à l'élection présidentielle. Le président sortant profite des maladresses du Premier Ministre et de la multiplication des candidats à gauche. Ainsi, entre autres, Christiane Taubira se présente t-elle, alors que son programme ne diffère quasiment en rien de celui de Lionel Jospin. Seize candidats sont en lice.

A l'issue du 1er tour, c'est le choc absolu: si Jacques Chirac est en tête avec 19,71% des exprimés, Lionel Jospin arrive en 3ème position derrière Jean Marie Le Pen: 16,12% contre 16,95%. Le candidat socialiste affiche un retard de 233 000 voix par rapport au candidat de l'extrême droite. Christiane Taubira, candidate du Parti Radical de Gauche recueille 656 048 voix. Difficile de s'empêcher de penser que ces voix ont manqué à Lionel Jospin. Même si René Rémond avance une autre explication: "Mais la cause principale de l'échec n'est-elle pas plutôt la quasi-certitude partagée par presque tous les politiques, confirmée par les sondages, entretenue et propagée par les médias, que Lionel Jospin serait présent de toutes façons au second tour? Cette confiance a donné bonne conscience aux abstentionnistes." (4) 
De manière générale, les sondages n'avaient pas prévu le président du FN en seconde position. Preuve si besoin était que les sondages ne sont en rien des prévisions fiables et qu'il convient d'être prudent sur l'utilisation qui en est faite. Mais chacun peut constater que les médias et les analystes politiques continuent d'y adosser leurs analyses.
Au second tour, Jacques Chirac est largement vainqueur, avec plus de 80% des exprimés. Il avait refusé de débattre avec Jean Marie Le Pen entre les deux tours, déclarant "face à l'intolérance et à la haine, il n'y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible."

Il nomme Jean Pierre Raffarin* Premier Ministre. Les élections législatives de juin donnent à l'UMP une majorité absolue de 365 sièges sur 577. L'UMP étant le nouveau parti de la droite républicaine qui regroupe le RPR, l'UDF, Démocratie Libérale et une partie des radicaux. Le FN, avec 11% des exprimés est loin de retrouver le score de son président au premier tour de la présidentielle. Quant au PC, avec 4,70%, il améliore de 1,30% le score de Robert Hue.

Le 14 juillet 2002, un militant d'extrême droite tente d'assassiner le Président qui, heureusement, s'en sort indemne.

Le 29 mai 2005, un référendum est organisé pour ou contre la ratification du projet de Constitution Européenne. Ce traité est rejeté par près de 55% des exprimés avec une participation de 70% des inscrits.. C'est un échec cuisant pour le Président. Mais aussi pour la classe politique et la quasi totalité des médias qui s'étaient prononcés massivement en faveur du traité. "Les grandes villes avaient voté majoritairement oui, les petites villes majoritairement non. (...) C'était bien deux France qui s'étaient opposées, une France qui estimait que l'avenir passait par l'Europe et une France, soit qui contestait l'Europe "libérale" qui se constituait, soit était fondamentalement hostile à l'Europe." (5)

Dominique de Villepin remplace Jean Pierre Raffarin, démissionnaire. Nicolas Sarkozy est alors nommé Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur. Ces deux nominations révèlent les lutte d'influence au sein de l'exécutif. Et plus particulièrement l'attitude provocatrice de Nicolas Sarkozy par rapport au Président. Mais celui-ci avait rappelé que lui décidait et que son ministre obéissait...

En octobre 2005, des émeutes éclatent dans les banlieues parisiennes. Elles marqueront une violence certaine à tel point que le Premier Ministre décrète l'état d'urgence le 8 novembre 2005. Parti d'un fait divers, certes tragique, il sera difficile, voire impossible, de faire le tri entre la colère populaire et la manipulation de cette colère par des délinquants, jaloux de protéger leurs territoires.

Le 28 février 2005, la Charte de l'Environnement*, voulue par le Président, est adoptée par le Parlement réuni en Congrès à Versailles. Cette Charte est introduite dans le préambule de la Constitution et énonce trois principes: principes de précaution, de prévention et de pollueur-payeur. Guy Carcassone, constitutionnaliste éminent, juge cet apport dans la Constitution pour le moins incongru: "Outrecuidance, d'abord, que celle qui place au même rang que des textes éminents un ajout filandreux, mal pensé, mal écrit. Tromperie ensuite que celle qui prétend que "le peuple français proclame solennellement" quelque chose sur quoi il n'a pas été consulté. (...) Voilà donc qu'a été inventée la prosopopée constitutionnelle. Elle n'est un progrès ni pour la Démocratie ni pour le respect élémentaire du sens des mots." (6)

Le 9 février 2007, le Congrès adopte l'article 66-1 qui sera ajouté à la Constitution et qui stipule: "Nul ne peut-être condamné à la peine de mort."

Par un arrêté de octobre 2001, la Cour de Cassation avait jugé que le Chef de l'Etat, pendant la durée de son mandat, n'était pas un citoyen comme les autres et ne pouvait donc être mis en examen ou cité à comparaitre, même en tant que témoin. C'est le "statut pénal du Chef de l'Etat". 
Durant ses deux mandats, Jacques Chirac a été cité dans au moins neuf "affaires" par  la presse.
Citons pèle mêle quelques unes de ces affaires: les emplois fictifs et les chargés de mission à la mairie de Paris; les HLM de Paris; l'affaire des billets d'avion... Plusieurs de ces affaires ont abouti à des non lieux. D'autres, en revanche, ont été jugées après 2007.
Concernant l'affaire des emplois fictifs, atteint de troubles neurologiques "sévères", il ne participe pas à son procès. Pour autant, il est condamné le 15 décembre 2011 à deux ans de prison avec sursis pour "détournement de fonds publics", "abus de confiance", "prise illégale d'intérêts" et "délit d'ingérence". Il décide de ne pas faire appel.

En tant que président, il n'aura pas eu la même "activité culturelle" que son prédécesseur. Il n'aura "que" mis en place le musée des Arts Premiers*, quai Branly*.

Pour conclure ce long billet consacré à Jacques Chirac, Président de la République, reportons nous à ce qu'écrit Raphaël Piastra: "Il convient de remarquer qu'à rebours de ses prédécesseurs, Jacques Chirac n'a pas fait de commentaires majeurs sur la fonction présidentielle. Par exemple, dans ses deux messages au Parlement des 10 mai 1995 et 2 juillet 2002, il se réfère simplement aux textes constitutionnels réglementant celle-ci. Il est un des seuls à ne pas s'être référé au présidentialisme. (...) A l'actif de J. Chirac, on doit retenir aussi qu'il n'a jamais cédé, avant ou pendant l'Elysée, à un quelconque rapprochement avec l'extrême droite. (...) Il existe, on peut le dire, un paradoxe Chirac qui est, selon nous, parfaitement décrit et résumé par François Hollande, autre corrézien célèbre (d'ailleurs adoubé par l'ancien président): Le paradoxe est que cet homme qui a donné sa vie, oui, toute sa vie, à la politique pour parvenir au sommet de l'Etat, a pu donner l'impression, malgré le travail qu'il consacra à cette tâche, de ne pas avoir la même appétence pour la conduite du pouvoir, de ne pas donner le même goût à surprendre, à innover, à réformer." (7) 


(1) in "le siècle dernier" de René Rémond, éditions Arthème Fayard, 2003, page 1035.
(2) in "Histoire politique de la Vème République", de Arnaud Teyssier, éditions Perrin, 2011, page 638.
(3) in "Histoire politique de la France depuis 1945" de jean-Jacques Becker, éditions Armand Colin, 2011, page 239.
(4) in "le siècle dernier" de René Rémond, page 1106.
(5) in "Histoire politique de la France", page 256.
(6) in "la Constitution, introduite et commentée par Guy Carcassonne. Editions du Seuil, collection Essais, 9ème édition 2009, page 40.
(7) in "les Présidents de 1870 à nos jours", de Raphaël Piastra, éditions Eyrolles, 2012, pages 165 et 166.

dimanche 16 septembre 2012

"Parlez moi d'moi, ya qu'ça qui m'intéresse"


La semaine dernière, j'ai dîné avec un ami comme nous le faisons plusieurs fois par an. Nous parlons de tout, de politique, de sports, d'histoire, de littérature, de nos familles, de nos projets, enfin tout ce qui peut faire la conversation entre deux amis qui ont plaisir à se retrouver.
Mais dès que je l'ai vu, j'ai tout de suite compris qu'il y avait quelque chose qui ne "collait" pas. Je transcris ci-après notre dialogue, à quelques mots près. Lui en rouge et en italique, moi en bleu.

- et bien, tu en fais une tête!
- il m'arrive un drôle de truc
- ...
- dimanche dernier, j'ai reçu un coup de fil de MP, tu vois qui c'est?
- oui, bien sûr
- elle m'a tenu le crachoir pendant près de dix minutes. Elle m'a raconté sa vie, ou presque. Ses problèmes avec ses gamins, avec son mec. Et même ses problèmes de santé. Elle a été au cinéma avec une copine, sa meilleure amie comme elle dit, et elle s'est emmerdé à cent sous de l'heure, mais elle est restée parce que sa copine, elle, elle aimait. Bref, tout un tas de trucs sans aucun intérêt. A part quelques oui, non, ah, par ci, par là, je n'ai pas pu placer un mot. Et le meilleur, c'est pour la fin: elle m'a demandé: et toi, ça va? Et sans me laisser le temps de répondre, elle a ajouté, bon, il faut que j'y aille. A la prochaine!...
- effectivement. Mais bon, ce n'est pas quelque chose de très original, non?
- tu as raison. Sauf que jusqu'à ce coup de fil, je n'y avais jamais prêté attention. Tu vas me croire si tu veux, mais j'ai pris conscience tout d'un coup que bien souvent que bien des conversations se résumaient en fait à des monologues. Je me suis remis en mémoire quasiment toutes les conversations que j'ai eues ces derniers temps.
- et alors?
- alors, chacun m'a raconté ce qu'il faisait, ce qu'il allait faire, ses problèmes, ses projets, etc, etc. Mais jamais, un seul ne m'a demandé ce que je faisais, quels étaient mes projets. Si je commençais à dire un truc, j'étais aussitôt coupé par un "moi je" et patati et patata...
- c'est un peu le mal du siècle ce phénomène, chacun ne s'intéresse qu'à ce qui l'intéresse. Je crois que je t'en ai parlé, mais il y a quelques années, dans mon ancienne boite, les cadres avaient reçu, au cours d'un séminaire sur "comment être un bon chef", une plaquette de recommandations. Et une de ces recommandations étaient la suivante, je m'en souviens comme si c'était hier: "je m'intéresse à ce qui intéresse... ceux qui m'intéressent!" Les autres n'ont qu'à aller se faire dorer.  Un autre exemple: Apple et les I mac, les I phone, les I pod et j'en passe. I en anglais, ça veut dire je. Toujours le moi je...

Le serveur nous alors amené une pression bien fraîche. Nous avons trinqué et bu en silence. Il était toujours perdu dans ses pensées moroses.

- et le plus beau dans tout ça, c'est que même mes gamins sont comme ça. Jamais, ou si peu, un seul me demande ce que je fais, ce que je prépare. Certes, ils me demandent toujours si ça va, mais ça s'arrête là. Savoir où j'en suis de mes projets, sur quoi je bosse, c'est aussi rare qu'une augmentation de salaire!
- tu sais qu'on a souvent parlé tous les deux de l'individualisme, du chacun pour soi. C'est un phénomène de société que je pense irréversible. Il ne faut pas non plus trop généraliser, on a encore des gens avec qui on peut échanger. Tes gamins, ils sont encore jeunes, ils débutent leur vie d'adulte et je pense que nous devions sans doute faire pareil qu'eux à leurs âges.
- tu es bien fataliste tout d'un coup!
- fataliste? Peut-être. Peut-être pas. Disons que je fais avec. Je ne te cache pas que ça me chagrine souvent, mais bon, je ne vais pas me fâcher avec tout le monde parce qu'ils ne s'intéressent pas à ce que je fais. D'ailleurs,je suis certain que si je leur disais ça, ils me diraient que c'est faux et que je raconte n'importe quoi....


Puis nous avons parlé d'autre chose, des JO qui venaient de se terminer, des premiers jours du Président, sans oublier, bien sûr, nos "petits"...
En rentrant chez moi, en repensant au "trouble" de mon ami, je me suis mis à chantonner une chanson de Guy Béart: "parlez moi d'moi, ya qu'ça qui m'intéresse"... *

* clic sur le lien.

lundi 3 septembre 2012

les Présidents de la République Fançaise: 9ème partie: 1981 - 1995.


Le 10 mai 1981, François Mitterrand est donc élu à la tête de l'Etat. Il est le premier homme politique de gauche à accéder à la magistrature suprême sous la Vème République. Vème République qu'il n'a cessé de vilipender et dont il devient et le garant et le protecteur. Dans un ouvrage resté célèbre, "le coup d'état permanent"*, le nouveau président avait violemment critiqué l'exercice du pouvoir par Charles de Gaulle, lui reprochant, entre autres, "l'exercice solitaire du pouvoir" et de faire du Parlement une simple chambre d'enregistrement. Mais le président socialiste, n'hésitant pas à gouverner comme son illustre prédécesseur, se gardera bien de changer et la lettre et l'esprit de la Constitution.

François MITTERRAND
François MITTERRAND: 1916 - 1995. Président du 21 mai 1981 au 17 mai 1995.

Il est né à Jarnac, au sein d'une famille plutôt bourgeoise, catholique et conservatrice, mais par les grands parents, d'origine modeste. Il suit des études à Paris, est diplômé de l'Ecole Libre des Sciences Politiques et est licencié es-lettres en 1937. Ses orientations politiques de ces années-là le portent plutôt à droite: il sera proche en effet des Croix de feux du colonel de La Roque* et des Volontaires Nationaux*. Dans son livre, "une jeunesse française", Pierre Péan écrit: "Il (F. Mitterrand) arbore fièrement à son revers l'insigne des Volontaires Nationaux: un losange sur fond bleu avec, au centre, un flambeau encadré des lettres de couleur rouge "V" et "N". Cette appartenance fièrement revendiquée lui a même valu une cuisante mésaventure dans le courant de mars 1935." (1) 
 Pendant la guerre, il travaille au Commissariat des prisonniers de guerre. Il est décoré de l'ordre de la Francisque par le maréchal Pétain début 1943. Parallèlement, il organise un réseau de résistance auprès de Henri Frenay* et Philippe Dechartre*. Après la guerre, il exercera de nombreuses fonctions ministérielles: il sera le ministre de l'intérieur du gouvernement de Pierre Mendès France au début du conflit algérien; ministre de la justice du gouvernement Guy Mollet, il soutiendra l'envoi du contingent en Algérie. Il sera impliqué dans l'affaire dite de "l'attentat de l'observatoire", attentat qu'il aurait organisé lui-même. Mais son implication n'a jamais été ni démontrée ni prouvée. En 1965, il réussit à mettre le général de Gaulle en ballottage au premier tour de l'élection présidentielle.
Lors du congrès d'Epinay*, en 1971, il prend la direction du Parti Socialiste. En juin 1972, il signe le programme commun de gouvernement avec les communistes de Georges Marchais* et les radicaux de gauche de Robert Fabre*. La gauche perd les élections législatives de 1978.

Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu Président de la République. Lors de son discours d'investiture le 19 mai, avant que de se rendre au Panthéon, il déclare: "la majorité politique des Français vient de s'identifier à sa majorité sociale. Dans le monde d'aujourd'hui, quelle plus haute exigence pour notre pays que de réaliser la nouvelle alliance du socialisme et de la liberté?" (2)

Pierre Mauroy forme un premier gouvernement d'union de la gauche, puis un second incluant 4 ministres communistes. Ce qui déclenche à droite des réactions quasi hystériques, certains annonçant des chars soviétiques dans la capitale!...
Dans la foulée des présidentielles, le président Mitterrand dissout l'Assemblée Nationale. Une "vague rose" envoie 285 député socialistes au Palais Bourbon, avec 44 communistes (16%), 62 UDF et 88 RPR. Il est à noter que l'extrême droite représentée par le FN de Jean Marie Le Pen ne recueille que 44 414 voix soit 0,18% des exprimés.

Pour l'anecdote, André Laignel, tout juste élu député de l'Indre, avait déclaré lors d'un débat qui l'opposait à Jean Foyer à l'Assemblée le 13 octobre 1981: "vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaire." Dans le même temps, au congrès de Valence, le même mois, Paul Quilès affirmait: " Il faut que des têtes tombent." L'histoire est pleine des ces petites phrases imbéciles dites dans l'euphorie de la victoire.

Dans son programme électoral de gouvernement, le PS avait mis au point "110 propositions" qui devraient être l'ossature de l'action gouvernementale. Bien évidemment, toutes ne furent pas mises en oeuvre. Pour autant, celles qui le furent changèrent profondément le paysage politique et économique de la France. Citons quelques unes parmi les plus emblématiques:
- l'abolition de la peine de mort;
- suppression de la Cour de sûreté de l'Etat;
- création de l'ISF;
- augmentation de 10% du SMIC et de 25% des allocations familiales;
- nationalisation des banques et des grands groupes industriels;
- durée légale du travail ramenée à 39 heures par semaine;
- 5 ème semaine de congés payés.
- retraite à 60 ans;
- création des Zones d'Education Prioritaires;
- mise en oeuvre d'une loi cadre imposant la décentralisation (loi Defferre);
- autorisation des "radios libres";
- suppression de l'échelle mobile des salaires;
- introduction de la proportionnelle dans toutes les élections.

Mais la crise économique ne disparait pas pour autant et les premières mesures du gouvernement Mauroy n'ont pas les effets escomptés. Une première dévaluation en octobre 1981, suivie par une seconde en juin 1982 plus le blocage des prix et des salaires n'améliorent en rien la situation, d'autant que la crise mondiale, elle aussi, continue de sévir.

Les premières sanctions électorales arrivent dès 1982 où la gauche subit une première défaite aux cantonales, puis l'année suivante aux municipales. Le Front National, jusqu'alors inexistant, commence son "ascension": ainsi, aux cantonales de 1982, à Dreux, son candidat obtient 12% des suffrages exprimés; l'année suivante, une liste emmenée par un élu RPR comportant des candidats du FN est élue dans la même ville. Aux européennes de 1984, nouvelle déroute pour la gauche: PC: 11,20%; PS: 20,75%; RPR - UDF: 43%; FN: 11% et 10 députés européens. Le parti de JM Le Pen rentre en force dans le jeu politique français.

En 1982, le ministre de l'Education Nationale, Alain Savary, veut unifier enseignement "libre" et enseignement public, au sein "d'un grand service public, unifié et laïc de l'Education." Ce qui déclenche une très forte mobilisation de l'opinion qui accuse le gouvernement de vouloir supprimer la liberté de l'enseignement. Le 24 juin 1984, soit une semaine après les élections européennes, une manifestation contre le projet Savary réunit entre 550 000 (chiffres préfecture) et deux millions de personnes (chiffres organisateurs). Cette mobilisation importante entraîne le 14 juillet le retrait du projet.

Pierre Mauroy démissionne le 17 juillet 1984 pour être aussitôt remplacé par Laurent Fabius, 37 ans. Ce dernier ne s'inscrit pas dans la même démarche que son prédécesseur: il faut "moderniser l'économie française et rassembler les français."
Le 10 juillet 1985, le Rainbow Warrior*, bateau de Greenpeace chargé de protester contre les expériences nucléaires françaises dans le Pacifique, est coulé dans le port d'Auckland, en Nouvelle Zélande, par un commando français, dont deux des exécutants sont aussitôt arrêtés par la police. Cette affaire, menée sous l'autorité du ministre de la défense, Charles Hernu*, met gravement en cause l'autorité du Premier Ministre, tenu à l'écart de cette opération clandestine.

Le 26 juin 1985, l'Assemblée Nationale vote le retour au scrutin proportionnel pour les élections législatives de 1986. Lors de ces élections, pour la première fois dans l'histoire de la Vème République, le FN, avec 9,65% des exprimés envoie, 35 députés au Palais Bourbon! Le PS et le PC perdent la majorité au profit de l'union RPR - UDF. Jacques Chirac est nommé Premier Ministre le 20 mars 1986.

Commence ainsi la première cohabitation. René Rémond écrit: "Premier acquis de cette toute nouvelle expérience: l'élection d'une majorité contraire n'entraîne pas le départ du Président et ne l'accule pas à la démission. (...) Deuxième constatation: la majorité doit admettre que le Président ait son mot à dire sur le choix des ministres; il semble en effet que François Mitterrand ait exercé un droit de récusation sur certains noms proposés. (...) Toujours est-il que le texte de la Constitution est formellement respecté: les ministres sont nommés par le Président sur proposition du Premier Ministre." (3) Cette cohabitation apporte également la preuve de la souplesse d'une Constitution que l'on disait rigide et sans nuances.

Cette cohabitation sera marquée par une cascade de privatisations qui rencontreront un grand succès parmi les français, donnant ainsi l'illusion que l'argent peut se gagner facilement et sans efforts. Le gouvernement de l'époque -mais aussi bien d'autres qui lui succéderont- n'a pas su, ou pas voulu, dire à ces nouveaux actionnaires qu'investir dans une entreprise était un placement sur le long terme. Pour ne pas l'avoir su ou pour l'avoir volontairement ignoré, beaucoup y laisseront et leurs illusions et leurs épargnes.

Le gouvernement Chirac fait voter une loi qui rétablit le scrutin uninominal à deux tours.
Le président Mitterrand laisse le gouvernement Chirac gouverner. Sans pour autant lui laisser la bride sur le cou. A plusieurs reprises, il refusera de signer les ordonnances, avec pour conséquence  d'obliger le gouvernement à passer par le Parlement, ce qui allonge la mise en oeuvre des réformes. De même, il soutient la contestation étudiante ou les grèves, affaiblissant ainsi l'autorité du gouvernement, plombée par des résultats économiques décevants.

Sur le plan international, il surprend quelque peu: ainsi, dans la crise dite des "euro missiles"*, il soutient avec force les Etats Unis et l'Allemagne dans leur intention, pour contrer les missiles SS20 pointés vers l'Europe occidentale, d'installer des missiles sur le territoire allemand, pointés vers l'URSS. En octobre 1983, il déclare dans un discours prononcé à Bruxelles: "les pacifistes sont à l'ouest et les missiles à l'est." Lors d'une visite en URSS, en 1984, il affiche son soutien sans faille au prix Nobel de la Paix 1975 et dissident soviétique Andreï Sakharov.* Mais en 1985, il refuse l'initiative de défense stratégique proposée par Ronald Reagan.

Au niveau européen, il accentue le rôle de moteur du couple franco allemand. Chacun se souvient de cette image forte du président français et du chancelier allemand, main dans la main à Verdun en septembre 1984*. En février 1986, il contribue à mettre en oeuvre l'Acte unique européen qui revoit en profondeur le fonctionnement de la CEE et qui ouvre la voie à de futurs traités, tel celui de Maastrich.

François Mitterrand est élu pour un second mandat le 8 mai 1988 avec plus de 54% des exprimés face à Jacques Chirac. Au premier tour, Jean Marie Le Pen réunit 14,38% des exprimés, ce qui confirme la présence du parti d'extrême droite dans le champ politique français.

F. Mitterrand nomme Michel Rocard au poste de Premier Ministre. Il dissout l'Assemblée Nationale.  Le PS obtient 275 sièges contre 263 pour la droite et le centre. 25 députés communistes (11,32%) soutiendront la politique gouvernementale sans excès d'enthousiasme. Le FN avec 9,66% n'a obtenu qu'un seul siège.

Dès son arrivée à la tête du gouvernement, Michel Rocard règle le problème de la Nouvelle Calédonie en paraphant avec les acteurs calédoniens les accords de Matignon.* Il les fait ratifier par référendum: 80% de oui, mais 63% d'abstentions!!!
Il met en place le RMI ou Revenu Minimum d'Insertion, voté à la quasi unanimité par les parlementaires, et la politique du "ni-ni": ni privatisation ni nationalisation. Mais la politique de rigueur, à la fois pour la défense du franc et pour combattre l'inflation, entraîne une multitude de conflits sociaux et une montée du chômage qui atteint 2 700 00 personne en juillet 1991.

La fin de l'année 1989 marque la fin du mur de Berlin et de la RDA. Dans la foulée, l'URSS laisse la place à la Russie. C'est la fin des régimes communistes des pays de l'est. Le président Mitterrand se montre pour le moins réservé face à ces évolutions. Surtout par rapport à la réunification allemande et au putsch de Moscou en aout 1991 contre Mikhaïl Gorbatchev*. Concernant la réunification allemande, il ne voulait surtout pas que soit remise en cause les frontières entre la Pologne et l'Allemagne, fixées par la ligne "Odeir-Neisse.* Mais après quelques semaines de négociations avec le chancelier Kohl, il écrira à ce dernier le 3 octobre 1990, le jour de la réunification: "dites à vos proches, dites à tous les allemands la solidarité de la France." (4)

En janvier 1991, la France participe avec la coalition internationale à l'intervention contre l'Irak de Saddam Hussein qui a envahi l'état voisin du Koweit. Jean Pierre Chevènement, ministre de la Défense, démissionne. Après la victoire de la coalition,le Président Mitterrand retrouve une certaine popularité. C'est en tout cas ce que prétendent les sondages.

L'entente entre le Président et son Premier Ministre n'a jamais été des plus cordiales. Ce dernier est remercié le 15 mai 1991.
Il est aussitôt remplacé par Edith Cresson* qui sera la première femme chef de gouvernement depuis les débuts de la République. Forte personnalité, elle est peu sensible aux compromis. René Rémond écrit: "La manière d'Edith Cresson contrastait avec la méthode Rocard. Celle-ci privilégiait la concertation et contournait les obstacles: Edith Cresson passe en force et bouscule les résistances." (5) 

La ratification du traité de Maastricht* est soumise à référendum le 20 septembre 1992. Le "oui" l'emporte d'une courte tête avec 51,04% des exprimés et une participation de près de 70%.
Victime à la fois de la conjoncture économique et sociale, du machisme des élus et des médias et du peu de soutien du Président et de certain de ses ministres, Edith Cresson démissionne. Elle sera restée à Matignon moins d'une année.

Pierre Bérégovoy,* ajusteur fraiseur à GDF, militant socialiste, puis ministre de la République, est nommé Premier Ministre le 2 avril 1992.  La situation économique ne s'est pas améliorée, loin s'en faut: il y a plus de 3 millions de chômeurs; le PIB atteint péniblement 1,2%. Les "affaires" affaiblissent le gouvernement: le sang contaminé, délits d'initiés (affaire Péchiney Triangle), prêt au Premier Ministre, affaire URBA.
Dans ces conditions, les élections législatives de mars 1993 redonnent la majorité à la droite, entrainant une seconde cohabitation. La défaite est sévère pour le PS et ses alliès qui perdent 214 sièges. Edouard Balladur succède à Pierre Bérégovoy, lequel se suicide le 1er mai 1993.

Commence alors une seconde cohabitation, nettement moins tendue que celle de 1986. La situation économique et sociale reste délicate. E. Baladur relance les privatisations et réussit à réduire le déficit budgétaire. Des manifestations monstres contre la révision de la loi Falloux et le Contrat d'Insertion Professionnel mettront à mal sa politique.

En septembre 1992, le président Mitterrand est opéré d'un cancer de la prostate. Il apparait alors que cette maladie est bien antérieure à cette date puisqu'elle daterait de 1980 ou 1981, mais qu'elle a été sciemment cachée, y compris par le docteur Gubler*, médecin du président, qui a, chaque année, publié de faux bulletins de santé concernant son illustre patient.
En septembre 1994, Paris Match révèle l'existence de Mazarine Pingeot, fille adultérine de François Mitterrand née en 1974. Auparavant, l'affaire dite des "écoutes de l'Elysée*" sera révélée par le Canard Enchainé le 10 mars 1993. Ces deux affaires terniront et affaiblira durablement l'image du président.
Sa maladie gagne chaque jour du terrain. Le 20 juillet 1994, il ne peut présider le Conseil des Ministres. Il meurt à Paris des suites de son cancer le 8 janvier 1996, alors que Jacques Chirac lui a succédé sept mois plus tôt.

Pour long qu'ait été ce billet, il ne résume que très brièvement les deux mandats exercés par le premier homme de gauche à la tête de l'Etat sous la Vème République.

Nous pouvons cependant noter qu'il a fait siennes les institutions, qu'il n'en a changé ni l'esprit ni la lettre. Il a gouverné aussi bien avec sa famille politique qu'avec la droite, sans jamais rien abandonner de ses prérogatives institutionnelles. Lui qui avait dénoncé "l'exercice solitaire du pouvoir" du président de Gaulle n'a pas hésité à reproduire cette manière de gouverner.

Pendant le double septennat, la place laissée à la culture a été importante. Avec le soutien constant du président, Jack Lang* en a été et l'inspirateur et le metteur en scène.
Dans le cadre des "grands travaux"* il a favorisé l'architecture contemporaine avec des réalisations qui, si elles furent contestées, sont aujourd'hui reconnues et appréciées: la modernisation du Louvre, la pyramide de verre du Louvre, la grande Arche de la Défense, la bibliothèque nationale, l'opéra Bastille, réalisés par des architectes audacieux: Ming Peï, Nouvel, Perrault, de Portzamparc.
Le "prix unique du livre" mis en place en août 1981 a puissamment contribué au maintien des librairies indépendantes. Décrié à ses débuts, plus personne aujourd'hui ne le remet en cause. Même si internet et les ventes de livres en ligne contribuent petit à petit à la disparition de ces librairies indépendantes.

Dresser le bilan des deux septennats de François Mitterrand serait, ici, présomptueux. Même René Rémond, lorsqu'il écrit ce qui suit en 2003, ne s'y aventure pas: " S'achève aussi la plus longue des présidences. François Mitterrand a réalisé ce qui était peut-être une de ses ambitions cachées: durer plus longtemps que le fondateur de la Vème République. (...) Ne serait-ce que par cette durée exceptionnelle, il est assuré d'avoir inscrit son nom dans l'histoire, quelque jugement que porte sur son action et sa personne la postérité. (...) Cette double présidence ne laisse ni la France ni l'Europe ni le monde tels que François Mitterrand les ont trouvé en 1981. (...) Le monde s'est transformé plus encore et le bouleversement du système international au cours de son second septennat ne fut pas la moindre des difficultés rencontrées. (...) Mais l'histoire retiendra la part qui lui revint, indirectement, dans l'affaiblissement du monde communiste par sa détermination en face du bluff soviétique. Son discours au Bundestag, sa formule sur les missiles qui sont à l'est tandis que les pacifistes sont à l'ouest, resteront longtemps dans les mémoires. (...) Il a fait reculer le communisme en France et en Europe. (...) L'oeuvre intérieure du double septennat est singulièrement contrastée.(...) Faut-il inscrire à son actif la réconciliation de la gauche avec l'entreprise et l'acquisition par elle à l'épreuve du pouvoir d'une culture de gouvernement? (...) L'autre grand changement auquel il a prit une part déterminante et qui s'est poursuivie sous son impulsion est l'intégration de la France dans l'ensemble qui se construit en Europe occidentale et centrale. En quatorze ans, elle a fait des progrès considérables dont l'opinion n'a pas toujours pris la juste mesure, et sans que ne soit pour autant affaibli le sentiment de l'identité nationale." (6)

(1) in "une jeunesse française, de Pierre Péan, éditions Fayard, page 38.
(2) in "histoire politique de la V ème République", de Arnaud Teyssier, éditions Perrin, collection "tempus", page 360.
(3) in "le siècle dernier" de René Rémond, éditions Arthème Fayard, page 891.
(4) in le blog de François Vauvert*, le 5 novembre 2009.
(5) in "le siècle dernier", page 949
(6) in "le siècle dernier" pages 1005 et 1007.

Soixante ans..... Déja!!!!

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